Formation, éducation

Ecole d’architecture : une semaine pour en parler

Ecole d’architecture : une semaine pour en parler

L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand vient d’emménager dans l’ancien hôpital-sanatorium Sabourin et propose de marquer l’événement du 10 au 18 octobre, par une semaine inaugurale ouverte sur la ville.


Sabourin, un lieu emblématique

A l’origine de ce projet de relogement de l’école : la sauvegarde d’un bâtiment emblématique. C’est le seul exemple en région de l’architecture remarquable d’entre les 2 guerres. L’ancien hôpital-sanatorium a été construit entre 1932 et 1934 par l’architecte Albéric Aubert, architecte des hospices de Clermont-Ferrand, et Valentin Vigneron. Désaffecté en 1997, il était promis à la destruction, sans le recours des architectes, sensibles à la valeur d’un patrimoine unique, qui ont obtenu son inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ce dont se réjouit aujourd’hui Bruno Reynes, le Président de l’ordre des architectes, : « Non seulement il est sauvé mais on a mis l’école dedans et pour cela on a travaillé main dans la main avec nos partenaires. »

Une école ouverte sur la ville et sur la culture

Le bâtiment a été entièrement transformé et adapté à ses nouvelles fonctions par le cabinet d’architectes Dubesset-Lyon. Pierre Du Besset et Dominique Lyon sont reconnus pour de nombreuses réalisations publiques, notamment la « Maison de la Villette » à Paris, le siège du journal « Le Monde », plusieurs médiathèques à Orléans, Lisieux et Troyes. Le pilotage de l’opération a été assuré par l’OPPIC (Opérateur du Patrimoine et des Projets Immobiliers de la Culture), établissement public administratif, spécialisé dans la maîtrise d’ouvrage des équipements culturels.
Un bel équipement au budget conséquent (31 M€) financé par le Ministère de la Culture et auquel les collectivités locales ont participé : Clermont Communauté, Conseil départemental, Conseil régional, à travers le Contrat de Plan Etat région notamment.

Plus fonctionnels, les nouveaux locaux permettront aux étudiants de bénéficier désormais d’un cadre privilégié ; une école que Agnès Barbier, sa Directrice veut un «  véritable observatoire sur la ville et son environnement immédiat, témoin de ses perpétuelles transformations selon le principe pédagogique de cette école qui veut dialoguer avec la ville et avec ses acteurs culturels. »

« Nous allons commencer une grande aventure »

A peine réouvert, le bâtiment intrigue. Agnès Barbier, Directrice de l’école reçoit de nombreuses sollicitations pour la visiter:  » Notre dessein est d’accueillir pendant trois jours tous ceux qui souhaitent découvrir ou redécouvrir ce lieu emblématique de Clermont-Ferrand. L’ambition de ce temps fort public est de rendre palpable la richesse pédagogique de l’école et de poursuivre les échanges avec des acteurs culturels. » Cet événement qui va durer une semaine entre expositions, photos, maquettes, conférences, films, installations, va mettre en mouvement les acteurs culturels de Clermont-Ferrand, « partenaires naturels de l’école », et impliquer les 510 étudiants que compte l’école, dont une centaine de « première année ». Ce sera pour ces derniers une façon de s’approprier le lieu.
Temps fort de cette semaine, la construction monumentale participative d’une oeuvre en carton réalisée avec l’artiste Olivier Grossetête . Cette structure au final pèsera 1,5 tonnes.

L’architecture hors les murs

François Bouchaudy, président de la Maison de l’Architecture (1) attend beaucoup de cette ouverture de l’école sur la ville : « On a très peu l’occasion de parler d’architecture sinon pour parler de verrues » c’est pourquoi il faut sortir de ces clichés : « Il y a une démarche culturelle, des ambitions derrière tout cela. Il faut que tout le monde apprenne à se comprendre. » Or l’approche architecturale peut être appréhendée sous divers angles, c’est ce que veut démontrer cet événement en associant des disciplines artistiques et faire en sorte que l’architecture soit présente dans le débat public local. Selon François Bouchaudy, la situation à Clermont-Ferrand est particulièrement favorable pour que les institutions dialoguent entre elles et communiquent avec le public : ici l’école, le CAUE, la maison, l’ordre des archis, fait assez rare, travaillent ensemble, ce qui explique que des outils de communication ont pu être mis en place comme une newsletter commune. Est-ce à dire que Clermont-Ferrand est une terre fertile pour le développement de la profession ?

