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Le manager, le salarié et le jardinier

Le manager, le salarié et le jardinier

Le manager comme le jardinier aspirent tous deux à produire le meilleur pour la plus grande satisfaction de leur client en tirant le meilleur parti de leur environnement naturel et des ressources dont ils disposent.


Mais si l’un se prend parfois à rêver d’un monde idéal où l’imprévu et la non conformité aurait miraculeusement disparu de son quotidien ; l’autre au contraire, soumis directement aux dures lois de la nature, accepte avec intelligence et humilité de se plier aux lois de la nature et du temps en s’y adaptant avec agilité et frugalité jour après jour.

Si le jardinier se soumet d’emblée aux exigences de son environnement naturel, il conserve cependant pleinement son libre arbitre quand il s’agit d’organiser et réaliser son travail au quotidien. De son côté, si le salarié ne dépend plus au niveau de la réalisation de son travail de son environnement immédiat, il perd en revanche toute latitude et donc toute liberté au niveau de l’organisation de son travail qui est soumis aux exigences implacables des règles et des rythmes imposés par son outil de travail et sa hiérarchie. Il en résulte un désenchantement de son rapport au travail qui entraine une démotivation et un retrait de l’acteur qui le prive de tout plaisir et de toute satisfaction. Cette situation devient vite source de stress, d’anxiété et de dépression.

Le jardinier, apparemment peu envié par le salarié, possède un trésor invisible aux yeux du salarié peu exposé aux éléments extérieurs ; il s’agit de sa liberté d’organiser et d’exécuter son œuvre selon ses propres choix et de concourir à une production pleine de sens à la fois utile et esthétique. La reconnaissance de son client est souvent au rendez-vous car le jardin est au cœur de l’intimité la plus précieuse de ce dernier. Il est même souvent le dernier refuge du salarié comme remède à son propre désenchantement au travail.

Le corps de l’Homme est une machine alternative qui intègre l’action et la contemplation à l’image du cœur qui se repose entre deux battements consécutifs et de la respiration qui alterne inspiration et expiration. Il n’y a rien dans la nature qui ne ressemble à la plus grande invention technique de l’Homme, la roue, dont l’action est continue et qui a inspiré la création et l’organisation des process de travail au sein de nos usines modernes industrielles et administratives. C’est sans doute ce qui explique le « Stress » et le « Mal être au travail » qui se traduisent par l’ennui, la lassitude et l’apathie de ceux qui sont contraints de s’adapter au rythme uniforme imposé par leur travail. Ce rythme imposé devient inéluctablement inhumain parce qu’il a supprimé l’une des composantes essentielles de la vie à savoir la contemplation qui exige que le repos physique et psychologique précède et suive l’action au cœur même du travail.

Le jardinier, dans sa grande sagesse, a su se garder de ce travers et de cette folie des temps modernes. Il sait, en se pliant au rythme de la nature, respecter humblement, et pour son plus grand profit, la nécessité d’inscrire au cœur même de l’organisation de son travail cette alternance de contemplation et d’action. C’est pourquoi il est capable de travailler beaucoup plus et mieux que le salarié.

D’où la nécessité de se préoccuper, comme le jardinier, du bien-être et du beau afin de libérer le plaisir, l’agilité, l’innovation et la créativité des hommes et des femmes au travail pour leur plus grand bonheur et le plus grand profit de leur entreprise.

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