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Mathieu-Robert Jourda : la suite de mon discours présidentiel

Mathieu-Robert Jourda : la suite de mon discours présidentiel

Une chronique de libre opinion de Mathieu-Robert Jourda : Pour vous être utile, chers concitoyens, je vous ai demandé de m’élire Président de la République. C’était utopique bien sûr, et personne ne pouvait être dupe de cette prétention, alors je me suis satisfait de pouvoir, grâce au JDE, vous faire part de mes analyses. Le handicap des utopistes c’est qu’ils portent leur regard au-delà de la vision du bon peuple, et s’il se trouve que leurs prédictions se réalisent, donc s’ils peuvent dire après coup « je vous l’avais bien dit », le peuple avoue simplement qu’il n’avait pas cru que ça pouvait arriver. En outre on ne consulte pas un journal pour avoir des prévisions, excepté la météo, mais pour apprendre ce qui s’est passé hier. Donc il n’y a aucune injustice à ne pas avoir été entendu.


Permettez-moi alors de vous rappeler ce que je vous avais dit. Le plus nettement assertif est mon article du 29 septembre 2016, intitulé « Nous élirons en mai 2017 le leader de « Podemos » à la française. » J’avais écrit que Emmanuel Macron était le représentant de cette mutation politique et ajouté que « nous le verrons peut-être parmi les candidats à la Présidence. » J’avais souligné à cette occasion que l’âge de 40 ans était significatif  puisque je citais Alexis Tsipras élu à 41 ans et Matteo Renzi à 39 ans, j’aurais aussi pu citer le leader de Podemos, Pablo Iglesias, élu en 2015 à 37 ans. Je vais ajouter quelques explications de ce moment charnière de nos vies afin d’éclairer mieux le sens de ces arrivées soudaines sur le devant de la scène politique.

J’ai traité de ce sujet dans un ouvrage publié en 2016 à l’Harmatttan, intitulé « Socialisation et orientation de nos ados ». Je professe que la vie sociale comporte une phase dite de « l’enracinement » de 18 à 29 ans et que pour toutes les phases « c’est l’âge terminal qui est décisif ». Pour la phase 18-29 l’échec de l’enracinement explique le passage au meurtre suicidaire des islamistes de 29 ans radicalisés. La phase 29-42 ans est « la course à la performance professionnelle et parentale ». Emmanuel Macron a fait l’impasse sur la performance parentale, il a épousé une femme mure qui a déjà fait deux enfants, il est donc totalement libre pour l’accomplissement socio-professionnel. Est-il mûr pour rénover la fonction présidentielle, that is the question !

Le défi à relever pour notre Bonaparte 2017, je l’avais implicitement désigné dans un article bien antérieur – du 18 avril 2016 , date de la création du mouvement En Marche ! – en écrivant « Le Politique a perdu le contrôle de l’Economique ». Pour notre jeune diplômé en français, en philosophie et en musique, adoubé intelligentsia par Sciences Po et l’ENA, post-formé aux affaires par Rothschild, puis à la politique par un stage au bureau de Hollande et enfin à l’Economie par une année de ministère. Il va donc nous démontrer qu’on peut satisfaire la demande nationale de mieux-être sans être expert en stratégie politique et pas davantage en science économique. Sa perspicacité payante a été de dénoncer l’échec des partis politiques de droite et de gauche, ce que le peuple avait amèrement constaté, et ce jeune homme était crédible puisqu’il avait participé en spectateur critique à cette fonction politique. J’avais moi-même énoncé ce verdict avant le premier tour de l’élection : 18 avril 2017, article intitulé « Les partis politiques sont désormais obsolètes ».

Il ne me restait plus qu’à faire une prévision et je l’ai publiée le 3 mars 2017 sous le titre explicite et catégorique  » Notre prochain Président de la République sera Emmanuel Macron ». Je n’avais pas osé pronostiquer qu’il serait devant Marine Le Pen au premier tour, mais j’étais certain du résultat final. Certain et désolé en même temps puisque j’ai écrit également le 23 février 2017 que « l’élection présidentielle sera pour moi un crève-cœur ». C’est donc le cœur saignant que le 7 mai je déposerai mon bulletin Macron. J’aurais préféré voter pour un candidat mûr, lucide sur la nécessité du changement de la mentalité politique, conscient que l’Economie sauvage doit être domestiquée et non pas enchaînée, mais le sociologue que je suis savait bien qu’une mutation ne peut pas être immédiatement une gestion sérieuse et intelligente. Il faut passer par cette petite révolution improvisée.

Nous ne pourrons pas nous passer des partis politiques, alors vont-ils comprendre la leçon ? Voulez-vous que je vous dise, sous forme d’un nouveau pronostic, ce qui va advenir ? En Marche va devoir être un parti, son chef va désigner ses candidats aux élections législatives, il ne les prendra pas dans les anciens partis, alors les partis traditionnels feront assaut de programmes salvateurs extrapolés de leurs doctrines traditionnelles. Macron n’aura pas de majorité à son nom, alors nous entrerons dans un quinquennat de rivalité des ersatz de changement. Aurai-je raison une fois de plus ?

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