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Le renouveau du thermalisme à Châtel-Guyon et en Auvergne

Le renouveau du thermalisme à Châtel-Guyon et en Auvergne
Danielle Faure-Imbert

Face à l’explosion des dépenses de santé, il apparaît de plus en plus indispensable de passer d’une médecine curative à une médecine préventive. Or, le thermalisme qui s’avère être particulièrement efficace pour combattre les maladies chroniques, trouve aujourd’hui de nouveaux champs d’indications. Il s’affirme donc non seulement comme une thérapeutique ancienne mais aussi d’aujourd’hui et de demain. Le Journal de l’éco a rencontré Danielle Faure-Imbert, présidente de Thermauvergne et de la Société d’Économie Mixte (SEM) des Thermes de Châtel-Guyon. Entretien.


Le Journal de l’éco : Pourriez-vous vous présenter ?

Danielle Faure-Imbert : Je suis docteur en médecine et j’ai passé les 20 premières années de ma carrière comme médecin thermal à Châtel-Guyon. J’ai aussi eu un cabinet médical à Lyon durant quelques années et j’ai ensuite dirigé une ONG humanitaire à Paris. Une fois à la retraite, je suis revenue m’installer dans ma ville de naissance, Châtel-Guyon, où je me suis investie en politique en me présentant aux côtés du maire actuel, Frédéric Bonnichon, dont je suis le premier adjoint en charge du thermalisme, du tourisme et de la vie économique. C’est ainsi que je suis devenue PDG de la société d’économie mixte des thermes de Châtel-Guyon.

Le Journal de l’éco : Quelle est l’histoire des thermes de cette ville ?

Danielle Faure-Imbert : Le premier établissement date du milieu du 19e siècle. Il a été rénové dans le courant du 20e siècle et est toujours en activité aujourd’hui. C’est l’établissement Henry. L’autre, les « Grands Thermes » a ouvert en 1904 et aura fonctionné durant une centaine d’année.

Le Journal de l’éco : Quelles sont les affections qui sont soignées à Châtel-Guyon ?

Danielle Faure-Imbert : L’indication première et fondamentale est l’intestin. Ce sont des maladies qui sont traitées depuis le début de l’histoire des thermes de Châtel-Guyon. Plus récemment, nous avons obtenu, en 2008, l’agrément pour le suivi des cures en rhumatologie, ce qui a sans doute contribué à sauver la station.

Le Journal de l’éco :Parce que la fréquentation baissait ?

Danielle Faure-Imbert : A la meilleure époque, dans les années 60, autour de 22 000 curistes étaient accueillis à Châtel-Guyon. Ensuite est intervenu un ralentissement général du thermalisme, surtout à partir des années 80. A cette époque une certaine révolution thérapeutique a fait que nous pensions pouvoir tout soigner avec les médicaments chimiques, même les maladies chroniques. A Châtel-Guyon, la fréquentation a même baissé plus vite qu’ailleurs car la part la plus importante de la clientèle était constituée de gens en provenance des colonies ou des ex-colonies. Ils étaient atteints de colites et de colopathies amibiennes. Or, un médicament chimique a été trouvé pour traiter l’amibiase.

La stratégie de santé inévitable pour les années à venir, c’est la prévention

Le Journal de l’éco : Est-ce qu’il y a aujourd’hui une inversion ? Un renouveau du thermalisme ?

Danielle Faure-Imbert : C’est absolument certain. Entre 2009 et la saison qui vient de s’achever, nous sommes passés de 3 300 curistes à 5 200 par an. Depuis 4 ans, la fréquentation nationale remonte également. C’est vraiment le tournant du 21e siècle. Cela correspond à une tendance, à un phénomène qui est probablement la conséquence des problèmes qu’il y a eu avec les médicaments chimiques. Plus ils sont efficaces et plus ils ont des effets secondaires. Et nous nous sommes aperçus que nous ne pouvions pas tout soigner avec les médicaments, en particulier les maladies chroniques. Du coup, les médecines naturelles ont attiré beaucoup plus de patients. Les assurances maladies n’arrivent plus à faire face aux dépenses de santé. La stratégie de santé inévitable pour les années à venir, c’est la prévention. Et le thermalisme s’inscrit totalement dans cette stratégie. C’est une thérapeutique ancienne mais aussi d’aujourd’hui et de demain.

Le Journal de l’éco : Quels sont les enjeux pour faire face à ce renouveau du thermalisme, notamment à Châtel-Guyon ?

Danielle Faure-Imbert : Nous allons apprendre les règles de la prévention et nous orienter de plus en plus vers un élargissement des indications en faisant des soins de suivi post-cancer, de traitement des séquelles du cancer, aussi bien en dermatologie qu’en inflammation intestinale. Nous travaillons sur de nouvelles pistes d’utilisation de l’eau. Le but est de préserver la santé des patients, d’être en meilleure santé si on ne l’était pas et de ne pas aggraver des maladies si on en a déjà. C’est tout un monde qui est en parallèle et qui vient en complément des activités traditionnelles de la station thermale.

Le Journal de l’éco : Le but des stations thermales est donc de se positionner comme des acteurs de la médecine préventive ?

Danielle Faure-Imbert : Oui. Nous utilisons d’ailleurs la dénomination de « Villes de pleine santé ». Cela va être le label des stations thermales pour les années à venir.

Le Journal de l’éco : Quel est le nombre de salariés de la SEM ?

Danielle Faure-Imbert : Les thermes emploient entre 50 et 60 équivalents temps plein sur l’année. Il y a des périodes de pointe et des périodes où il y a moins de curistes. Durant la période la plus importante, nous avons jusqu’à 100 salariés dans les thermes.

Le Journal de l’éco : Quels sont les projets de la municipalité concernant les thermes ?

Danielle Faure-Imbert : Nous avons lancé un appel à projet pour un nouvel établissement. Il sera différent des établissements qui existent car il permettra de donner les soins traditionnels mais il sera formaté pour accueillir toutes les nouvelles indications. C’est un établissement « nouveau thermalisme ». Le financement de cet établissement représente entre 10 et 15 millions d’euros et il comprendra un hébergement intégré. C’est un nouveau modèle économique qui répond à une demande forte des curistes. Ainsi, ce nouvel établissement pourra fonctionner toute l’année et nous espérons pouvoir très vite atteindre le nombre de 10 000 curistes par an. Ce projet sera complémentaire de l’hébergement privé qui existe déjà en ville et il contribuera surement à le dynamiser.

Le Journal de l’éco : Que pouvez-vous nous dire en tant que présidente de Thermauvergne qui réunit toutes les stations thermales de la région ?

Danielle Faure-Imbert : Nous avons créé un cluster, InnovaTherm, qui réunit tous les établissements thermaux et nous travaillons avec les laboratoires de l’université de Clermont-Ferrand pour trouver des pistes nouvelles de traitement. Tout ce qui nous réunit dans ce cluster, labellisé cluster d’excellence par le Conseil Régional, est l’eau thermale. C’est le deuxième cluster thermal qui existe en France après la région Aquitaine et il a des projets extrêmement innovants. Nul doute qu’il va servir de modèle à d’autres régions thermales.

 



Publi-rédactionnel

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