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Le paradoxe du chômage et des talents

Le paradoxe du chômage et des talents

Une observation attentive et en profondeur de la situation de l’emploi nous incite à suspendre la course à la recherche effrénée de solutions miracles toujours plus inefficaces et à prendre un peu de recul pour revenir à ce qui fait sens.


Ce qui nous saute aux yeux de prime abord c’est le caractère paradoxal de la situation : le nombre de demandeurs d’emploi tout comme le nombre d’offres d’emploi non satisfaites ne cessent de s’accroitre sans jamais se rencontrer comme si l’un et l’autre évoluaient sur deux courbes parallèles situées dans des mondes séparés étrangers l’un à l’autre. Par ailleurs, si nous sommes un tant soit peu observateurs et perspicaces, nous constatons rapidement que le monde de l’enseignement reste très souvent opaque, voir hermétique, à celui de l’entreprise et réciproquement.
L’un forme des jeunes guidés par une idéologie parfois dogmatique et décalée issue d’un siècle des lumières déclinant qui se joue de la réalité, l’autre, obsédé par la recherche frénétique de la compétitivité à tout prix et par l’urgence du court terme, veut intégrer des jeunes « clefs en main » déjà performants avant d’avoir démarrés dans l’entreprise.

Une esquisse de solution semble d’emblée s’imposer, à la fois inspirée par le désir de faire « réussir le jeune » et par le souci de coller au réel d’une économie exigeante et changeante, l’apprentissage que nos voisins allemands ont su si bien mettre en valeur.

N’est-t-il pas temps de revenir à un humanisme plus dionysiaque et à une sagesse plus prospective et réaliste en permettant à chaque jeune « d’aller vers soi » et de découvrir sa propre vocation professionnelle sans dénigrer les voies des intelligences émotionnelles, instinctives et manuelles qui font des merveilles dans toutes les formations en alternance. C’est, en effet, de cette voie étroite trop souvent dénigrée par la raison dominante qui règne dans nos facultés obsédées par la seule intelligence, abstraite, rationnelle et conceptualisante que nous pouvons espérer un réveil de l’esprit entrepreneurial tant attendu. Lui seul en effet détient le pouvoir de créer de la valeur et donc de nouveaux emplois et de provoquer un retournement de la courbe du chômage. Il nous faut humblement tout mettre en œuvre afin de créer des ponts et des liens entre ces univers schizoïdes que sont celui de l’école et celui de l’entreprise afin d’ouvrir une brèche dans le mur qui les sépare. C’est ainsi que nous permettrons à la vie de reprendre ses droits et que nous retrouverons l’harmonie entre les innombrables talents de nos jeunes et les non moins nombreux besoins de nos entreprises.

J’invite tous les acteurs de « l’orientation », dans une démarche réellement ontologique, à redonner à ce mot toute sa substance et à tout mettre en œuvre pour permettre au jeune d’aller vers son orient c’est-à-dire « d’aller vers lui » à la découverte de son talent puis de s’en remettre à l’intelligence inouïe que la vie nous offre quand on la respecte. Inch Allah !

J’invite également les chefs d’entreprises quels que soient leur parcours, leur réussite et leurs échecs si formateurs, à se transformer en « griots africains » ou en « conteurs » pour se rendre dans les écoles et les universités afin de raconter aux jeunes et à leurs enseignants leur belles histoires sous la forme consacrée du story telling. Ils pourront ainsi rallumer dans leurs yeux la flamme de la passion et du désir qui n’aurait jamais dû s’éteindre et susciter des vocations entrepreneuriales ou intrapreuneuriales à la hauteur des enjeux auxquels nous confronte ce « paradoxe du chômage et des talents ».

C’est à ce prix que nous pourrons réconcilier l’école et l’entreprise et créer ainsi durablement plus de bonheur individuel et de richesse collective.

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