Artisanat & services

Atelier Wagram, ou la restauration de l’art… de vivre

Atelier Wagram, ou la restauration de l’art… de vivre

« C’est vraiment une belle histoire. Je ne pouvais pas rêver que cela se passe mieux. Mieux, ça aurait été trop ». Dans la bouche d’Amélie Bouchard de l’Atelier Wagram à Moulins, tout n’est qu’enthousiasme et optimisme. Même les difficultés de l’entrepreneuriat ne deviennent que de légers retards. Rencontre avec une restauratrice d’art pour qui entreprendre veut vraiment dire quelque chose.


Rien ne destinait la rencontre entre l’Allier et Amélie Bouchard. À 33 ans, elle a bougé énormément, déménagé sans cesse, mais c’est dans la région Rhône-Alpes qu’elle passe la majorité de sa jeunesse. « J’ai étudié l’histoire de l’art à Grenoble, puis je suis allée à Dijon pour devenir restauratrice. Je n’avais aucune attache en Auvergne, mais j’ai trouvé un boulot près de Montluçon où je suis restée deux ans ». C’est alors que débute la belle histoire. Refusant de rester sans activité, Amélie décide de devenir entrepreneur et pour cela, suis un stage à la Chambre des Métiers. « Ils m’orientent vers cette dame qui a un atelier à Moulins, l’atelier Wagram, mais juste pour des conseils. Et là, c’est le coup de foudre. On se raconte nos vies et on s’adore. Alors, on décide de collaborer ensemble, mais pour que je ne sois pas un poids financier, je passe par l’association Co’Agir qui me permet d’être indépendant, tout en dépendant de Pôle Emploi. J’étais entrepreneur-salarié. C’est génial comme système. »

Les deux femmes vont collaborer pendant deux ans. Deux ans pendant lesquels Amélie « travaille comme une dingue », mais en plus, en profite pour passer deux CAP. Un en encadrement et un en dorure à la feuille « ornementiste ». Deux activités qu’assurait déjà l’Atelier et que la future propriétaire refuse d’abandonner le moment venu.

Après un an à son compte, quel est le bilan ? « C’est difficile à dire. Ça fait un an tout juste, le 1er avril, je n’ai pas encore le bilan. Mais si je me fie au prévisionnel, la partie encadrement est en chute. C’est vraiment lié à la baisse du pouvoir d’achat. D’ailleurs, les mois d’octobre et de novembre, juste après les impôts, sont catastrophiques. Mais en parallèle, j’ai vraiment développé la partie restauration. Comme je suis diplômée d’État, je travaille avec les musées. Ça amortit le choc ».

Aujourd’hui, malgré une concurrence difficile, dans un secteur peu connu, où « des gens qui ont fait six mois de stage se disent restaurateurs », Amélie est heureuse. D’abord, parce qu’elle pratique sa passion. « Je sais que je veux être restauratrice depuis le collège. Et puis, Moulins, j’adore, j’adhère. Et même si j’ai envie de me développer, la maison-mère sera toujours ici. Je verrai plus facilement mes employés partir, s’exporter, que moi ». Des employés, Amélie voudrait en avoir. De plus en plus. Indispensables à son développement. Mais elle travaille déjà avec Christelle Amard. « Elle est formidable. Adorable et ultra compétente. En fait, elle est restée quand j’ai repris l’atelier. Elle travaille ici depuis 25 ans et elle a 39 ans seulement. Vous pouvez compter, ça veut dire qu’elle a commencé dans cet atelier à l’âge de 14 ans ».

Donc, Amélie Bouchard n’est pas prête de s’arrêter. Son appétit de vivre et d’entreprendre ne se tarit pas. Même si « on est toujours tordu en deux, à respirer des dissolvants. Je me vois comme un mélange entre un médecin et une femme de ménage », et dans un ultime éclat de rire de nous avouer, « des restaurateurs à la retraite, il n’y en a pas beaucoup, ils meurent trop jeunes pour ça ». Et si même cela la fait rire, alors rien ne peut arrêter Amélie.

 



Un article de Simon Antony

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