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Des dirigeants s’aventurent à la rencontre de leur ombre ! « Ce qu’une crise dit de moi »

Des dirigeants s’aventurent à la rencontre de leur ombre ! « Ce qu’une crise dit de moi »

Le 6 novembre dernier, les dirigeants du club APM Auvergne Nouveau Monde ont accueilli au Novotel du Brezet Dominique Baumgartner, coach de dirigeant, thérapeute et analyste junguienne qui intervenait sur le thème « Ce qu’une crise dit de moi ».


Cette exploratrice des dynamiques psychiques s’est employée à faire découvrir aux dirigeants les ressources inépuisables de leur intériorité, et surtout les dangers d’une intériorité ignorée. Les crises de vie sont la conséquence de cette désertion. En effet, la personne qui méconnaît le « dedans » et privilégie exclusivement le «  dehors » est privée de son expérience intime et donc de sa singularité. Cette « infirmité » va compromettre son autonomie psychique, elle va devenir dépendante de ce qui se passe à l’extérieur.

Ainsi externalisée car trop préoccupée par ce qui se passe au dehors, toutes les alertes qui précèdent l’avènement d’une crise de vie sont anesthésiées. En clair, la fascination du dehors altère voire occulte les informations du dedans. Le Moi, l’emporte sur le « Je », inscrivant la personne dans un rapport dominant / dominé avec l’environnement. Obsédé par la compétition, la rentabilité, la performance et les résultats, l’individu oublie qu’il est un être unique et singulier qui vit dans un corps autonome, intelligent et vivant.

Peu familiarisé avec ce qui se passe au dedans, l’individu pense sa vie au lieu de la vivre. Et il faudra une situation de vie qui déroge à son système de pensée pour qu’il réintègre brutalement une autre dimension de lui-même : là où il a été absent à lui-même.

Pour les japonais, la crise est une « heureuse opportunité ». Pourquoi ? Elle ouvre l’individu à une autre dimension en mettant en échec ses systèmes de compensation. : être parfait, se survaloriser, se déprécier, faire gentil, agresser, la confusion, éviter les conflits.

Là où l’appareil psychique n’est pas construit, le « Moi » compense, imposant des scénarios répétitifs , des habitudes, des rigidités interdisant tous ajustements créatifs à l’actualité de l’environnement car les systèmes de compensations sont de l’ailleurs et de l’autrefois qui s’invitent dans la situation ?

Guide enthousiaste, généreuse, ouverte et très éclectique, Dominique Baumgartner commence par s’assurer de leur confort psychologique en posant que l’emploi du vouvoiement et du prénom pendant la rencontre est confortable pour elle. Et pour eux qu’en est-il ? Les réponses sont spécifiques à chacun et cohérentes avec leurs habitudes relationnelles  : « pas de problème, si vous vous voulez, comme vous le voulez, j’ai l’habitude de tutoyer, en principe je vouvoie, cela m’est égal… »

Elle écoute attentivement les dirigeants et intervient à propos, avec la rapidité et l’efficacité d’un laser en leur offrant un espace personnel pour qu’ils puissent se connecter à leur « intime » et découvrir ainsi ce qui fait leur singularité. Ce faisant, elle leur offre l’occasion de passer de l’autre côté du miroir à la rencontre de leur ombre et leur permet ainsi de faire émerger d’infinis trésors et potentialités dissimulés au cœur de leur jardin le plus secret.

Un coach thérapeute, qui s’aventure dans l’inconscient des dirigeants

Au contact de leur ombre, et de leur névrose, les « moi » des participants prennent peur, se cabrent, ruent dans les brancards et réagissent, peu habitués qu’ils sont à quitter le monde de la rationalité et du mental pour aborder les rives d’un univers fait de sensations, d’intuition et d’irrationalité. Dominique Baumgartner les aide à prendre conscience de leur réflexe de fuite dans le mental guidé par des stéréotypes, des croyances et des certitudes et les invite à revenir à leur corps et à devenir plus attentif à leurs sensations en se posant la question : qu’est-ce que je ressens maintenant ? Ce qui leur permettra de se conforter sur le fait qu’ils sont bien vivants dans l’instant présent. Après avoir surmonté leurs peurs, leurs freins et leurs préjugés, ils découvrent, à leur insu en dehors de toute rationalité, que cette ombre angoissante qui les dérange et les effraye, contient de nombreuses ressources et forces dont ils peuvent prendre possession pour leur plus grand profit, celui de leurs collaborateurs et de leur entreprise.

