Auvergne

Ce que nous vivons…

Ce que nous vivons…

La logique processuelle d’un système repose sur cinq axes : son intentionnalité (son projet), son historicité (ses patrimoines), sa territorialité (les ressources accessibles dans son milieu), son organicité (ses organisations, modèles et normes en conformation avec son milieu) et son activité (ses productions et évolutions en adéquation avec son milieu).


Cette logique interne en cinq points est en permanence confrontée avec l’évolution du milieu qui alimente son accomplissement. Lorsque l’écart se creuse entre un de ces axes et le milieu, des actions correctrices sont nécessaires et c’est la mission des instances de régulation de les mettre en œuvre.

Mais lorsque l’on constate une divergence croissante et stable entre tous les cinq axes du processus et l’évolution de son milieu, la vie même du processus est en danger et sa logique interne n’est plus adéquate. Cette situation où la survie même du processus est en jeu, s’appelle un point de bifurcation et elle appelle de redéfinir complètement les cinq axes directeurs de son fonctionnement.

Une mutation paradigmatique

C’est exactement cette situation-là que le système socioéconomique humain vit à notre époque. La logique antérieure est usée, obsolète, devenue inadéquate face aux évolutions du milieu naturel et culturel que est celui de l’humanité. Elle doit être redéfinie de fond en comble. Cela s’appelle une mutation paradigmatique. C’est cela que nous vivons aujourd’hui, avec une conséquence connue, classique mais bien embêtante : les instances de régulation actuellement aux pouvoirs, sont des émergences de l’ancienne logique, taillées sur mesure pour elle, convaincues qu’elle doivent assurer la continuité d’une logique qui est désormais moribonde. La logique propre de ces instance régulatrices, détentrices des pouvoirs, est de refuser de voir la bifurcation, de rejeter la mutation paradigmatique, de pratiquer l’acharnement thérapeutique somptuaires sur des modèles dépassés et de s’hypertrophier au détriment létal du corps social qu’elles sont censées réguler. Elles deviennent, dans ce corps vivant, des tumeurs cancéreuses malignes qui de développent en y puisant toutes les énergies vitales à son profit.

C’est exactement cela que nous vivons avec toutes les institutions économiques, politiques et académiques : pour survivre et perpétuer leurs fonds de commerce, elles pompent toute l’énergie vitale et financière du corps social qu’elles empêchent d’évoluer vers sa nouvelle logique où elles n’ont plus de place.

Nous vivons une telle bifurcation, une telle mutation paradigmatique et un tel blocage institutionnel. L’objet de la suite de ce premier tome est d’en détailler les diverses facettes en nous appuyant sur le modèle processuel à cinq axes.

Les-chroniques-de-marc-halevy

Marc Halévy

Marc Halévy, conférencier, expert et auteur a fait ses études à l’école polytechnique de Bruxelles avec une spécialisation en physique nucléaire. En 1973, il devient élève d’Ilya Prigogine, prix Nobel 1977, grâce auquel il commence sa contribution au développement théorique de la physique des systèmes et processus complexes, discipline qu’il applique plus spécifiquement aux univers de la prospective, de l’économie et du management.
En parallèle, il mena des études de MBA et en philosophie et histoire des religions.
Après 1982, il a, par ailleurs, exercé la profession de manager de crise lors de nombreuses missions s’étalant sur plus de dix ans. Jusqu’en 1993, il a passé la majeure partie de sa vie aux USA.
Il est l’auteur de plus de cinquante ouvrages de prospective, spiritualité et philosophie.

Voir plus de chroniques de Marc Halevy

helevy-banniere1



Une rubrique de libre opinionde Marc Halévy

Si vous avez aimé cet article,
partagez le !