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Les Chroniques de l’éco : Vivre-ensemble pour quoi faire ? Par Marc Halévy

Les Chroniques de l’éco : Vivre-ensemble pour quoi faire ? Par Marc Halévy
Marc Halevy, « physicien de la complexité » et « philosophe de la spiritualité »

Une chronique de Marc Halévy. Physicien de la complexité (longtemps chercheur auprès du prix Nobel Ilya Prigogine) et philosophe de la spiritualité, depuis quarante ans, Marc Halévy élabore des théories, modèles et méthodes pour les processus complexes et les applique aux systèmes socioéconomiques humains, notamment dans le cadre de ses activités de prospectiviste renommé. Il est l’auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages de prospective, spiritualité et philosophie. Il propose depuis plusieurs années ses chroniques aux lecteurs du Journal de l’éco…


Au-delà des idéologies, il est curieux de constater aujourd’hui, au travers de cette quête floue d’un « vivre-ensemble », une sorte de nostalgie d’un certain tribalisme archaïque, d’une douce ferveur communautaire, comme d’un relent d’enfance perdue, niché dans la chaude chaleur d’un foyer uni …

La réalité est tout autre : on vit seul, mais on fait ensemble.

Il y a, en cette fin de modernité moribonde, comme une angoisse et un refus existentiels face à la grande solitude ontologique et face à la nécessité de s’assumer soi-même, de reprendre la responsabilité de soi, de se prendre, soi et son existence, en charge.

Il est symptomatique que, pour les idéologues du gauchisme culturel, la solitude, plutôt que d’être vue pour ce qu’elle est (une grande paix extérieure pour une plus grande sérénité intérieure), est confondue avec l’isolement qui est une privation de contacts avec ceux que l’on aime.

L’isolement peut être une souffrance ; la solitude, jamais ! Mais il est devenu politiquement incorrect de n’avoir nulle envie de frayer avec des humains et de vivre la « convivialité » comme une corvée horripilante.

Abraham Maslow avait placé, dans sa célèbre pyramide motivationnelle, les besoins d’appartenance et de reconnaissance (les « besoins sociaux », donc) entre ceux de sécurité et ceux d’accomplissement de soi.
Je pense que cette image de pyramide, de superposition linéaire de couches successives, est fausse (elle « collait » peut-être bien à la mentalité américaine des années 1960, mais ne correspond plus aux réalités européennes d’aujourd’hui).

Je pense que l’image adéquate est celle d’un tronc commun initial visant à satisfaire les besoins « vitaux » (de survie immédiate et de sécurité dans la durée) surmonté de deux branches assez antagoniques dont l’une est celle des besoins « sociaux » et dont l’autre est celle des besoins « intérieurs ».

Ces deux chemins de vie que sont l’extériorité sociale et l’intériorité personnelle, ne s’excluent pas vraiment, mais sont quasiment impossibles à suivre sérieusement en concomitance. Ce serait un peu comme exiger de soi d’être, en même temps et avec la même intensité, à la fois introverti et extraverti. Il y a forcément une des deux postures qui ne serait que de façade.

Cependant, cette extériorité sociale et cette intériorité personnelle, quelque antagoniques soient-elles, peuvent être transcendées à un niveau supérieur : celui de l’accomplissement de l’œuvre (de la Vie, de l’Esprit) au-delà de l’humain et des accomplissements extérieurs (appartenance et reconnaissances sociales) et intérieurs (accomplissement de soi).

Mais on quitte là le plan de l’homme de la rue pour rejoindre celui des mystiques, des initiés, des spirituels.
Là, les concepts d’individuation et d’intégration effondrent et ouvrent la porte vers tout autre chose : la communion intégrale avec le tout du Tout-Un…

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Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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