Auvergne

Benoît Membré, nouveau directeur du quartier numérique de Clermont-Ferrand

Benoît Membré, nouveau directeur du quartier numérique de Clermont-Ferrand

L’ambitieux projet de Quartier numérique s’apprête à voir le jour à Clermont-Ferrand. Le Journal de l’éco est allé à la rencontre de son Directeur, Benoît Membré, qui vient de prendre ses fonctions à la Pardieu. Portrait d’un homme de challenges.


    Un self made man venu du Nord

Benoît Membré est un chtimi né à Béthune, longtemps immigré à Nantes (13 ans) puis en Picardie (20 ans), avant de venir à la rencontre des Auvergnats qui dit-il, l’ont séduit par leur dynamisme et leur sens de l’innovation. Son parcours professionnel est atypique : c’est en adolescent rebelle qu’il quitte le lycée à 16 ans pour se frotter à l’école de la vie avant de retourner sur les bancs de l’université. Parce qu’il faut bien confronter la pratique à la théorie, conceptualiser pour avancer, sortir de l’empirisme pour professionnaliser sa méthodologie, il enchaîne 2 Masters dans son parcours.
Il commence donc au bas de l’échelle par des petits boulots puis comme réceptionniste dans un hôtel, à Nantes. Là commence l’aventure d’un self made man accompli qui fait de la mobilité professionnelle un moteur de réussite. Il devient ensuite technicien dans une entreprise de vente de machines d’imprimerie en se formant dans l’atelier puis technicien itinérant. Il s’oriente ensuite vers le métier de démonstrateur, qui lui révèle un véritable don pour la relation commerciale et, à l’occasion de la création d’une agence, devient vendeur. A 24 ans il obtient la place, pour la marque, de premier vendeur de France , un an plus tard, de meilleur vendeur mondial. Passionné de Hi Fi, il part de son entreprise pour devenir commercial et finit directeur commercial lorsqu’il s’agit de sauver cette enseigne au bord du dépôt de bilan :  » Je me suis entouré de personnes aux compétences juridiques, comptables, financières et ensemble nous avons remonté l’entreprise de manière spectaculaire. » conclut-il, avant de se lancer dans la création d’entreprise en tant que consultant, s’appuyant sur un concept qu’il a lui même développé et dont il a fait une franchise.

Du privé au public

Rares sont les personnes qui font ce chemin mais, on l’aura compris, Benoît Membré ne fait rien comme tout le monde et  les parcours linéaires l’indiffèrent ; en 2008,  il vend ses parts pour se mettre au service… du secteur public. C’est au sein du cabinet de Pierre André, sénateur de Saint-Quentin, qu’il se lance dans le développement économique territorial avec pour challenge de trouver une filière alternative à l’effondrement du tissu industriel du secteur textile. Avec ses partenaires et collaborateurs il se lance dans une étude et une consultation de grands experts du monde économique qui l’amènera à proposer un positionnement  sur un marché dont tous les indicateurs montraient qu’il allait exploser : le robonumérique. Pour cela, il a rencontré les plus grands noms de la robotique jusqu’en Corée et au Japon et proposé aux acteurs économiques de créer un écosystème intégrant toute la filière de formation : formations en entreprise, lycée, université et même, dès la primaire, en proposant des classes d’éveil à la robotique. Aujourd’hui, Saint-Quentin est une référence incontournable dans le domaine du robonumérique.

Sa méthode : fédérer, faire réseau

Ce qui l’a séduit dans le partenariat public/privé, c’est l’addition des compétences et des différents angles d’approche du développement, chacun agissant là où il est le plus pertinent : «  Ce qui m’a plu dans le projet de Saint Quentin, c’est qu’il fallait fédérer tout le monde, les institutionnels, les entreprises, les administrations. J’ai compris la puissance des réseaux et des échanges entre territoires, y compris et surtout avec l’étranger. Il y a beaucoup à faire pour aller à la recherche de compétences et de valeur ajoutée. Homme de réseaux, cela me motive. »

Telle est son ambition pour le quartier numérique : faire venir à Clermont-Ferrand les meilleurs professionnels, fédérer, animer avec des Master class, des colloques, consolider des partenariats, travailler en collaboration avec la French tech : « Ce qui m’a séduit dans ce projet c’est cette particularité : je n’ai jamais vu un partenariat public privé aussi avancé qu’ici. »
Des partenariats qui, avec sa double culture ( il est titulaire de 2 Master obtenus à Sciences Po Rennes), lui permettront d’ancrer solidement le quartier numérique dans son écosystème et de nouer des partenariats à l’international.

Un accompagnement de haute qualité

Dédié à l’entrepreneuriat, à la création et à l’innovation autour du numérique, le quartier numérique est structuré autour d’un espace collaboratif ouvert au public disposant de services communs et d’un lieu d’incubation et d’accélération de projets.
La modeste équipe autour de Benoît Membré est actuellement composée de 3 collaborateurs dont un accompagnant spécifique starts-ups et un animateur. Leur mission, accompagner par les compétences les porteurs de projet : aller chercher des compétences chez leurs partenaires, mettre en relation avec les financeurs favoriser les échanges entre les start-ups, les PME et les grands groupes, proposer aux entreprises jeunes ou installées, un accompagnement de haute qualité tant en coaching individuel qu’en formation collective ou en matière d’expertise.
Les entreprises accueillies et suivies seront de 3 types : des entreprises sélectionnées via des appels à projets qui seront portés par la structure, des start-ups avec un côté innovation fort, issues de l’écosystème clermontois, toute autre entreprise auvergnate qui aurait besoin de compétences : « beaucoup d’entreprises ont des projets dormants dans le numérique dont on pourrait accélérer le développement. »
Une trentaine d’entreprises pourraient ainsi être hébergées et accompagnées au sein du pôle entrepreneurial, notamment sur l’aspect marketing et commercial sachant que c’est un sujet sur lequel « on n’est pas très fort en France ».
A l’origine du projet et pour « coacher  » ces entreprises, la Région Auvergne, chef de file du développement économique, Clermont Communauté, les grands groupes privés (1) ainsi que les acteurs de la filière digitale, de la formation et de la recherche ont répondu présent.

Avec autant de bonnes fées penchées sur le berceau, la naissance du quartier numérique est une promesse d’un engagement pour l’avenir.

 

(1) Ces grands groupes sont Michelin, Centre-France La Montagne, ENGIE (ex-GDF Suez), la Caisse des Dépôts, EDF, Orange, Limagrain, le Crédit Agricole Centre France et la Caisse d’Epargne et de Prévoyance d’Auvergne.

 

 



Un article de Chantal Moulin

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