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Levée de fonds & crowdfunding : des solutions pour obtenir du cash

Levée de fonds & crowdfunding : des solutions pour obtenir du cash

Toute entreprise a besoin d’argent. Le chiffre d’affaires doit permettre de payer les équipements, les produits et les services nécessaires à l’activité, de rémunérer les salariés, mais l’argent qui entre doit aussi servir à développer les ambitions de l’entreprise. Si le dirigeant n’a pas la trésorerie nécessaire, il peut compter sur deux solutions, soit la levée de fonds auprès d’investisseurs extérieurs, soit la recherche de partenaires via le crowdfunding.


La levée de fonds est l’acte par lequel une entreprise se finance auprès de personnes autres que des organismes de crédit. Les financements se font sous forme de prêts personnels entre particuliers, ou sous forme de prises de participation. Ainsi, les dirigeants peuvent faire appel à des structures ou personnes privées extérieures, ou encore à l’argent des particuliers via des plates-formes Internet dédiées. En 2017, Bpifrance a recensé 50844 projets à travers 34 plateformes de dons, de prêts et d’investissements complémentaires. Tous sont rassemblés sur https://tousnosprojets.bpifrance.fr/Observatoire

Trouver un financement en dehors des banques

De plus en plus de sociétés de petites ou grandes tailles font appel à des fonds extérieurs pour leur offrir un levier financier supplémentaire. Les fonds peuvent provenir de sociétés désireuses de prendre des participations dans une entreprise annexe ou concurrente, ou des fonds privés venant de sociétés spécialisées dans la prise de risque au financement ou par des privés suffisamment à l’aise financièrement pour se le permettre. En retour, l’entreprise s’engage à leur rembourser le capital et l’intérêt induit, soit sous forme de mensualités, soit selon le modèle in fine. Un peu comme dans le cadre des obligations, une entreprise peut ainsi lever des fonds, verser un rendement à fréquence déterminée, et rembourser le capital ultérieurement. Cette méthode permet aux dirigeants de disposer d’une avance de trésorerie suffisante pour se lancer.

Des plates-formes spécifiques pour lever des fonds

Le financement participatif semble être le moyen le plus adapté aujourd’hui de lever des fonds pour une entreprise de taille moyenne. Il est de plus en plus en vogue et offre une solution qui évite d’avoir à passer par des banques. Dans cette configuration, plusieurs personnes physiques et morales apportent une participation financière à un projet.

Les sites Internet de crowdfunding fleurissent sur le web, faisant de plus en plus appel à l’investissement des particuliers. Les entrepreneurs créateurs doivent exposer leurs projets et convaincre les internautes de leur accorder leur confiance. Ils doivent toutefois proposer un rendement élevé, afin de motiver les investisseurs particuliers à les choisir eux, plutôt que des placements bancaires.

Les banques, sur ce marché, demandent systématiquement des garanties de la part de l’entreprise, et parfois même des cautions personnelles de la part des dirigeants ou actionnaires. L’avantage du financement du type crowfunding c’est de justement ne pas devoir octroyer de garanties. Et c’est là que se dessinent non seulement la complémentarité mais aussi l’effet de levier avec le crédit bancaire. En effet, une ligne de crowdfunding amène du « cash » à l’entreprise bonifiant ainsi sa situation vis-à-vis de la banque. Souvent, le fonds levé par le crowfunding va offrir une soupape de trésorerie qui permettra à l’entreprise de demander plus de « cash » aux organismes bancaires traditionnels. De plus en plus, les banques subventionnent elles-mêmes les sites de crowdfunding pour mettre en évidence des porteurs de projets, attendre que les internautes choisissent tel ou tel projet afin de le soutenir davantage encore in fine.

Le crowfunding offre aux investisseurs particuliers la possibilité d’investir leur épargne dans l’économie réelle, en échange d’un rendement attractif. Cette nouvelle solution est idéale pour les investisseurs de type bon ‘père de famille’ qui cherchent avant tout la sécurité de leurs placements.
En Auvergne-Rhône-Alpes, ce site de crowdfunding Kocoriko.fr met en valeur le porteur de projets de nos territoires. Il est soutenu par la Banque Populaire qui verse systématiquement 2 € pour 1 € de collecté sur chaque projet.

Quelle est la profondeur du marché ?

Certaines études annoncent plus de 10 milliards d’euros de financements en crowdfunding d’ici 2020-2022 pour le marché français. Forcément, des parts de marché seront prises aux banques, néanmoins il faut mettre cette mécanique en perspective avec la taille du marché qu’on évoque ici. En effet, les banques sont des géants assis sur un marché colossal qu’est celui du crédit. On estime à 10 milliards d’euros que le prêt participatif pourrait capter.

Le financement participatif est aussi un moyen de renforcer sa visibilité et sa notoriété. Obtenir un soutien financier participatif nécessite de se faire connaître. L’entreprise qui souhaite un apport en ce sens sera obligée de communiquer sur les opérations auprès des médias et surtout des réseaux sociaux. Il ne faut pas oublier que la mécanique même du concept repose sur le financement via la foule, par une approche BtoB ou BtoC. Une très bonne manière de faire adhérer de nouveaux ambassadeurs. Actuellement, le Gouvernement prévoit de taxer ces investissements à travers une loi dont les contours ne sont pas réellement définis.

