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Bernard Perrin, trésorier de la CCI Puy-de-Dôme : «La CCI n’a plus les moyens ! »

Bernard Perrin, trésorier de la CCI Puy-de-Dôme : «La CCI n’a plus les moyens ! »

Si l’idée de tout faire pour conserver une grande école de commerce à Clermont-Ferrand a fait l’unanimité lors de la dernière assemblée générale de la CCI de la mandature en cours, l’abandon du projet FBS (France Business School) aura pesé sur ces derniers débats autant que sur les finances de la compagnie consulaire depuis 5 ans.


20 millions d’euros assumées par les CCI auvergnates pour un montant total de pertes de près de 45 millions d’euros cumulées pour les 4 campus (Escem, ESC Amiens, Clermont, Brest), tel est le bilan de l’aventure ‘France Business School’ pour les finances des CCI.

Même si les candidats à la nouvelle mandature de la CCI du Puy de Dôme ont affiché leur soutien à l’Ecole et à sa stratégie et même si un soutien financier de 1,2 millions d’euros a été voté au bénéfice du Groupe ESC Clermont (Pour couvrir les charges exceptionnelles liées à la liquidation de FBS (ndlr)) pour Bernard Perrin, trésorier de la CCI du Puy-de-Dôme, face à de tels niveaux de financements et en l’absence de moyens disponibles dans les CCI, « on ne peux plus se permettre l’économie d’un vrai débat public. »

« Depuis le début de la mandature, nous avons mis 11 millions dans France Business School et plus de 4 millions pour le redémarrage de l’ESC après l’abandon de la marque FBS. Un financement qui était censé couvrir le déficit des trois premiers exercices. A ce chiffre, il faut rajouter 4,85 millions de subventions habituelles, soit un total de presque 20 millions d’euros.
Maintenant, ce sont 1,2 million d’euros supplémentaires qui sont réclamés pour éviter une cessation des paiements de l’association. L’exercice 2016 de l’école va se solder par une perte de 2,5 millions et il est budgété entre 3 et 4 millions pour les deux années à venir. »
(Le plan de relance de l’ESC Clermont prévoyant un retour à l’équilibre pour 2018 (ndlr))

Pour Bernard Perrin « Ces difficultés ne sont pas une surprise car des prévisions établies en début d’année faisaient déjà apparaître cette échéance. Seulement, qu’a t’on fait pour anticiper ces difficultés ? Bien peu, à ma connaissance. Autrement dit on s’est contenté du principe de « la CCI paiera ».

L’inquiétude de Bernard Perrin ne se limite pas aux aspects financiers et se double d’un constat pessimiste sur l’évolution du marché des écoles de commerce.

« A mes yeux, la mécanique est cassée et le modèle économique ne fonctionne plus. Bien entendu on est passé de 288 nouveaux élèves à 453 et on espère 560 en 2017. Cela traduit l’engagement de tous, et des collaborateurs en particulier, pour relancer l’école clermontoise. Seulement ce ne sera pas suffisant car j’ai de sérieux doutes  sur l’avenir des ESC dans leur modèle actuel. On peut notamment consulter le classement SIGEM qui fait référence  et de lourdes tendances se dessinent. Ainsi, cette année sur le concours PGE 8 écoles sur 26 n’ont pas fait le plein, le nombre de candidats diminue, la concurrence des universités entre à plein et on va assister à une concentration rapide des écoles et seule une quinzaine résisteront. »

« La seule réponse à apporter aux difficultés présentes et futures de notre école n’est pas de venir tous les six mois taper à la caisse de la CCI. C’est le modèle même de notre école qu’il faut revoir très vite et en profondeur. Si d’autres solutions ne sont pas très rapidement étudiées et mises en place, on ne fait que reculer l’échéance de quelques mois.
D’autres l’ont bien fait, ainsi l’ESC BREST qui a subi le même cataclysme que nous, a mis en place une solution externe avec un investisseur étranger qui s’apprête à engager 7 millions d’euros entre 2016 et 2020 (Le groupe Chinois : Weidong Cloud Education, ndlr). Par exemple, le développement d’un axe réunissant Clermont-Ferrand, Lyon et Grenoble me semble ainsi constituer une piste d’avenir intéressant. »

Pour Bernard Perrin, le cri d’alarme lancé lors de l’assemblée générale du 17 octobre  se veut salutaire pour qu’émerge une prise de conscience et une recherche de solutions pérennes qui ne prennent plus en compte uniquement la trésorerie de la CCI.

« La CCI n’a plus les moyens, on a beau le répéter personne ne veut l’entendre. Nous avons perdu en trois ans un tiers de nos ressources. L’année prochaine la nouvelle mandature va démarrer avec encore environ 1 million d’euros de ressources en moins. Nos Présidents ont fait le nécessaire pour sauvegarder le maximum de la ressource fiscale avant la disparition de la CCI AUVERGNE et par là, les emplois et les services apportés par la Chambre. Toutefois, la CCI fera, c’est certain, un déficit en 2016 et en 2017. »

Alors que l’assemblée de la CCI Puy-de-Dôme à voté l’aide demandée pour l’ESC Clermont, le trésorier de la CCI Puy-de-Dôme se veut très clair sur le sens de sa prise de parole à l’occasion de l’assemblée générale :

« A quelques jours de l’échéance de notre mandat, je pensais que ce n’était pas à nous de décider d’attribuer une nouvelle subvention. Ce serait faire de biens mauvaises manières aux collègues qui vont nous succéder que de « charger leur musette » avec une dette de 1,2 million qui va vite passer à 5 millions.
Je suis trésorier de la Chambre depuis 10 ans, j’ai été solidaire de chaque décision concernant l’avenir de notre grande école, et ce malgré quelques décisions précédentes qui m’ont amené à parfois grincer des dents. Je ne voulais pas cautionner une nouvelles décision de subventions à cette période de la mandature.

La subvention a été votée, c’est maintenant un fait. Seulement, maintenant en pleine connaissance des faits et des chiffres, personne ne pourra plus s’exonérer d’un vrai débat».



Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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