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« L’économie du partage » : utopie ou réalité ?

« L’économie du partage » : utopie ou réalité ?

L’économie du partage affiche ses vertus sans voile et sans tumulte un peu partout sur la planète bousculant ainsi nos habitudes et notre confort au risque de remettre en cause notre rapport à la propriété individuelle si chère à nos sociétés occidentales.


C’est à travers des pratiques adoptées massivement par les jeunes comme le covoiturage, le logement chez l’habitant, la formation en ligne et le financement participatif ou « crowfunding » qu’insensiblement le « global partage » s’installe progressivement dans notre vie et nous questionne au passage sur notre sacro-saint culte à l’individualité.

Est-il venu le temps de sacrifier sur l’autel de la consommation et du bien-vivre ce droit si controversé à la propriété ?
Rien n’est moins sûr, si l’on considère l’échec de l’aventure utopique du communisme qui s’est cassée les dents au cours du 20e siècle sur ce « tabou » directement relié à notre cerveau reptilien. Pour autant, ce sacro-saint droit à la propriété n’est certainement pas condamné à se statufier ou se fossiliser. Pour tenter de prévoir les évolutions possibles auxquelles il faut s’attendre et se préparer, il nous faut probablement davantage orienter nos recherches à la croisée de ce besoin instinctif « d’immortalité » qui nous hante et nous pousse à posséder pour nous rassurer et de ce besoin fondamental d’échange, de coopération et de partage qui nous anime et donne un sens et du sel à nos vies.

Le sentiment de propriété deviendra ainsi de moins en moins possessif et exclusif et sera plus enclin à l’échange, à la coopération et au partage comme en témoigne l’essor du covoiturage, la pratique de l’échange de logement, les événements partagés, les after-work et l’engouement croissant pour « entreprendre et communiquer autrement » à travers différentes expériences coopératives, solidaires, mutualistes ou paritaires (Limagrain, Crédit Mutuel, AG2R La Mondiale, Petits Déjeuners de la Création, etc.). Ce mouvement s’amplifie et représente déjà 10 % de l’emploi salarié de notre territoire. Conjugué à l’essor de l’économie frugale «Le Jugaad », il nous permet de pronostiquer sans grand risque d’erreur, au cours des prochaines années, une belle réussite pour cette économie sociale et solidaire qui est de plus en plus présente dans notre quotidien.

Comment faire pour éviter les erreurs grossières du communisme et des idéologies qui, en privilégiant le collectif sur l’individuel, ont sacrifié au passage « le goût et le désir d’entreprendre et d’innover » qui nous font tant défaut pour relancer la croissance et l’emploi. Il nous faut revenir aux anciens et rechercher l’improbable équilibre entre ses deux extrêmes qui, tour à tour, s’attirent et se rejettent. Il nous faut apprendre à tirer parti de la différence qui est plus une richesse qu’un obstacle, à accepter de réinventer de nouveaux modes de gouvernance et d’introduire plus de démocratie participative sans tomber dans les écueils du consensus mou et de la procrastination. Il nous faut accepter que l’entreprenariat ne soit plus exclusivement une aventure individuelle mais une aventure davantage collective où les talents de chacun s’expriment pleinement tout en s’effaçant devant l’intérêt supérieur du collectif. Il faut s’efforcer de permettre à chacun de découvrir et exprimer ce qui fait son talent individuel et sa différence en synergie et en coopération avec le talent des autres. Enfin, il nous faut redécouvrir le goût du risque d’être pleinement soi-même en évitant de céder aux chants des sirènes qui nous incitent à nous croire auto suffisants et donc indépendants des autres au sein de nos collectivités.

Pour ce faire, il faut revisiter de fond en comble les relations de pouvoir entre l’Etat, les citoyens et les entreprises, le management, l’enseignement et l’orientation tout au long de la vie afin de recréer du lien social entre les individus.

De nombreuses réussites observables autour de nous, l’exigence de devoir s’adapter aux contraintes de plus en plus pressantes de notre environnement et la recherche de plus de bien-être et de sérénité dans nos vies devraient nous y conduire tout naturellement.

Gageons que nous avons su tirer les leçons chaotiques du passé et que notre inclinaison à nous révolter et à refuser toute adaptation face à l’inéluctable n’annihilent pas notre créativité, notre goût du risque et de l’aventure ainsi que le don précieux de nous émerveiller. Eux seuls nous permettront de surmonter nos peurs, nos appréhensions et nos préjugés pour oser la confiance en des lendemains qui chantent la musique de l’effort, du courage, du partage et de la joie.

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