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Etre de véritables corps intermédiaires

Etre de véritables corps intermédiaires

Jean-Philippe Paillon, président de la CPME 63 présentait ses voeux hier aux adhérents de son organisation patronale. Une occasion, devant 300 invités de revenir sur le bilan de l’année écoulée à travers ses conséquences sur l’économie et l’emploi. Le rôle des entreprises comme corps intermédiaires a longuement été abordé dans son discours. En amont de la soirée, il s’est confié à notre rédaction.


Jean-Philippe Paillon, quel bilan dressez-vous de l’année 2019, au regard de votre fonction et de ce qui interpelle la CPME ?
2019 a été une année compliquée. Le conflit des gilets jaunes a profondément perturbé une bonne partie de l’année écoulée. La brutalité et l’ampleur de ce mouvement ont partagé notre pays entre consternation et questionnement. La CPME a joué le jeu en organisant elle aussi ce fameux débat citoyen qui devait apporter des réponses « depuis la base » dixit le gouvernement, afin de voir naître des solutions et une sortie de crise satisfaisante.

Pourquoi et comment en est-on arrivé à ce stade selon vous ? Est-ce le signe de l’absence de réaction ou de prévention des pouvoirs publics devant ces réalités qui au final, pénalisent les chefs d’entreprises. Partagez-vous cette analyse ?

Depuis 40 ans notre pays est addict à la dépense publique. Comme le dit très justement notre président François ASSELIN c’est la culture du « toujours plus pour moi » alors que notre pays est sur une pente du « toujours moins pour tous ». Ainsi une partie du pays s’est coupé du principe de réalité.

La réalité, nous chefs d’entreprise, nous la connaissons. Nous savons ce que cela entraîne : Baisse de la compétitivité, incitation au non-travail, assistanat de toutes sortes et au final un pays qui s’appauvrit, qui perd de sa superbe ; de sa souveraineté ! Comment, trouver normal dans notre cas, d’indemniser plus de 3 millions de demandeurs d’emploi alors que nos entreprises ont toutes les peines du monde à recruter ?

Mais n’est-il pas naturel, de penser à celles et ceux qui souffrent. Souvent leur avenir dépend aussi de la solidarité qui émane de l’entreprise ?
Bien sûr qu’il doit exister un système de solidarité. Mais celle-ci ne doit pas assécher toute envie d’entreprendre. Si les efforts nécessaires ne sont portés que par ceux qui ont la capacité à prendre des risques, bientôt plus personne n’en prendra. Il est impératif que le gouvernement qui est à la tête d’un pays dont le niveau de la dette vient de passer le cap des 100% du PIB annuel prenne ses responsabilités.

Alors que fait-on et que propose votre syndicat ?
La première chose à faire est bien évidemment de réduire d’urgence la dépense publique et le poids du service public.

Les entreprises ne peuvent plus être la variable d’ajustement qui permet de boucler une réforme ou de financer une mesure d’apaisement social ! De la même façon, nous avons besoin de stabilité fiscale.

Comment peut-on faire pour présenter un business plan à une banque sur 7 ans dans ce contexte ? Quelles dépenses d’énergie toute l’année pour tenter d’être à jour par rapport à une fiscalité et un cadre normatif en perpétuel mouvement.
Que de matière grise… gaspillée, qui pourrait être mise au service du développement de notre activité.

Jean-Philippe Paillon, vous représentez un syndicat patronal, ici en terre auvergnate. Un syndicat qui veut défendre les intérêts de ses adhérents et de l’entreprise en général. Que peut donc faire ou imaginer la CPME dans le contexte dont vous parliez ?
Aujourd’hui pour avancer dans un contexte mondialisé qui évolue à la vitesse de la fibre nous devons nous adapter, dominer en utilisant les moyens technologiques et digitaux qui s’offrent à nous. Mais il faut avant tout s’engager afin de pouvoir faire entendre notre voix dans les organismes paritaires et les institutions représentatives. Ce sont les adhérents de la CPME qui par leur engagement comme mandataires peuvent créer et développer le dialogue avec les organismes institutionnels de notre écosystème.

Prenons le temps de comprendre comment cela se traduit sur le terrain… Quels exemples pouvez-vous nous en donner ?
En 2019 mis en place sur la CPME63 un mode de communication dédié entre nous et les services de l’URSSAF.
L’objectif de ce partenariat est d’ouvrir le dialogue entre les adhérents et ce service qui peut facilement paraître opaque ou compliqué à joindre. La CPME c’est le catalyseur, le véhicule, dans lequel il faut monter pour pouvoir être acteur dans ce combat pour la survie de nos entreprises patrimoniales !
Dans ce lieu où la notion d’engagement a toute sa place, on peut rajouter la notion de combat et de cohésion. Il nous faut être unis, et agir en rang serré derrière notre président François ASSELIN, afin que la voix de la CPME soit entendue partout où cela est nécessaire pour nos entreprises. Nous ne pouvons pas accepter les arrangements d’alcôves ou les petites largesses distribuées par une classe dirigeante toute puissante régnant sur ses sujets.

L’État ne peut-être le seul détenteur du bien commun et donner le sentiment que les décisions viennent uniquement d’en haut. Le gouvernement n’a pas d’autre solution que de passer par les corps intermédiaires s’il veut faire avancer le pays autrement qu’à coup de dépenses publiques. Et les corps intermédiaires, ce sont bien les entreprises !

Ce sont elles qui permettent de nouer le dialogue, d’entendre le point de vue de chacun afin de bâtir ensemble au profit de tous. C’est pour cela que je demande à tous nos membres d’être les ambassadeurs de la CPME. Notre syndicat est un laboratoire d’idées permanent qui a pour but au final de se faire entendre et qui sait revendiquer. Ce sont nos valeurs et notre représentativité, qui nous permettront de peser d’une façon encore plus légitime dans le débat public.



Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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