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Joël de Rosnay : « Les entreprises du futur comptent parmi les plus innovantes au monde »

Joël de Rosnay : « Les entreprises du futur comptent parmi les plus innovantes au monde »

Joël de Rosnay, scientifique, conférencier et écrivain français, sera le parrain de la seconde édition du Congrès Entreprise du futur qui se déroulera à Lyon, le 19 janvier 2017. Il revient sur ce qui définit l’entreprise du futur.


Monsieur de Rosnay, selon vous, qu’est-ce qu’une entreprise du futur ? Comment se caractérise-t-elle ?

Les entreprises du futur sont déjà présentes parmi nous, dans le monde, mais surtout aux États-Unis. On peut caractériser une entreprise du futur par son organisation, son utilisation du numérique, son style de management, son impact sociétal et environnemental. D’abord son organisation est moins verticale, moins pyramidale. L’entreprise du futur fait appel au pouvoir transversal, latéral, avec moins d’empilements hiérarchiques que dans les entreprises traditionnelles. L’utilisation du numérique est omniprésente, tant en interne pour faciliter la gestion et les relations entre les salariés, qu’en externe dans les interactions créatives avec les clients, ou pour la formation.

Le nouveau management porte moins sur le contrôle et la programmation que sur la vision à long terme, la communication, le charisme et la catalyse des activités pour favoriser des projets communs et l’innovation. L’entreprise du futur verra également une augmentation importante de la participation des femmes dans les comités exécutifs et pour les décisions stratégiques déterminantes. Enfin ce type d’entreprise cherchera à faire ressortir le lien social, le lien humain, au-delà de la seule utilisation des outils numériques.

Quelles sont, selon vous, les entreprises dites du futur dans le paysage entrepreneurial ? Pourquoi ?

Les entreprises du futur qui réussissent le mieux dans le paysage entrepreneurial d’aujourd’hui sont organisées comme des plates-formes plutôt que comme des entreprises classiques. Une plate-forme est un écosystème adaptable qui intègre rapidement des nouveaux produits et services, grâce aux clients, aux partenaires, aux technologies numériques et ceci au bénéfice mutuel des acteurs (Win Win). De telles plates-formes existent dans le monde et comptent parmi les entreprises qui ont le plus fort taux de croissance et la plus grande capitalisation boursière au monde.Ce sont des sociétés disruptives comme GAFAMA (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Alibaba ou NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber).

Elles ont créé le principe d’uberisation, à savoir la désintermédiation des systèmes traditionnels de distribution de biens, de services, ou d’information, trop lourds, trop complexe, trop chers et trop peu transparents. On voit aujourd’hui qu’elles comptent parmi les entreprises les plus compétitives au monde, car elles savent mettre en oeuvre des systèmes innovants et utiliser le Big Data résultant des participations et co-créations de leurs clients pour créer des profils de plus en plus précis et sélectifs, qu’elles revendent d’ailleurs à d’autres entreprises. Enfin elles mettent en oeuvre en permanence une culture numérique transgénérationnelle en faisant travailler avec elles des jeunes de la génération du millenium, les « millennials » une génération qui avait entre 5 et 10 ans au tournant de l’an 2000.

Quels seront les temps forts de ce congrès et comment peut-il aider les dirigeants d’entreprise dans leur démarche de transition numérique ?

Je pense que les temps forts de ce congrès porteront sur la démonstration aux dirigeants d’entreprise, qu’il s’agisse de PME ou de grandes entreprises,de l’importance de la numérisation de toutes leurs activités. Cette stratégie numérique passe par le recrutement de Directeurs de l’Intégration Numérique (DIN), en anglais CDO (Chiefs Digital Officers). Le numérique ne doit plus faire peur, mais être considéré comme un atout stratégique, notamment par l’utilisation du Big Data en tant que ressource à exploiter et des MOOC’s (Cours en lignes) pour la formation.

Le congrès devra également contribuer à montrer que la culture numérique ne consiste pas  seulement à savoir utiliser un outil numérique de manière verticale, en silo, mais en interdépendance avec des applications, des logiciels, des présentations graphiques, des interactions réseaux. D’où l’importance de la prise de conscience qu’Internet n’est plus « l’outil miracle » de la numérisation mais qu’il s’est progressivement intégré dans un écosystème numérique, l’environnement clé du succès des entreprises du futur.

Propos recueillis par Clémentine Schmiedt pour le Congrès Entreprise du Futur 



Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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