Avec 550 architectes inscrits à l’ordre, l’Auvergne sera avec Rhônes-Alpes et ses 3600 architectes, la deuxième région de France en nombre d’ateliers, sans compter ceux qui travaillent dans des agences.
Les agences d’architecture sont à 60% de très petites structures de 1 à 3 personnes, et très souvent unipersonnelles. Les agences de plus de 10 personnes sont rares et sont structurées pour faire de très gros projets.
Beaucoup d’architectes établis en Auvergne sont issus de cette école dont le recrutement est à 65% d’étudiants venant du Massif Central. Et si l’architecte Auvergnat s’exporte très bien (plusieurs d’entre eux travaillent à l’international), ils ne redoutent pas non plus la concurrence : « les grands noms ne gagnent pas forcément les concours. Cela montre d’ailleurs aux donneurs d’ordre qu’il y a des locaux qui ne craignent pas la confrontation. » souligne Bruno Reyne, président de l’Ordre des architectes. Polyvalentes, sachant travailler pour des particuliers ou des collectivités sur des bâtiments d’importance, certaines agences se sont construites de solides références dans certains domaines. L’agence Fabre et Speller pour la réalisation d’espaces culturels dont le Théâtre Mariinsky à Saint-Pétérsbourg, Bruhat et Bouchaudy pour les établissements d’enseignement, Sextant et le secteur hospitalier, CRR architecture, sont des agences très connues en France et à l’international.
La maison de l’architecture leur a consacré une exposition : « Architectes d’ici, projets d’ailleurs » qui fait réfléchir sur le rôle de l’architecte dans la ville

Une école renommée, des débouchés multiples

Avec un budget global 2, 345 M€ (2) dont 2,253 M€ de fonctionnement (2) , l’école accueille chaque année plus de 500 étudiants ( 511 en 2014) encadrés par près d’une centaine d’enseignants : 22 titulaires, 13 maîtres assistants associés et 56 enseignants contractuels.
La réputation de l’Ecole au plan national est bien installée. Elle l’est aussi à l’étranger grâce à ses partenariats matérialisés par 33 conventions avec des universités étrangères. Cette excellente réputation attire un grand nombre de candidats ( 905 dossiers ont été déposés pour l’année 2013/2014) mais c’est l’excellence de son enseignement qui fait que chaque année de nombreux diplômés trouvent un emploi dans leur domaine de compétence.
En 2014, l’école a permis à 150 étudiants d’atteindre leur objectif : 66 diplômés en master, 63 diplômés en licence et 22 diplômés en HMONP ( Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en Nom Propre).
Seuls ces derniers pourront poursuivre une carrière d’architecte à l’issue de leur période de mise en situation professionnelle, et pour porter le titre, ils devront s’inscrire à l’ordre des architectes. Tous les sortants diplômés n’ont donc pas le titre mais il y a plusieurs façons d’exercer le métier. Un étudiant diplômé pourra s’orienter vers l’urbanisme, vers la scénographie car la formation est très générale ce qui permet de choisir sa spécialité en fin de cursus pour s’installer à son compte, rejoindre une agence d’urbanisme, trouver d’autres débouchés possibles. « On ne peut pas faire entrer ce métier dans des cases » et dans la fonction publique il n’existe pas même de case. Les architectes, hormis l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), ont le titre d’ingénieurs.
Ce qui est intéressant dans la formation disent d’une même voix François Bouchaudy et Bruno Reyne c’est que « L’école de Clermont, c’est l’école de l’ouverture de l’esprit « . 

(1) La maison de l’architecture en Auvergne créée en 2008, développe des actions de sensibilisation à l’architecture et au cadre de vie à travers la Région. 40 Bd Charles de Gaulle 63 000 Clermont-Ferrand
(2) budget État 75%, Collectivités 7%, Ressources propres dont inscriptions 12%

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Programme de la semaine l’architecture ça déménage

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Un article de Chantal Moulin

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