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Le commerce de détail s’essouffle en 2013 !

Le commerce de détail s’essouffle en 2013 !
Yves Marmont

Pour la seconde année consécutive, l’activité des détaillants marque le pas en 2013 selon l’Observatoire de la petite entreprise. Yves Marmont, Vice-président secrétaire, président de la Commission des Études Économiques revient sur les résultats calculés à partir des déclarations fiscales 2013 et explique les raisons de cet essoufflement du commerce de détail dans une interview menée par le Journal de l’Eco.


Le Journal de l’éco : Pouvez-vous nous expliquer les résultats de votre étude « le commerce de détail s’essouffle en 2013  ? »

Yves Marmont : C’est une étude nationale. Ce sont des chiffres que nous établissons au mois de juin mais nous ne travaillons pas par région. Après, nous avons des palmarès par région pour certains secteurs d’activités parce que cela nous donne les entreprises où il y a le plus d’augmentation ou plus de résultats.

L’étude a été faite par le centre de gestion. Nous essayons de nous confronter avec les chiffres de l’INSEE. L’observatoire de la TPE est axé, quant à lui, sur l’évolution des chiffres d’affaires en cours d’année. L’étude est faite par la Fédération des Centres de Gestions Agrées (FCGA). Nous pouvons effectivement nous servir des chiffres de l’INSEE mais pour recadrer l’activité économique nationale globale. L’étude est extraite des liasses fiscales que tous les adhérents du Centre de Gestion ont déposées à l’administration fiscale en 2013. Cela représente 287 000 entreprises sur le territoire national y compris les DOM-TOM.

Nos adhérents sont des entreprises individuelles qui sont soumises à l’impôt sur le revenu. Ce sont des artisans ou des commerçants exerçant sous forme individuelle.

En société, le revenu n’est pas le même parce que le dirigeant prend une rémunération, les revenus de la société : ce n’est donc pas notre panel.

La Fédération fait l’économie de certaines professions mais c’est vrai que dans le commerce et l’artisanat, la plus grande partie est en individuelle. Nous retenons le chiffre de 75 professions regroupées en 11 activités.

Le Journal de l’éco : Quels sont les points à retenir ?

Yves Marmont : Le chiffre d’affaire en 2013 a baissé de 0,4% de manière globale toutes activités confondues, ce qui, malheureusement, correspond au ralentissement économique que tout le monde connaît et qui avait déjà eu lieu en 2012 puisqu’en 2011 nous avions une augmentation de 2,6% des chiffres d’affaires. En 2012, nous n’avions plus que 0,5% et là nous passons à moins de 0,4%. L’évolution se tasse et passe légèrement en négatif.

En matière de résultats, c’est-à-dire de revenus, nous avons aussi une baisse qui est de 1,1%. Ce n’est pas une baisse catastrophique mais c’est une baisse que nous constatons malheureusement depuis plusieurs années puisque nous avions moins 2,5% en 2012 et moins 1,1% en 2013 ; c’est une tendance assez lourde et c’est vrai qu’il ne faut pas que cela continue trop longtemps car la rentabilité est de moins en moins bonne.

C’est souvent dans les périodes les plus difficiles que nous faisons les meilleures affaires !

Les TPE sont des petites structures qui peuvent s’adapter relativement rapidement pour réduire les coûts et limiter les frais contrairement aux grosses structures. Nous n’arrêtons pas un gros navire comme on arrête une barque !

Ces entreprises individuelles s’adaptent plus facilement et leurs dirigeants peuvent voir au quotidien comment booster leur chiffre d’affaires, voire éventuellement comment limiter ses prélèvements. C’est plus souple.

Cette tendance à la baisse devient récurrente et est donc un peu préoccupante. Ce que l’on attend tous c’est qu’il y ait une reprise.

Le Journal de l’éco : Quelles sont les raisons de cet essoufflement ?

Yves Marmont :  Les raisons de cet essoufflement du commerce de détail en 2013 sont des raisons économiques. Nous avons un problème de pouvoir d’achat qui se ressent à tous les niveaux de l’économie, que ce soit dans l’industrie ou dans le commerce ; effectivement le commerce de détail est dans la même tendance que l’ensemble des autres intervenants économiques.

Il y a une tension de plus en plus forte au niveau de la trésorerie.

Il y a des professions qui sont plus touchées et qui ne l’étaient pas auparavant, par exemple la boulangerie, profession relativement à l’abri parce que d’une part ce sont des produits courants et d’autre part cela touche une population très large. Or nous avons de plus en plus de dépôts de bilans et de redressements judiciaires de boulangeries dues à une concurrence effrénée. Après, cela touche aussi d’autres professions telles que le bâtiment. Malheureusement, certains confondent chiffres d’affaires et rentabilité.

Le Journal de l’éco : Existe-t-il des leviers à activer pour relancer l’activité du commerce de détail ?

Yves Marmont :  Les leviers ont plusieurs origines : cela peut être déjà la reprise économique générale.

Le deuxième point, c’est se démarquer comme dans les périodes difficiles ou moins difficiles : qu’est-ce qui peut me démarquer de mon concurrent ? La présentation par exemple. La vitrine est importante et après il y a aussi des moyens de communication comme le mailing ou un site internet. De plus en plus, les commerces ont des sites internet pour être reconnus, pour essayer d’attirer la clientèle dans leur boutique plutôt que dans une autre. Le point fort des commerces de proximité c’est de pouvoir dire : nous avons le conseil, le service et la qualité, etc… Et en plus le sourire !

Avant, il n’y avait pas autant de commerces que maintenant : il y avait un boucher, un boulanger, etc… Donc les gens allaient dans les commerces habituels. Or, maintenant, nous avons de plus en plus de concurrence avec des commerces qui ouvrent, qui ferment, donc les gens ont de moins en moins de repères. Il faut donc redonner confiance aux gens ! Dans la société de consommation actuelle, les gens sont moins fidèles à leurs coiffeurs, ou autres … Pour fidéliser un client, il y a tout l’aspect relationnel et commercial. Les leviers, ils sont en tous points : ils sont bancaires, notamment. Les banquiers sont prêteurs et prêteurs à des taux qui n’ont jamais été aussi bas. Les demandes de crédit sont à 70% acceptées mais nous avons une baisse des demandes de crédits. Pour les TPE ce sont des petites sommes. C’est souvent dans les périodes les plus difficiles que nous faisons les meilleures affaires !

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Un article de Marie Cartigny

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