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Mathieu-Robert Jourda : Nous élirons, en mai 2017, Président de la République, le leader de « Podemos » à la française.

Mathieu-Robert Jourda : Nous élirons, en mai 2017, Président de la République, le leader de « Podemos » à la française.

Une chronique de libre opinion de Mathieu-Robert Jourda : Tel est mon pronostic et je vous en explique les raisons.


La première, je l’ai déjà exprimée ici,  sans en préciser la causalité électorale implicite : le Politique a perdu le contrôle de l’Economique. Puisqu’il s’agit d’une élection, énonçons cette affirmation de façon personnalisée : les hommes politiques qui présentent leur candidature, toutes appartenances partisanes confondues, sont incapables de redresser l’économie nationale parce qu’ils n’ont aucune maîtrise intellectuelle de ses mécanismes fondamentaux. Or le méfait essentiel de l’économie de marché mondialisée que nous sommes tous contraints d’accepter est l’insupportable pourcentage d’exclus du travail rémunérateur, soit que leurs salaires soient insuffisants pour vivre décemment, soit qu’ils soient durablement sans emploi. On peut chiffrer en France les premiers à 20 % de la population, pour les seconds la statistique officielle annonce 10 %. Ces taux ne sont pas supportables émotionnellement.

Les programmes de tous les prétendants à la responsabilité suprême contiennent une grande variété de mesures concrètes qui n’ont, dans le discours, aucune validité scientifique. Aucun candidat ne se réfère à un économiste contemporain réputé et n’annonce quel ministre compétent dirigera l’économie. Tous se contentent de proclamer qu’ils détiennent la solution et d’énoncer quelques mesures qui n’ont de mérite que de n’avoir pas été proposées par l’ancien Président, outre celui de les distinguer de leurs concurrents. Les électeurs sont donc invités d’abord à faire confiance au personnage et accessoirement à juger digne de préférence le contenu de son programme.

On aurait pu imaginer, voire souhaiter qu’un économiste distingué soit désigné pour le prochain gouvernement, ou plus modestement comme parrain intellectuel du programme. Mais cette solution ne vient à l’esprit d’aucun homme politique et aucun économiste ne se propose à cette fin, et pour cause. Le Président actuel avait fait preuve d’une grande audace en nommant à ce poste Emmanuel Macron – 37 ans -, suggérant que c’était un innovateur génial. En fait ce haut diplômé n’était remarquable que parce qu’il avait un DEA de Philo (glissons sur son échec au concours de Normale Sup et son aptitude certifiée à jouer du piano) sortait de Sciences Po et de l’ENA et surtout avait été banquier négociateur. Ministre, il n’a pas fait de miracle et il a soigneusement préservé la suite de sa carrière en démissionnant de son poste pourtant prestigieux. Nous le verrons peut-être parmi les candidats à la Présidence. En effet son aura politique bénéficie du fait qu’il n’est pas un enfant de ce milieu : il n’a aucun mandat électoral et à part Neuilly on ne voit guère d’endroit il puisse être jugé désirable. Son seul atout est justement de faire partie de ces nouveaux venus qui traitant l’Economie « par-dessus la jambe » laissent entendre qu’on peut la maîtriser et la rendre féconde en cessant de raisonner avec le vocabulaire droite-gauche.

Ce comportement soi-disant libéré est celui de nombreux acteurs politiques dans presque tous les pays développés. J’ai cité « Podemos » à cause de son nom emblématique : il signifie « nous pouvons ». Obama l’avait dit le premier avec « Yes we can » mais il voulait dire que le parti démocrate pouvait et non pas lui personnellement. Le plus dérangeant et comme tel désirable a été Alexis Tsipras, élu premier ministre à 41 ans avec un programme auquel on pourrait donner le titre de « Y a pas d’problème ». Matteo Renzi est du même acabit : élu Président du Conseil à 39 ans, sur un programme de coalition centriste. François Bayrou avait tenté la même manœuvre électorale, se prétendant carrément ni droite ni gauche. Il est indéniable que ni la théorie de la droite ni celle de la gauche n’ont la maîtrise de l’Economie contemporaine concrète, mais le problème du comment faire pour traiter les méfaits reste entier.

Nous aurons donc prochainement une bonne douzaine de candidats qui nous diront «  moi je pense que nous pouvons ». Aucun d’eux ne fera la démonstration que le programme de mesures des concurrents est fait de solutions inopérantes, chacun se contentera de dire que le sien est le meilleur.

Je prends des paris : le taux de chômage et la précarité seront à peu près les mêmes en 2022 parce que mettre l’Economie au service du bonheur matériel de tous est un chantier gigantesque que la Politique toute seule n’a pas les moyens d’entreprendre. C’est bien décourageant mais j’irai quand même voter. Pour le moins pire des candidats, toute appartenance politique oubliée.

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