Une invitation à être soi-même !

A l’issue de ces confrontations avec Dominique Baumgartner, les dirigeants réalisent que toutes les questions existentielles se rejoignent dans les organisations. Ils réalisent que de tous temps, nous nous sommes tous mobilisés autour d’une question : « Est-ce que j’existe? » en cherchant la réponse dans le regard de l’autre.

Ils ont pu ainsi explorer leurs dynamiques psychiques et mesurer leur impact sur leurs situations professionnelles. Ils ont pris conscience qu’être dans la « toute puissance » du dirigeant n’est pas diriger à partir de sa puissance et qu’un jour survient une crise, expression de la fragilité de leur mise en scène externe qui les fait exister et que ce qu’ils avaient ignoré ressurgit à travers des accidents, des maladies ou des dépressions. Pour s’en sortir, il leur faut se mettre à travailler leur intérieur, à ne plus faire porter par les autres ce qui leur arrive… et à ne plus porter les fardeaux des autres : chacun chez soi est la garantie d’une relation saine.

Lâcher prise et s’adapter à la réalité

Dominique Baumgartner invite les dirigeants à cesser de projeter sur leurs collaborateurs les charges émotionnelles qui leurs appartiennent et qu’ils n’assument pas; de réaliser que tant qu’ils mettront l’autre et les autres à l’origine de leur vécu, ils généreront de la dépendance là où les organisations réclament de l’autonomie. En effet, quand les acteurs de l’entreprise sont autonomes psychiquement, l’intelligence du collectif est mobilisée, la contribution de l’acteur au projet d’entreprise prend sa source dans ce qui possible pour chacun et non dans ce qu’il faudrait qu’il soit pour satisfaire un patron dont il pourrait craindre les humeurs. C est la condition sinequanone.

Qu’entend-elle par autonomie psychique ? L’aptitude à s’affranchir du regard de l’autre pour assumer sa singularité. A défaut la dépendance psychique voire affective, inhibe l’action et rend la contribution inintelligente.

Carl Gustav Jung dans la « La Genèse de l’Ombre » précise : « Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. » La condition humaine nous inscrit dans une loi brutale qui est celle de la dualité. Nous n’avons pas d’autre option que d’accepter la concomitance des contrastes à l’origine des paradoxes et de la complexité, qu’il ne s’agit pas de résoudre mais de vivre.

C’est à cette condition qu’ils pourront s’inscrire dans l’impermanence, accepter avec confiance l’imprévu et le changement et renouer avec le succès en décidant avec justesse, éthique et respect de l’autre de s’engager dans l’aventure entrepreneuriale.

Elle est un apprivoisement de l’inconnu et de la métamorphose là où la crise témoigne de la non acceptation du nouveau.

Présentation de Dominique BAUMGARTNER

Après avoir obtenu une Maîtrise de droit privé et un Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées en Communication à la Sorbonne, Dominique Baumgartner s’est formée au coaching individuel et au coaching d’équipe chez Transformance puis à l’École Parisienne de Gestalt, sanctionnée par une Certification de GESTALT- praticien, 3ème cycle en entreprise. Elle est une professionnelle du coaching, une analyste jungienne, une personne en quête de connaissances et de compréhension : sa pratique s’inspire de plusieurs courants philosophiques, psychologiques et spirituels. Elle explore les dynamiques psychiques de chacun et leur impact sur les situations professionnelles rencontrées : un coaching des profondeurs. Ainsi, elle sensibilise les dirigeants d’entreprise et rend le « vivre ensemble » intelligent.



Un article de Gilles Flichy

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