Tourisme, restauration

Le Stadium Bar à Clermont-Ferrand : un bar-restaurant forgé par le travail en famille

Le Stadium Bar à Clermont-Ferrand : un bar-restaurant forgé par le travail en famille

Le Stadium Bar est un endroit convivial servant une cuisine traditionnelle, et qui accueille une clientèle très éclectique. C’est également un bar-restaurant marqué par l’empreinte de la famille Roussel, notamment Bernard et son fils Bertrand, le nouveau gérant. Il nous fait part de son expérience et de sa collaboration avec son père. Entre changements et désaccords passés, Bertrand dévoile la passion et le dévouement qui ont permis l’accomplissement du Stadium Bar.


« On peut dire que le Stadium Bar a été un virage dans ma vie. Passé 40 ans, soit on s’installe, soit on bouge. Je suis assez fier dans l’ensemble de mon parcours. Je crois que j’ai toujours aimé le contact avec le client. » Bertrand Roussel est une personne active, qui n’a pas hésité à multiplier les expériences avant de prendre le chemin de la gérance de ce bar-restaurant. « J’ai d’abord été paysagiste de formation, puis rugbyman pour plusieurs clubs (Vichy, Issoire ou encore Yers dans le Var). J’ai également travaillé dans une boîte de nuit, toujours en Auvergne, ma région d’origine ». Est-ce l’envie qui l’a guidé vers le Stadium Bar ? C’est finalement la famille qui sera la raison de son arrivée. De là va naître une collaboration avec son père, Bernard.

Une affaire familiale qui ne commence pourtant pas sous les meilleurs hospices. « A cet époque, mon père avait une vie compliquée et un souci familial l’a amené à reprendre ce qui n’était seulement qu’un bar au départ. C’est mon oncle qui a fondé ce bar PMU mais il a croulé sous les dettes. Mon père a alors abandonné son poste de représentant en produits pharmaceutiques pour diriger l’endroit et éponger les dettes ». La reprise s’est donc faite le 6 novembre 1986. Bernard arrivera en 2004. « Ce fut pour moi à la fois naturel et par la force des choses de rejoindre mon père. En 2004, il a essayé de vendre le bar, la loi sur l’alcoolisme devenant dure et incitant moins les clients à enchaîner les tournées. Seulement, il n’y eu aucune touche ». La famille sera encore une fois la solution, consolidant ainsi l’affaire avec leur vie à la fois privée et professionnelle. « Mon frère, travaillant dans l’hôtellerie, nous avait conseillé de fonder un restaurant. Seulement, nous n’étions pas propriétaire des murs. »

Un autre problème qui prendra deux ans pour réaliser l’achat. « Il a fallu convaincre la propriétaire qui était une personne assez âgée. Nous devions la convaincre que c’était une opportunité pour elle puisqu’elle n’avait pas d’héritier. » Après plusieurs épreuves et multiples démarches, Bertrand et son père pouvaient enfin envisager de développer un bar-restaurant tel qu’ils le souhaitaient en 2006. A savoir un endroit modeste, détendu, avec une ambiance amicale où le client se sentirait chez lui. « Le restaurant est traditionnel, routier, vraiment à la bonne franquette comme on dit. Pour les repas, on a un plat du jour plus une carte avec cinq plats chauds. Cela va de l’onglet de veau, du pied de cochon au St-Nectaire, du burger au foie gras poilé au Big’trocote constitué d’une pièce de bœuf de 500 grammes. Il y a un cuisinier en qui je fais confiance depuis huit ans qui gère tout. Le prix est accessible à tous ».

L’accessibilité semble être un terme primordial pour Bertrand lorsqu’il évoque sa relation avec les clients. « Nous en avons de tous bords, beaucoup de sportifs comme des joueurs de rugby de l’AS Montferrand (Brooke James ou encore Thomas Domingo), des avocats et même des politiciens importants comme Benoît Hamon qui était venu supporter le candidat socialiste aux dernières élections municipales. Je trouve important que le client se sente chez lui. En décoration, il y a beaucoup de bois avec des murs de photos de copains, de clients ou de sportifs. » Il n’hésite pas à proposer des animations pour aller dans ce sens, permettant ainsi de fidéliser ceux qui s’arrêtent au Staduim Bar. « Je mets en place des repas de Noël et j’invite un caricaturiste qui effectue le portrait des clients. J’affiche ensuite le double dans le bar en souvenir et pour qu’ils en profitent. »

Pour ce qui est de la collaboration père/fils, elle fut à la fois arrangeante et compliquée. « Cela permettait de soulager mon frère et mon père sur certains horaires, avec trois à quatre fermetures par semaine. Gardant à l’époque mon travail de paysagiste le matin, j’arrivais au bar vers 15h30. Il n’y avait pas d’heure fixe pour la fermeture. Il est cependant dur de travailler avec la famille. C’est une vraie difficulté de dissocier le côté familial du travail. De plus, il y a un conflit de génération car mon père a du mal à se projeter sur l’avenir, ce qui n’est pas mon cas évidemment. » Le maintien et l’amélioration, des maîtres mots qui tiennent à cœur à Bernard Roussel. « Il faut savoir s’adapter à une clientèle qui possède un pouvoir d’achat de plus en plus faible ».

Ces quelques désaccords n’empêcheront pas les deux proches de faire marcher de manière fructueuse le Stadium Bar, notamment en 2006 où l’établissement connaît un pic. « Nous réalisions 60 couverts en moyenne par jour alors que nous avions une capacité de 40. C’est à ce moment-là que s’est posée la question de l’agrandissement. Encore une fois la question fut disputée. La solution adoptée fut un agrandissement de 45 m² en dur sans empiéter sur la terrasse. J’ai eu raison car, sur les résultats, on a pu partir sur une bonne base et faire 75 couverts en moyenne. » Un tournant qui a été encore une fois payant et qui conforte Bertrand Roussel dans la voie de la direction du Stadium Bar mais cette fois-ci seul. « Je suis actuellement en stage pour obtenir le permis d’exploitation, la licence IV. Il me permet d’étudier le code du travail, la législation, l’hygiène ou encore le danger de l’ivresse pour les plus jeunes personnes. »

Rien ne semble faire chuter la motivation de ce dirigeant de 42 ans. Le Stadium Bar peut avoir de beaux jours encore devant lui. « Le quartier où je suis est en pleine mutation. Un complexe cinéma doit voir le jour pas loin. Parmi les projets, je souhaiterais ouvrir sept jours sur sept, le midi et le soir. » Bertrand Roussel doit tout de même reconnaître sa difficulté à gérer sa vie privée. « J’ai du mal à être présent auprès de mes deux enfants, âgés de 14 et 16 ans. Quand je pars, ils dorment et quand je rentre c’est pareil. » Cela ne l’empêche pas d’être fier et de continuer à faire gagner en succès le Stadium Bar. Un endroit façonné intimement par sa relation avec son père mais aussi par l’envie et l’opportunité de créer. En sachant cela, ce bar-restaurant dégage alors une émotion unique évoquant une soif de vivre.



Un article de Adrien DOUSSOT

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