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La motivation au travail (suite)

La motivation au travail (suite)

Le travail, un besoin profond et singulier…


ai-je écrit le 7 mars. Que veut dire profond ? Un commencement de réponse était dans la phrase : « Seuls les humains travaillent et ils le font volontairement ». Le travail est un acte de transformation du monde, un acte volontaire, délibéré, spontané, qui , aux débuts de l’hominité, avait pour but d’assurer la survie, par exemple la hutte de branchages ou l’abattage d’un animal, mais qui petit à petit n’a eu d’autre motivation que le plaisir de vivre. Homo était devenu « habilis » comme le castor, juste pour se faire un lieu de vie, il avait inventé l’outil, il fut alors « faber » c’est-à-dire fabricant afin de mieux vivre. C’était il y a deux millions d’années.

Petit à petit, la nature ayant tout son temps, homo est devenu intelligent, « sapiens » en langage anthropologique, et savez-vous à quoi il a consacré en premier le savoir acquis ? A la peinture murale, c’était il y a 36 000 ans, c’est tout ce qu’il avait trouvé pour transformer agréablement son environnement. Ce plaisir lui a suffi pendant 26 000 ans et tout à coup, vers -10 000 avant notre ère, il a compris qu’il pouvait élever des animaux au lieu de leur courir après et planter des graines pour avoir un potager derrière la hutte. Ce fut la première vraie transformation de la nature.

Tous les êtres vivants évoluent grâce à l’adaptation à leur environnement et les caractères acquis physiques et comportementaux se transmettent. Chez homo, la transformation du monde est devenue une pulsion généralisée.

Vous avez dit : généralisée. Est-ce que ça veut dire identique chez tous ? Pas du tout, parce que le vivant, l’aurez-vous remarqué, est capable de différenciation. Un exemple : l’éléphant des Indes ressemble beaucoup à l’éléphant d’Afrique, mais quelles différences de comportement, n’est-ce pas ? Et chez nous, humains modernes, avez-vous remarqué que les natifs du Japon n’ont pas le même type de visage que les natifs de l’Auvergne ? Oui mais vous constatez aussi qu’il est possible de distinguer chaque Auvergnat de tous les autres, et chaque Japonais aussi. Ce phénomène s’appelle la singularisation.

Résumons : travailler c’est transformer la nature sous l’effet d’une pulsion ad hoc inscrite en nous, et chacun de nous veut le faire là où il en a envie et à sa façon. Et c’est ça la motivation au travail.

On peut même y adjoindre la capacité artistique née 380 siècles plus tôt : chacun de nous n’a-t-il pas manifesté dans sa vie un « art de vivre » ? Et quand nous fabriquons des objets, n’avons-nous pas envie toujours de faire quelque chose de beau ? Chez chaque individu, le travail est une transformation du monde qui résulte d’une pulsion profonde et singulière. Fondamentalement le travail est un plaisir.

Mais qu’ai-je dit là ? Comment pourrait-on expliquer que les travailleurs exigent que leur plaisir ne dure que 35 heures par semaine ? Pour la majorité des gens, le travail n’est-il pas une obligation pénible ou fastidieuse, c’est-à-dire une corvée ? Eh oui, mais c’est à cause des nécessités économiques. L’Economie est le nouveau seigneur des sujets du royaume. Mais c’est une autre histoire…

A propos de Mathieu-Robert Jourda

Président d’honneur et Fondateur de l’AP-A2P (Association des Praticiens de l’Analyse de la Personnalité Professionnelle), qui compte plus de 200 Praticiens appliquant son oeuvre théorique et pratique. Celle-ci est exposée dans les quatre tomes de « La Personnalité Professionnelle ». L’Harmattan éd. 

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