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Mathieu-Robert Jourda : Moi, Président de la République, je lancerai une définition plus assertorique de la Laïcité

Mathieu-Robert Jourda : Moi, Président de la République, je lancerai une définition plus assertorique de la Laïcité

Une chronique de libre opinion de Mathieu-Robert Jourda : La laïcité, nous la pratiquons en France depuis un siècle et nous sommes, sur ce plan, un modèle pour la planète. Tenez, par exemple, la devise du Royaume-Uni, c’est quoi ? « Dieu et mon droit » (et en français dans le texte !). Laïques les Britishs ? Et outre-Rhin, savez-vous quelle est la première ligne de leur Constitution dite « Loi Fondamentale » ? Je vous la livre : « Conscient de sa responsabilité devant Dieu et devant les hommes, (…) le peuple allemand … ». Dieu que c’est difficile d’être laïque !


Français, sommes-nous pour autant des vrais laïques ? Pas sûr, parce que si le principe est clairement annoncé à l’Article 2 de notre constitution, son application dans des situations concrètes comme le port du voile (hijab) par des français musulmans provoque des attitudes diverses et du malaise. Le malaise est plus précisément une gêne : nous, Français de souche ou descendants d’immigrés totalement assimilés, nous éprouvons spontanément un embarras psychologique à la vue de ce morceau de vêtement qui évoque à la fois ces Arabes qui nous ont causé autant d’ennuis et cette religion qui a voulu dès le 6e siècle remplacer de force le christianisme qui avait satisfait notre morale collective depuis Clovis. L’embarras est que d’un côté ce symbole nous déplaît et de l’autre notre laïcité unanime nous impose le respect de toutes les croyances spirituelles. Pour comprendre cette contradiction, il faut faire appel à la Raison découverte au siècle des Lumières.

Reconnaissons-le, le hijab, même sous forme de simple foulard sur les cheveux, nous le ressentons comme une provocation. Ces femmes nous envoient un message implicite mais flagrant : elles nous demandent de respecter une différence, comme si celle-ci n’était qu’une originalité parmi les autres et sans signification symbolique, alors que nous y voyons un défi. Car après tout, souvenons-nous, quand la mode des filles était naguère de montrer son nombril, ça a fait sourire les adultes, et quand les filles ont compris que ce comportement n’avait pas un but de plaisir personnel mais de provocation envers les adultes, elles ont abandonné cette tenue. Les musulmanes – qui sont à 99 % d’origine arabe – veulent nous faire accepter comme un vêtement « à la mode » un voile qui est un habillement permanent et donc qui n’est rien d’autre qu’un signe d’appartenance à une communauté religieuse, ce que la doctrine de la laïcité interdit.

Moi Président je proclamerai une redéfinition de la laïcité car, telle que nous la pratiquons, elle n’est pas un respect mutuel des croyants et des non-croyants, elle n’a pas été instaurée d’un commun accord entre ces deux parties, elle a été promulguée par des non-croyants et est, de leur part, une invitation expresse aux croyants de ne pas exhiber les signes de leur croyance. Or des deux côtés, il s’agit bien d’une croyance : conviction que Dieu existe, d’un côté, et conviction que Dieu n’existe pas, de l’autre côté. Car, dit la Raison, nous n’avons aucune preuve, ni de l’une ni de l’autre thèse.

Il faut donc instaurer un double respect : que les croyants n’exhibent pas leur conviction et les non-croyants n’exhibent pas la leur, car les non-croyants pourraient très bien se donner également un signe de ralliement sous forme de breloque, de badge et même de vêtement symbolique, affirmant eux aussi qu’il ne s’agit que d’une originalité vestimentaire.

Bien sûr, comme il est question de symboles, nous sommes dans le champ de la subjectivité, donc il faudra réaliser un consensus sur les ressentis provoqués de part et d’autre. En ce qui concerne le voile (islamique), il faudra que les musulmanes reconnaissent que ce vêtement n’a rien d’une originalité mais qu’il est strictement un signe d’appartenance à une caste idéologique. Il faudra sans doute leur expliquer que le but du voile est de cacher la chevelure et que le Prophète, faisant suite à une croyance antique pré-religieuse, a estimé que la chevelure féminine est un déclencheur automatique de désir sexuel, lequel met en péril la virginité ou l’intégrité physique de la femme, noble intention de sa part. Et s’il faut les rassurer encore sur ce plan, les non-croyants associés aux croyants chrétiens leur démontreront facilement que, dans notre société évoluée, cette précaution est totalement inutile. Il faudra peut-être insister en soulignant que toutes les femmes ont envie et besoin d’être séduisantes et que le but de la séduction est de susciter de nombreuses candidatures à une relation amoureuse intellectuelle et physique de façon à pouvoir choisir le préférable. Mais là je dépasse mon rôle de Président, et je laisserai l’Education Nationale (la bien-nommée) déterminer les moyens pour diffuser cette part de culture.

Mais moi Président j’insiste encore. La laïcité pratiquée actuellement laisse entendre que la non-croyance est une supériorité et par conséquent l’attitude face aux croyants devient de la condescendance, donc il ne faut pas s’étonner qu’en réaction les croyants veuillent valoriser leur conviction. La laïcité bien pensée doit se référer à notre principe républicain numéro un, l’Egalité, donc proclamer l’égalité de valeur de la croyance et de la non-croyance, en conséquence de quoi la même humilité doit régner dans les deux camps : on s’abstient de tout signe qui manifesterait une supériorité de valeur humaine du théisme par rapport à l’athéisme et réciproquement.

Pour conclure, je rappellerai que ce que nous Français avons en commun, donc ce qui nous unit affectivement, c’est finalement une croyance mais une croyance unanime: c’est beau la vie, la vie sur cette terre de France, la vie sur toute la planète.

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