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Exclusif | La bonne répartition des rôles entre les villes et l’intercommunalité

Exclusif  | La bonne répartition des rôles entre les villes et l’intercommunalité
Frédéric Bonnichon, maire de Châtel-Guyon,
Président de « Riom Limagne et Volcans »

Les élections municipales dont le premier tour est dimanche, font peu état de l’importance désormais accordée par les lois de décentralisations aux différentes institutions que sont devenues les communautés de communes ou d’agglomération. Certaines ont davantage de moyens que ceux des Départements. Dans ce contexte comment des villes moyennes peuvent-elles exister dans leurs programmes propres ou leurs projets individuels ? Frédéric Bonnichon, maire de Châtel-Guyon et Président de RLV « Riom Limagne et Volcans » est l’invité de notre rédaction.


Les collectivités territoriales sont aujourd’hui confrontées à une forte pression fiscale, ainsi qu’à une baisse des dotations de l’état et beaucoup de communes croulent sous le poids des emprunts toxiques. Quelles mesures les collectivités territoriales doivent elles adopter afin de répondre au mieux à ces nouveaux défis ?

Depuis 2 ans, les dotations de l’Etat sont stables, après une période de baisse importante de 2013 à 2017. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une incertitude sur la manière avec laquelle les communes et les collectivités vont se voir compenser la taxe d’habitation. Quant aux emprunts toxiques, souvent proposés dans les années 2005-2010, il appartenait aux communes soit de ne pas les souscrire, soit de les rembourser par anticipation.

Les nouveaux défis auxquels nous devons faire face consistent donc essentiellement à maîtriser les budgets de fonctionnement, savoir dire non, et encore mieux anticiper les dépenses d’investissement.

Suite à la contractualisation financière qu’a souhaité imposer l’exécutif à quelques 300 à 600 collectivités, beaucoup de collectivités territoriales ressentent une re-centralisation progressive. Quel est votre avis sur la question ?

La principale problématique, c’est le transfert des compétences de l’Etat aux collectivités territoriales, mais sans le transfert des moyens humains et financiers nécessaires. Il est d’autant plus contraignant, dans ce contexte, de maîtriser les niveaux de dépenses des collectivités, alors que l’Etat n’a pas été capable de le faire.

La contractualisation financière ne tient compte que des dépenses, et pas des recettes. Alors que les collectivités peuvent lancer des projets importants mais qui s’autofinancent grâce aux recettes…
Cela montre que certains hauts fonctionnaires n’ont pas compris la gestion budgétaire.

Il me semble que le gouvernement n’a pas tranché entre une nouvelle étape de décentralisation ou une nouvelle étape de re-centralisation. Le « en même temps » ne marchera pas !

Les grandes métropoles sont de plus en plus source de phénomènes de gentrification et donc d’exclusions sociales croissantes au sens où se crée un embourgeoisement de l’espace urbain, comment les villes peuvent-elles pallier à cet écart grandissant au sein même de leurs politiques d’aménagements ?

A l’échelle de la communauté d’agglomération Riom Limagne et Volcans, nous sommes moins concernés par ces phénomènes.
Nos efforts se concentrent plutôt sur des politiques de renforcement de l’activité en cœur de ville et dans les centres-bourgs. C’est notamment le cas avec le programme « Action cœur de ville » mené avec l’Etat. Avec l’implantation des Jardins de la Culture, du cinéma et de la médiathèque en centre-ville de Riom, ainsi qu’avec notre politique de logement et d’habitat, ou encore de soutien au commerce de proximité, notre action vise à garder les centres-villes vivants pour toutes les catégories sociales.

Quelles places y a t-il encore aujourd’hui, pour les projets purement « municipaux » dans un contexte intercommunal lié aux réalités d’une gouvernance à plusieurs ?

C’est le projet de territoire et la bonne répartition des rôles entre les villes et l’intercommunalité qui permet de gérer le plus harmonieusement possible ces problématiques.

Même si les communautés de communes et d’agglomérations ont de plus en plus de poids et de compétences, la Commune garde une forte capacité d’impulsion et de portage de projets.

Si l’on considère que les prérogatives politiques des collectivités ne sont pas figées et quelles peuvent évoluer, à quoi servira le Département si à terme les communautés d’agglomération récupèrent davantage encore de responsabilités ?

Le Département conserve un rôle de régulation essentiel pour les questions d’accompagnement social et de régulation des inégalités. Il est l’échelon qui permet de maintenir un équilibre et une certaine équité entre les territoires et de nivellement des écarts à l’échelle départementale.

Comment voyez-vous l’avenir de RLV sur le territoire que vous connaissez davantage ?

Je vois l’avenir de Riom Limagne et Volcans de manière très favorable ! Notre agglo est ambitieuse, innovante, et fait parler d’elle bien au-delà de ses frontières ! Nous voulons compter dans la grande région et porter des projets ambitieux et novateurs.
Cet avenir prometteur sera possible à condition que nous ne vivions pas une nouvelle révolution des compétences ou des frontières du territoire…

RLV est une agglomération à la fois voisine et partenaire de la Métropole clermontoise. Nos 31 communes et les élus qui les représentent savent ce qu’ils veulent faire de ce territoire, et se battent pour faire avancer les projets !



Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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