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Les espaces de discussion selon le réseau Anact-Aract

Les espaces de discussion selon le réseau Anact-Aract

Pour la 12ème « Semaine pour la Qualité de Vie au Travail en Auvergne », l’ARACT Auvergne a porté au débat le thème des « espaces de discussion » afin que tous les acteurs du monde du travail, employeurs, salariés, consultants , médecins du travail, institutionnels, puissent partager leur réflexion, débattre et pour la diffusion des bonnes pratiques.


Le dialogue social, levier d’innovations
Si la nécessité de discuter des conditions de travail pour y apporter des améliorations n’est plus à prouver, tant il semble évident que c’est dans le dialogue que les solutions peuvent émerger,  » Lʼévolution des entreprises, des organisations, de notre modèle productif, de la nature même du travail, du dialogue social et des pratiques managériales, imposent lʼémergence de solutions nouvelles pour favoriser la performance des entreprises et la qualité de vie au travail des salariés. » C’est l’enjeu des rencontres organisées à l’occasion de la « Semaine pour la qualité de vie au travail » 2015 avec ce triple questionnement : pourquoi et comment mettre en place des espaces de discussion ? Quels sont les freins à leur mise en oeuvre ? Quel rôle pour le manager de proximité ?
Un état des lieux des pratiques en france
Du 23 mars au 1er avril 2015 lʼinstitut Harris Interactive a réalisé pour le réseau Anact-Aract, une enquête auprès de 1 000 salariés sur cette thématique des espaces de discussion au travail. Cette enquête présentée par Henri Javion, Président de lʼAract Auvergne, révèle que les attentes sont fortes ( 94 % des répondants estiment que la mise en place de tels espaces est une bonne chose) mais que les obstacles au dialogue dans l’entreprise sont multiples : 68 % des répondants indiquent pouvoir parler facilement de leur travail au sein de leur entreprise ou administration contre 31 % faisant état de difficultés. Parmi ceux qui estiment cette discussion possible, seuls 18 % disent pouvoir parler « très facilement ». Ces échanges sʼopèrent essentiellement avec les collègues proches (93%), et avec les managers directs (73%) et de manière informelle, peu institutionnalisée. Seuls sont formalisés les entretiens avec le manager, du type entretien annuel dʼévaluation (75 %), les réunions dʼéquipe régulières (61 %) ou avec des représentants du personnels (48 %). Le dialogue apparaît plus compliqué avec la direction de lʼentreprise – 44 % lʼestiment possible – ainsi quʼavec les services transversaux : 52 % des salariés affirment pouvoir parler avec le ou les responsable(s) de ressources humaines, 47 % avec le ou les responsable(s) de communication.
Les sujets débattus concernent le plus souvent le quotidien : ambiance de travail (67 %), environnement de travail et moyens mis à disposition des salariés (67 %) ou encore difficultés rencontrées dans le travail au quotidien (65 %), plus rarement l’organisation du travail.  Pour une grande majorité, partager sur des sujets plus stratégiques ne fait pas partie des attentes.
Mettre en place des espaces de discussion
Pour 47% des personnes interrogées parler de son travail est positif. Cependant seuls 23% font état de lʼexistence dʼespaces de discussion au sein de leur entreprise. Pour les salariés, les objectifs majeurs vers lesquels doivent tendre les espaces de discussion sont lʼidentification de problèmes quotidiens (93 %), lʼamélioration de lʼorganisation du travail (92 %) et une meilleure répartition de la charge de travail (86 %). Une large majorité ( 93%), estime qu’il est essentiel que le dialogue débouche sur des améliorations concrètes de la qualité de vie au travail (93 %) et quʼil doit sʼouvrir à tous (90 %).
Quand on leur demande dʼébaucher ce que serait lʼespace de discussion optimal, 42 % des salariés interrogés ne se prononcent pas. Toutefois des pistes de réflexion sont ouvertes : nécessité dʼadopter une attitude constructive, orientée vers la résolution partagée des problèmes, limitation des espaces en termes de nombre de participants, de sujets de discussion évoqués, et en termes de durée.
Les propositions de l’ANACT
La nécessite de mettre en place des espaces de discussion au sein des entreprises est clairement définie par l’Accord National Interprofessionnel « Vers une politique dʼamélioration de la qualité de vie au travail et de lʼégalité professionnelle », conclu le 19 juin 2013 par les partenaires sociaux. Selon les termes de lʼaccord, « ces espaces de discussion sʼorganiseront sous la forme de groupes de travail entre salariés dʼune entité homogène de production ou de réalisation dʼun service. Ils peuvent sʼorganiser en présence dʼun référent métier ou dʼun facilitateur chargé dʼanimer le groupe et dʼen restituer lʼexpression et comportent un temps en présence de leur hiérarchie. ». L’Anact précise sa vision de ces  » espaces collectifs qui permettent une discussion centrée sur lʼexpérience de travail et ses enjeux, les règles de métier, le sens de lʼactivité, les ressources, les contraintes. Cette discussion se déroule suivant des règles coconstruites avec les parties prenantes et s’inscrit dans lʼorganisation du travail. » L’objectif est de   » produire des propositions dʼamélioration, des décisions concrètes sur la façon de travailler. »
La méthode Anact
Basée sur les retours dʼexpérience de projets pilotes menés en entreprise, la méthodologie préconise par l’Anact pour instaurer des espaces de discussion structurés distingue 4 temps-clés. La première phase concerne l’analyse du contexte et la définition des objectifs : régulation collective ; concertation sociale ; résolution de problèmes ; développement professionnel. Une deuxième phase permet de dresser un état des lieux des dispositifs de communication ou de discussion existant dans lʼentreprise. L’étape suivante est une phase d’ingénierie pour l’élaboration d’un cahier des charges (périmètre de la discussion, thèmes de discussion, acteurs, temporalité, inscription et articulation avec les instances de dialogue social et lʼorganisation de lʼentreprise, etc.). La quatrième étape est une phase test qui va permettre d’évaluer le dispositif et y apporter les corrections nécessaires et favoriser un apprentissage collectif.

 

En savoir plus :
LʼAnact, Agence nationale pour lʼamélioration des conditions de travail, est un établissement public administratif sous tutelle du ministère du Travail, de lʼEmploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue social. Son conseil dʼadministration est tripartite : représentants des organisations syndicales de salariés, des employeurs et lʼÉtat. Elle a pour mission de contribuer au développement dʼinnovations en entreprise visant à améliorer à la fois les conditions de travail des salariés et lʼefficience des entreprises et des organisations.
A lire : « Travail & Changement » n° 358 : « Discuter du travail pour mieux le transformer »



Un article de Chantal Moulin

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