Industrie

Jean-Dominique Senard, Président du groupe Michelin parle de transmission (Première partie)

Jean-Dominique Senard, Président du groupe Michelin parle de transmission (Première partie)

Jean-Dominique Senard s’exprime en exclusivité devant les caméras de Vues d’Auvergne depuis le centre technologique de Ladoux, le vaisseau amiral de la stratégie d’innovation du groupe Michelin, le creuset de l’activité de recherche et développement. Jean-Dominique Senard s’exprime sur le savoir-faire et le savoir-être, des valeurs qui régissent le quotidien du groupe et il aborde librement la notion de transmission…


Jean-Dominique Senard, président du groupe MICHELIN est l’invité de Marc alexis Roquejoffre, pour la chaine Youtube Vues d’Auvergne.

En exclusivité, le Journal de l’éco vous propose deux de longs extraits de cette interview. (La fin de ce long entretien sera diffusée demain 15 juin.)

 

Marc-Alexis Roquejoffre : Nous sommes à Ladoux, au centre de technologie Michelin. Ce lieu est le vaisseau amiral de la stratégie d’innovation de votre groupe. Il est le creuset de l’activité de recherche et développement. Parlons de transmission, la transmission dans plusieurs de ses dimensions. Celle de l’identité, celle du savoir-faire que l’on se transmet, celle du process industriel, celle du savoir-être. Quelle dimension de votre expérience précisément souhaiterez-vous transmettre le moment venu ?

Jean-Dominique Senard : Je crois que vous parlez de savoir-faire et de savoir-être… Chez Michelin, ce sont des dimensions essentielles. La transmission de cela fait partie aussi de mes responsabilités.
Le savoir-faire est quelque chose de tellement essentiel dans notre métier, qu’il faut y veiller en permanence. Comment faire pour que les équipes puissent transmettre à leurs successeurs tout ce qu’ils savent et Dieu sait s’ils en savent des choses, vous savez… Que ce soit dans les usines, que ce soit ici, le savoir-faire est quelque chose de clé dans la vie de Michelin. Quant au savoir-être, il porte beaucoup sur la mise en oeuvre des valeurs de Michelin. Vous savez ces valeurs de respect ne sont pas affichées sur tous les murs mais elles sont dans tous nos esprits. Alors il faut s’efforcer parce que c’est jamais simple mais il faut toujours s’efforcer de les faire vivre. Et cette transmission du savoir-être pour moi est très importante.

Quand vous embauchez quelqu’un, lui parle t’on de ce savoir-être ?

Oui, on lui dit. Alors évidemment au début la personne se demande ce que ça veut dire mais elle comprend très vite une fois qu’elle est rentrée dans l’entreprise de quoi on parle.

Il y a une transmission de ces valeurs entre les plus anciens et les plus jeunes ?

Certainement. Une volonté des plus anciens… une fierté des plus anciens de transmettre ces valeurs. Je le vois partout.

Fierté, volonté avez-vous dit ?

Oui, fierté. Fierté, passion. Et la transmission, elle se voit dans les yeux de ceux qui bientôt partent à la retraite ou qui ont quelques années devant eux pour transmettre ce qu’ils savent.. Ça se voit, les personnes ont tellement envie de transmettre ce qu’elles ont appris. La transmission pour moi c’est de m’assurer que quoiqu’il arrive, le progrès de Michelin soit permanent mais qu’il intègre une dimension humaniste.

Vous nous parlez du maintien de la cohésion du groupe qui semble vous tenir à cœur. On pourrait peut-être parler de ce que les observateurs appellent la transformation sociale ou la transformation industrielle pour le groupe. Ça passe par quoi et ça s’organise de quelle manière ?

C’est un sujet complexe qui nécessite énormément d’attention, et c’est vrai que ces cinq dernières années – bien que ça ne date pas d’il y a cinq ans, nous avions commencé avant – ça a été plus intense.
Nous avons assisté chez Michelin à une assez forte transformation du groupe à travers son organisation industrielle. Tout ceci s’est fait avec beaucoup d’attention aux personnes. Elle était nécessaire. Vous savez, la compétitivité de l’entreprise est quelque chose de clé pour son avenir.
Lorsque l’on voyage beaucoup, comme c’est mon cas, on se rend compte à quel point nos concurrents dans le monde entier progressent, et Michelin ne peut pas se permettre de ne pas progresser.

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Les équipes adhèrent-elles à ce projet ?

Les équipes comprennent, les équipes comprennent de plus en plus ce qui se passe.
Elles comprennent l’enjeu de la compétitivité par rapport à la concurrence étrangère. Je crois qu’on en parle très simplement et que les esprits sont beaucoup plus prêts et ouverts à cela et c’est ça qui est très agréable puisque ça permet d’accompagner ces mouvements de façon extrêmement robuste et paisible.
Il y a eu cette transformation industrielle qui est forcément un sujet majeur. Il y a eu, je crois aussi, de très grandes avancées dans le domaine de la relation sociale dans l’entreprise et c’est pour le moment ce dont je suis le plus fier d’ailleurs.

Avec un rapport différent à la responsabilité ?

D’une certaine manière oui et au sens large je souhaite vraiment que l’entreprise intègre ce principe de responsabilisation qui est une forme de confiance faite aux équipes. Ce n’est pas simplement l’application d’un principe de la subsidiarité qui est un peu technocratique, mais c’est le principe de la confiance.
La responsabilisation c’est aussi faire confiance aux équipes sur le terrain pour discuter, traiter de l’avenir, penser aux solutions qu’il faut apporter pour la compétitivité des sites, etc.
Nous avons eu d’ailleurs, des exemples formidables ces dernières années qui ont été montrés comme des modèles, j’en suis très fier. Il faut continuer, il ne faut surtout pas arrêter. Cette transformation industrielle, cette transformation sociale, c’est l’assurance de l’avenir de Michelin, de sa compétitivité et de son rayonnement dans le monde. Et ça j’en suis très fier.

Voir la seconde partie de cet entretien



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