Auvergne

Clermont-Ferrand lance son premier « Startup Weekend »

Clermont-Ferrand lance son premier « Startup Weekend »

Clermont-Ferrand était l’une des rares grandes villes de France à ne pas avoir son « Startup Weekend ». Oubli corrigé désormais avec la première édition organisée à l’épicentre factory par une équipe de 4 bénévoles, militants de l’entrepreneuriat.


Un concept qui a fait ses preuves

Startup Weekend est une compétition de création d’entreprises organisée dans de nombreuses villes, partout dans le monde, selon des modalités à la fois conviviales et appliquées. Le Startup Weekend s’adresse à toute personne intéressée par l’entrepreneuriat. L’objectif est de mettre en relation des particuliers ayant besoin de rencontrer certaines compétences pour faire mûrir leur idée. Ils peuvent s’y croiser et croiser leurs idées. Justine Lhoste, l’une des organisatrices, définit leur rôle : « Créer un environnement propice à la créativité. Pour le reste, ce sont les participants qui créent l’événement ».
S’ils ne se connaissaient pas au départ, les participants ont eu quelques heures pour découvrir les idées des autres et former des équipes avant de se lancer, en parfaits inconnus, dans l’aventure de la création d’une entreprise. La diversité des profils au sein des équipes est primordiale, aussi chaque équipe doit comporter au moins un Designer pour les créatifs, un développeur, un chargé du Business plan.

Déroulement

On connaissait le tour du monde en 80 jours, Startup Wekeend consiste à créer son entreprise en un week-end, 54h !
Tout commence le vendredi soir. Les compétiteurs sont accueillis individuellement. Chacun est invité à « pitcher » (1) son idée en 60 secondes. Les participants sont ensuite appelés à voter pour les meilleures idées, 8 sont retenues autour desquelles les équipes vont se former. Elles ont ensuite 54h pour concevoir un projet d’entreprise, mais elles ne sont pas seules : l’organisation a prévu tout au long du week-end des accompagnants, des mentors, entrepreneurs et professionnels clermontois, avec lesquels elles peuvent discuter. Des mini-conférences sont prévues, au cours desquelles les participants apprennent  les meilleures pratiques de création d’entreprise. Le principe est de mettre à l’épreuve ces conseils, de façon concrète, au sein des équipes, le tout dans une ambiance « fun et conviviale« .
Ce n’est que le dimanche en fin d’après midi que la véritable confrontation avec la réalité a lieu, avec la présentation de leur projet devant un jury de professionnels et de sponsors.
À la clé, plusieurs récompenses qui permettront aux équipes lauréates de poursuivre leur projet, et pour certains de créer leur entreprise.

Convivialité et ambiance festive

Dès le départ le ton est donné : « Ton cerveau est en éruption ? Relève le défi du Startup Weekend ! Viens booster ton esprit entrepreneurial . Pas de panique ! Pas besoin d’être un super-héros du code ou des affaires pour participer. Nous voulons avant tout de la bonne humeur et de l’énergie ! »
Ça c’est pour l’esprit Startup weekend. Mais une fois que l’on pénètre dans l’arène, on se retrouve face à des personnes ultra motivées qui parlent avec passion de leur projet, manient le codage en experts, construisent des budgets conséquents, analysent les perspectives de leur plan de développement, inventent les concepts de demain. Effervescence, tel est le mot pour qualifier ce bouillonnement d’idées, dans une ambiance campus bon enfant. Epicentre est resté ouvert toute la nuit du samedi au dimanche et certains ont peu dormi, sinon quelques heures, au creux des canapés profonds. Justine Lhoste a vécu ces 54 heures avec eux.  » C’est une épreuve très formatrice tout en vivant un bon week-end, intense mais aussi détendu. » Tout est aménagé pour un confort maximal : nourriture, boissons à dispositions, canapés pour les siestes improvisées et bonbons en quantité inépuisable. L’enjeu est important, ça cogite intensément : «  cela donne confiance en soi et permet de se constituer un réseau ».
Un sentiment que partage Pierre Personne, l’un des participants : «  Ce qui est important c’est de pouvoir tester son idée, de la soumettre à la critique. Si on ne gagne pas on aura quand même bénéficié d’une expérience, testé notre capacité à créer à plusieurs. »

Les projets, les gagnants

Si l’originalité et l’innovation ont parcouru les projets tout au long de ce week-end, deux idées ont été plébiscitées par le jury .
Le premier prix est allé à « Adopteuncoach » (1er prix)  proposée par Guillaume Vorilhon  qui obtient une résidence d’entreprise et 10 000 € de dotation par l’ARDTA (l’Agence Régionale de Développement des Territoires d’Auvergne). Le principe de la plateforme connectée qu’il envisage de lancer, consiste à mettre en relation des enseignants et des élèves pour un accompagnement scolaire vivant et motivant. L’hypothèse de départ de Guillaume est la suivante : 1 200 personnes souhaitent s’engager comme bénévoles et 2 300 lycéens reconnaissent avoir besoin de réponses à leurs questions. Sa plateforme se propose de devenir un catalyseur de talents : « ll y a des jeunes en ZEP qui ont des difficultés scolaires et parmi les personnes qui veulent faire du bénévolat, des coachs potentiels pour ces jeunes. » Simple mais futé ; sur cette plateforme on pourra aussi inscrire les événements se déroulant sur leurs quartiers. Son projet demandera 1 ou 2 ans de développement avant livraison. Une cinquantaine de villes en Auvergne Rhône-Alpes pourraient être concernées. Le statut est associatif et le financement fera appel à mécénat.