Contributeurs et entrepreneurs

Voici quelques sites utiles pour les investisseurs et les porteurs de projets voulant profiter d’une plateforme commune soit aux projets à soutenir, soit aux dossiers à présenter. https://tousnosprojets.bpifrance.fr/Contributeur#contrib-intro
Si vous préférez vous engager dans le soutien de projets plus locaux, il existe également cette plateforme destinée davantage aux associations locales. https://tousnosprojets.bpifrance.fr/Porteur-de-projet#contrib-intro

 

Les étapes à suivre pour lever des fonds

Au mois d’août dernier, Louis Larret-Chahine, élève-avocat et entrepreneur et Arnaud Touati, avocat spécialisé en droit des affaires et droit des nouvelles technologies au sein du cabinet Alto Avocats, témoignaient sur le net des 10 étapes incontournables d’une levée de fonds réussie pour une entreprise.

1. S’assurer de la solidité et de la crédibilité de son business plan
Pour réussir votre campagne de financement, il faut être convaincant sur le projet comme sur l’équipe et montrer qu’il y a un fort potentiel de développement ayant besoin d’un simple effet de levier. Il faut connaître ses « pitch » en une, trois et dix minutes sur le bout des doigts, soigner la présentation de ses « slides » et de son « Executive summary ».

2. Identifier des investisseurs ou des fonds
Il faut garder à l’esprit qu’un investisseur peut être pertinent à deux titres : soit parce qu’il apporte des financements (c’est le cas des fonds d’investissement dits « business angels »), soit parce qu’il offre un réseau et un savoir-faire, une expertise métier. L’investisseur idéal – celui que vous cherchez – doit remplir ces deux critères.

3. La « due diligence »
C’est l’étape durant laquelle les potentiels investisseurs passent le dossier au crible à travers une succession de filtres : potentiel du marché, « time-to-market », crédibilité des projections financières, faisabilité technique, complémentarité de l’équipe… Dans cette phase, il faut être très réactif en cas de demande d’informations complémentaires et ne pas hésiter à relancer, surtout pour informer d’une bonne nouvelle (nouveaux clients, dernier chiffre de progression, etc.).
C’est aussi le moment d’une véritable analyse juridique qui doit être anticipée. Les entrepreneurs l’ignorent souvent, mais beaucoup de dossiers échouent à cette étape car les contrats et le juridique de manière générale, manquant de sérieux, constitueront « un coût caché ». Un audit juridique en amont est donc indispensable.

4. Signer des contrats de confidentialité ou «non-disclosure agreement»
Le but est de garantir le secret des négociations en cours. C’est le véritable point de départ des négociations portant sur le montant de la levée, sur les actions données en contrepartie et sur la valeur des dites actions.

5. Se mettre d’accord sur la lettre d’intention, ou « Letter Of Intent » (LOI)
Elle reprend précisément les conditions financières (comme la valorisation dite « pre-money ») et les conditions juridiques (modifications des statuts, création des parts sociales, dilution du capital). C’est le cadre fixant les futures règles du jeu. Ne pas sous-valoriser la société permettra d’envisager un autre tour de table sans une dilution trop importante pour les fondateurs. Inversement, survaloriser fera fuir les futurs investisseurs, désintéressés par un prix d’entrée trop élevé.

6. Négocier et rédiger un nouveau pacte d’actionnaire
Le pacte d’associés est la version développée de la lettre d’intention – considérez-le comme une sorte de décret d’application. Convoquer une Assemblée Générale extraordinaire pour acter l’augmentation de capital.
Il faut donc préparer le rapport du président, les résolutions, les propositions de modification. Vous prêterez un soin tout particulier, lors de la tenue de l’AG extraordinaire, aux exigences de quorum et aux droits préférentiels de souscription.

7. Émission des bulletins de souscription d’actions aux investisseurs
C’est une étape à réaliser en même temps que la signature du pacte d’actionnaire. Les investisseurs les renverront à la société dûment complétés.

8. Délivrance du certificat du dépositaire par la banque sur présentation des bulletins de souscription
Lorsque les virements sont effectués, la banque vous délivrera un certificat du dépositaire constatant la réalisation des souscriptions. Le président devra alors émettre un procès-verbal de constat de l’opération attestant de la modification des statuts.

9. Enregistrer la formalité au greffe du Tribunal de commerce
Accomplir les dernières procédures administratives consciencieusement : enregistrement des statuts, obligation de publication dans un journal d’annonces légales, et enregistrement du formulaire CERFA M2 au greffe du Tribunal de Commerce compétent.

10. La levée de fonds peut considérablement faire changer de dimension un projet entrepreneurial. Il faut donc être bien conseillé, et ce à chacune des étapes décrites ici ! Cela permettra également de réduire les risques juridiques liés à l’entrée de nouveaux investisseurs dans la société.

 

Quelques exemples

A travers ce site frenchweb.fr, vous trouverez quelques exemples d’entreprises locales ayant obtenues des levées de fonds à destination d’un développement à l’international comme Tilkee à Lyon et Lactips dans la Loire.

Marc-Alexis Roquejoffre

 

Comment trouver un business angel ?



Un article de Marc-Alexis Roquejoffre

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