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LA MOTIVATION AU TRAVAIL (suite 3)

LA MOTIVATION AU TRAVAIL (suite 3)

La fonction de perpétuation.


Le travail est un acte de transformation du monde où nous vivons, acte qui résulte d’une pulsion aussi exigeante que la pulsion sexuelle, acte qui fournit une raison de vivre, acte qui procure un plaisir, le plaisir de créer, plaisir divin par essence. Le travail est souvent pénible, mais qu’importe ? Aussi humble que soit la tâche, la fonction, la responsabilité, tout travailleur peut se dire : sans moi cette chose matérielle ou immatérielle n’existerait pas. Et si elle est belle la chose, même si sa beauté est aussi modeste et répétitive que celle de la petite marguerite née au printemps au bord du chemin, quelle joie, quel bonheur, quelle fierté !

Homo existe depuis des millions d’années, il est « sapiens » depuis le dernier million, il est artiste depuis 36 000 ans, il est « creator » depuis 12 000 ans. Il n’a pas d’autre champ d’exploitation que la nature, et sa fierté est de lui faire produire, à cette nature, ce qu’elle n’a pas pu inventer toute seule. Mais quand on regarde de près les différentes activités humaines, on constate que le travail n’engendre pas que du supplément de richesse. De nombreux et vastes lieux de labeur n’accroissent nullement les biens disponibles : la Justice, par exemple, ne fait en rien progresser le PIB, elle ne rapporte rien et elle coûte cher, et c’est pourquoi son budget est toujours un budget de misère (quelle injustice !). Oui mais n’est-il pas utile, par exemple, de faire respecter le droit du travail ?

Avec cette notion d’utilité humaine et/ou sociale, on justifie l’existence de trois autres secteurs d’activité qui se nomment Médecine, l’ensemble Police/Gendarmerie/Armée et l’Enseignement, qui ne produisent aucun bien qui s’inscrive dans la richesse exploitable et transmissible. Donc s’il existe en l’homme une universelle pulsion de transformation du monde, celle-ci s’affecte, pour une partie importante des populations, non pas à de la création de valeur mais à la simple préservation des moyens de production, au sens large. La Justice préserve les bons citoyens des exactions des méchants, la Médecine préserve la vie organique de tous, les forces de l’ordre préservent les citoyens des blessures en tout genre et de la mort.

L’Enseignement, à première vue, a une place à part puisqu’il ne préserve pas des biens, y compris le bien-être, ni des droits, et on pourrait même dire qu’il crée des biens puisque le savoir se vend comme une force de travail, mais sa fonction essentielle est bel et bien une préservation : la préservation des acquis, depuis le simple usage de la raison élémentaire jusqu’à l’immensité du savoir conquis par l’humanité. En conséquence si le terme de préservation s’applique aussi à ce domaine de l’activité de travail, on peut dire que dans ce cas la contribution à la transformation du monde est une perpétuation de la vie physique et intellectuelle.

S’il n’y avait plus de méchants sur cette planète et si la vie organique disposait d’un blindage parfait, on éviterait de prélever sur la valeur des biens le financement de cette préservation, le pouvoir d’achat augmenterait et on peut espérer qu’il s’affecterait à des biens nobles qui rendent la vie plus belle. Mais on ne pourra jamais se dispenser de l’Enseignement parce que le Savoir est l’aliment de la pulsion de transformation du monde et la garantie d’une existence en majesté.

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Une rubrique de libre opinionde Mathieu-Robert Jourda

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