Creative Rabbits a remporté le 2e prix et prix du public. Ces drôles de lapins créatifs proposent un jeu pour faciliter la découverte de la programmation. Nicolas Gouy bénéficiera de journées d’accompagnement à la création d’entreprise et d’un accès à épicentre cowork pour travailler sur son projet. On pourrait lui objecter qu’il existe d’autres plateformes pour s’initier au codage mais celles-ci s’adressent un public averti. Or les enfants considèrent que la programmation fait totalement partie de leur univers et si, à la rentrée 2016, les élèves du Cours Élémentaire pourront découvrir la joie de programmer ensemble, Creative Rabbit veut l’étendre à toute la population dans un esprit ludique.

Les autres projets ont retenu l’ attention d’un public averti et poursuivront peut-être leur route, grâce aux conseils reçus et aux personnes ressource rencontrées. Tous méritent d’être cités :
Roquette de Pierre Plouzennec  qui veut mettre en relation des restaurateurs et des consommateurs pressés qui veulent prendre une pause déjeuner sur leur lieu de travail en un minimum de temps et rompre avec le traditionnel sandwich. Une appli sur leur mobile leur permettra de choisir les plats proposés ce jour et de commander en un seul clic pour une livraison à l’heure choisie.
Planeet de Noël Martignoni  une plateforme d’aide à la création d’entreprise avec des outils en ligne dont le premier proposé sera un appui à la rédaction de son plan de financement.
Viteunprof de Pierre Personne  contient l’essentiel de son idée dans son titre puisqu’il propose une solution de soutien scolaire à 3 : les parents, les professeurs, les élèves.
ShareWifi de Clément Banet. Son idée est de partager sa box – et donc les coûts de l’abonnement – en faisant bénéficier d’autres utilisateurs via un boitier sécurisé.
SuriKar de Cyril Ressi  « Nous sommes venus de Bordeaux avec Jeremy pour tester notre idée. Nous voulons mettre en relation des personnes qui ont besoin d’une intervention sur leur véhicule et des professionnels, pas uniquement des garagistes, qui peuvent effectuer ces réparation. »
FollowMyFinger de Jacques Wallut propose une application smartphone permettant aux randonneurs de suivre leur itinéraire sur une carte – là rien d’original, le produit existe déjà – mais qui puisse aussi indiquer les éléments remarquables sur le trajet et signaler si le marcheur s’éloigne de son parcours. Les points remarquables seront signalés et anotés par des membres de la communauté, connectés sur cette même application.

Un accès au Global Startup Battle
L’événement Clermontois a été organisé bénévolement par 4 jeunes auvergnats passionnés d’entrepreneuriat, pendant la Semaine Mondiale de l’Entrepreneuriat, ce qui lui permet de se positionner dans la Global Startup Battle : des dizaines de Startup Weekends avaient lieu partout dans le monde ce même weekend, et les équipes participantes pourront s’inscrire à un challenge mondial. Clermont fera ainsi partie des 7 villes françaises inscrites au Battle, aux côtés de Paris, Grenoble et Lyon notamment. «  Nous voulions mettre Clermont sur la carte des Start-Up week-ends » se flatte Justine Lhoste, qui s’est plus particulièrement occupée de l’aspect marketing et communication avec à ses côtés Caroline Gauthier, responsable web marketing à Kenzaï, Caroline Roussel, consultante chez Accenture, multinationale de consulting dans le domaine de l’informatique et gestion et Julien Verdier, consultant en business Intelligence chez Cap Gemini. Ils ont entre 25 et 28 ans, l’âge des participants en moyenne, l’âge où on peut rêver de créer son entreprise et le faire sans arrière pensée parce qu’on a la vie devant soi. L’âge d’oser aussi et de faire partager son expérience : « Julien et moi avons vu beaucoup de choses au Canada concernant le partenariat. On a participé à beaucoup d’événements aussi on a eu envie en revenant en Auvergne, en tant que fiers bougnats, de faire connaître des exemples qui marchent ailleurs et de les importer. »

Ils ont eu la tache de rechercher les financements, convaincre des partenaires, inviter des conférenciers, attirer des mentors, former un jury, rechercher des sponsors. Ils ont été très bien accueillis par les partenaires de l’événement qu’ils ont démarchés : Conseil régional, cultures trafic, Chakai club, Epicentre factory, Crédit agricole,  Michelin, accenture, Apsilon, Le connecteur, Auvergne Nouveau Monde, Valtech, Volvic, Prit Conseil et le Journal de l’éco  :  » nous avons rencontré un enthousiasme partagé, un accueil très positif et beaucoup d’intérêt «  reconnaissent les organisateurs.

Même « son de cloche » chez les partenaires séduits par la formule, la qualité des projets et le sérieux des participants. Il y aura sans doute un prochain Startup Weekend l’année prochaine à Clermont-Ferrand.

(1) un « pitch » est une présentation brève mais complète d’un projet de création.
Toutes les photos du weekend sont sur l’album Flickr réalisé par Sébastien Godot

 



Un article de Chantal Moulin

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