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L’Auvergne à la pointe de l’innovation managériale

L’Auvergne à la pointe de l’innovation managériale

Les entreprises avaient rendez-vous le 7 juin à Epicentre Factory à Clermont-Ferrand pour la première édition du « Living Orgs Day » : une journée pour impulser les changements organisationnels et s’adapter au contexte économique comme à l’exigence de respect des salariés. Conférences de qualité, ateliers, échanges… Une première journée riche et fructueuse, comme préambule à un rendez-vous annuel.


Lorsqu’en 1893, le Suédois Nansen a conçu un bateau lui permettant de dériver dans les glaces, depuis le détroit de Béring, pour tenter d’atteindre le pôle Nord, « c’était un projet complètement fou », nous apprend le chercheur en Sciences de Gestion Pascal Lièvre. De même, piloter une entreprise, dans le contexte « évolutif, incertain et risqué » de notre monde actuel, apparaît aussi comme une aventure hasardeuse et passionnante, une sorte de navigation dans l’inconnu où il faut être capable aussi bien d’anticiper, de s’adapter, d’explorer et d’exploiter les ressources du moment.

A écouter les différents orateurs, comme les participants, du premier « Living Orgs Day » (ou « Journée des organisations vivantes »), le 7 juin à Clermont-Ferrand, l’entreprise aujourd’hui doit s’éloigner des rivages connus de la productivité ou de la recherche de qualité, de l’organisation pyramidale où le manager décide et où l’opérateur exécute sans se poser trop de questions. Le changement est à l’œuvre. « On n’a pas le choix, c’est un mouvement irréversible », souligne encore Pascal Lièvre, qui observe les entreprises depuis quinze ans d’aussi près qu’il analyse les expéditions polaires.

« Les yeux qui brillent »

La bonne nouvelle, c’est que cette contrainte de changement, selon tous les témoignages, est aussi source de plaisir retrouvé dans le travail, de retour du sens, d’écoute, de partage, de rêve et en un mot, d’humanité. Stanislas Desjonquères, dirigeant de l’entreprise Biose à Aurillac qui a opté pour le modèle de l’entreprise libérée depuis trois ans, insiste sur la nécessaire authenticité d’une telle démarche. Béatrice Le Conte, animatrice de la responsabilisation chez Michelin, parle avec émotion des « yeux qui brillent ».

Le sujet du jour portait sur le changement dans l’organisation des entreprises : tous modèles confondus, il s’agissait de comprendre comment les mutations conduisent à une responsabilisation des employés, à des démarches de collaboration, à l’invention de nouvelles relations dans l’entreprise, au partage de l’information et de la prise de décision et de montrer en quoi elles sont bénéfiques aussi bien pour les salariés que pour les entreprises et leurs dirigeants.

Expériences inspirantes

Une soixantaine de participants sont venus à Epicentre Factory pour écouter sept orateurs rapporter leur expérience. Après une introduction où Gilles Flichy, animateur de réseaux d’entrepreneurs, a donné le ton en invitant chacun à dépasser ses peurs et à faire preuve d’audace, Stanislas Desjonquères a insisté sur le rôle du dirigeant comme moteur du changement. Brigitte Le Conte a expliqué comment Michelin construit par étapes une démarche de responsabilisation dans ce groupe de 110 000 salariés, où « cela prend du temps », mais où chacun a la possibilité de « faire sa part ». Son collègue Benoît Chéhère s’est fait le porte-parole des équipes volontaires pour mener cette expérience et a raconté les processus qu’elles ont inventés pour mieux se comprendre et s’organiser collectivement.

Deux cadres de l’entreprise de matériel de puériculture Babymoov, Flore Petit et Christelle Defarge, ont raconté la démarche collaborative qui a permis à la marque clermontoise de devenir réellement innovante. Enfin Pascal Lièvre a fait prendre à tous du recul en expliquant, par le prisme des expéditions polaires, ce qui se joue dans le management de l’exploration. Ces orateurs de grande qualité se sont montrés à la fois enthousiastes, concrets, inspirants et ont donné à eux tous l’image d’une Auvergne à la pointe de l’innovation managériale.

Questions concrètes

La journée ne s’arrêtait pas à ces conférences. Les organisateurs, souhaitant que l’événement déclenche l’impulsion du changement, proposaient une série d’ateliers collectifs où les participants ont pu mettre en résonance leurs interrogations en proposant eux-mêmes les sujets de débat. Quinze ateliers ont ainsi réfléchi à des questions aussi concrètes que : « Est-ce que tout le monde veut être responsable ? » ; « Que deviennent les managers dans une organisation en mouvement ? » ; « Comment concilier transmission d’expérience et innovation ? » ; « Faut-il qu’il y ait crise pour qu’il y ait changement ? »

Des participants de toutes sortes et de tous horizons – dirigeants, animateurs de réseaux, entrepreneurs, cadres et employés de grandes ou petites entreprises, représentants d’associations – ont, dans une ambiance à la fois dynamique et conviviale en accord avec le thème de la journée, interrogé leurs propres pratiques, présentes ou futures, pour amorcer ou poursuivre leur engagement.

Le rendez-vous sera désormais annuel. D’ores et déjà, la date du 14 juin 2017 est retenue pour continuer à construire le monde de demain.

Plus d’infos : www.livingorgs.fr

Texte : Marie-Pierre Demarty



Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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