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Mathieu-Robert Jourda : moi Président de la République, je ne diminuerai pas le nombre de fonctionnaires

Mathieu-Robert Jourda : moi Président de la République, je ne diminuerai pas le nombre de fonctionnaires

François Fillon veut en supprimer 500 000, progressivement bien sûr, mais ce chiffre représente environ 10 % de l’effectif global (5,4 millions de personnes). Le salaire moyen étant de 2300 € (soit trois fois moins qu’une épouse attachée parlementaire d’un député, poste déclaré, celui-ci, indispensable) l’économie budgétaire réalisée serait de 1,5 milliard d’euros. Sachant que le déficit du budget de la France est de 69 milliards, nous aurons, avec cette mesure, réduit ce trou de 2 %, alors une première question : est-ce que ça vaut la peine de supprimer 500 000 emplois pour un si mince bénéfice ?


Admettons que ce soit un sacrifice parmi d’autres qui sont indispensables pour résorber notre dette publique. Alors regardons dans l’ensemble de la fonction publique concrètement quels emplois peuvent être supprimés. On distingue trois grandes catégories : la Fonction Publique d’Etat (FPE) la Fonction Publique Territoriale (FPT) et la Fonction Publique Hospitalière (FPH). Immédiatement on voit que la dernière, la FPH est intouchable, elle aurait plutôt besoin d’embaucher que de licencier, il suffit d’entrer dans un hôpital pour s’en rendre compte. Donc voilà 1,1 millions de salariés hors de notre opération d’abattage.

Cherchons alors des non-indispensables chez les fonctionnaires des services étatiques qui comptent pour 50 % de l’effectif total. Le plus gros vivier est l’Education Nationale (un peu plus d’un million de personnes) : pas un seul poste supprimable, il faudrait plutôt en ajouter, par exemple pour dédoubler les classes dans les zones culturellement défavorisées. Autre secteur peuplé, la Défense : halte-là, pas question d’enlever un seul soldat sur nos 300 000. Quant aux fonctionnaires liés au ministère de l’Intérieur, qui oserait déclarer excédentaires en personnel la Justice, les Préfectures, la Police, la Sécurité et la Gendarmerie ?

Reste la Fonction Publique Territoriale qui compte 1,8 millions d’agents : le gros de l’effectif constitué d’employés techniques ne peut guère être robotisé, les secteur Police Municipale et Pompiers ne sont pas excédentaires, mais les Collectivités Territoriales ont vu leurs effectifs croître de 25 % depuis 10 ans et on peut soupçonner les dirigeants élus de s’entourer de plus d’employés de bureau que nécessaire. Hélas l’effectif de ce secteur n’est que de 167 000 personnes et en licencier une sur cinq ne supprimera que 35 000 salaires. On est donc loin de pouvoir déceler 500 000 postes inutiles. Il faudra donc demander aux secteurs compressibles une augmentation de productivité d’au moins 20 points pour faire le même travail : il n’y a guère que le numérique comme solution mais on peut douter que l’économie réalisée atteigne 1,5 milliard.

Ceci étant dit, supposons que la décision de suppression de 500 000 emplois de  fonctionnaire (ou de 120 000 si on veut limiter les risques) soit prise et exécutée, est-ce que la conséquence objective n’est pas d’augmenter d’autant le nombre des chômeurs ? Alors l’économie réalisée ne va-t-elle pas être dévorée par les indemnités de chômage supplémentaires qui devront être budgétées ?

En fin de compte, cette razzia sur les fonctionnaires n’est qu’un argument pour se faire élire, un argument sous-tendu par le sentiment hélas très répandu chez nos compatriotes non-fonctionnaires selon lequel ce travail est une sinécure (du latin sine cura, pas d’souci). Or l’absentéisme est d’un niveau élevé dans ce milieu et il est un signe de dégoût et/ou d’épuisement, alors ne pratiquons pas la fustigation et au contraire remercions ces gens d’accepter ces tâches rébarbatives que sont remplir des formulaires ou forcer les citoyens à bien se conduire.

Redresser notre économie, ce ne sont pas les politiciens qui savent comment s’y prendre, ce sont les économistes experts. Je les consulte, ils m’ont déjà donné des avis éclairés, j’en dirai  davantage plus tard. Comme homme politique, je dis le besoin essentiel de mes concitoyens : le travail pour tous et non pas le revenu pour tous. J’y reviendrai.

 

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