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Mathieu-Robert Jourda : l’élection présidentielle sera pour moi un crève-cœur

Mathieu-Robert Jourda : l’élection présidentielle sera pour moi un crève-cœur

Une chronique de libre opinion de Mathieu-Robert Jourda : En avril nous aurons perdu le fil des différents discours et en mai nous choisirons qui nous plait dans la liste des Premiers Ministres possibles. Je m’explique.
Nous avons quatre candidats éminents : François Fillon, Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron. Je mets à part Marine Le Pen, j’y reviendrai. J’ai écouté leur discours. Chez chacun d’eux j’ai entendu un Premier Ministre et non pas un Président.


En effet ils ne nous disent pas comment ils vont incarner la France, ils annoncent les mesures pratiques qu’ils vont prendre. Ce n’est pas une élection que nous allons avoir, c’est un concours de techniciens économiques. Lisez les programmes, vous n’y verrez que l’énoncé des solutions à nos ennuis matériels. Je cite les propositions majeures :

M. Fillon prévoit le renforcement de la sécurité publique, l’allègement des contraintes des employeurs, la suppression de 500 000 fonctionnaires.

M. Hamon va supprimer la loi El Khomri et instaurer le revenu universel.

M. Mélenchon propose le refus des traités de libre-échange et l’abrogation de la loi travail trop favorable aux patrons exploiteurs.

M. Macron transformera le RSA, réformera l’ISF et créera la retraite à la carte.

Le choix du Président va donc se faire à partir de la détermination par chaque électeur de la mesure qui répond à son intérêt personnel. Jusqu’à présent l’élection était politique, nous avions à choisir entre des doctrines, essentiellement doctrine de droite et doctrine de gauche, mais nous avons hélas constaté que celles-ci n’engendrent pas les solutions efficaces et même qu’elles ne posent pas correctement le problème. Alors les gens qui font métier de diriger le pays – et qui, eux, ont prouvé que l’on peut très bien protéger son emploi et son salaire – font assaut de propositions alléchantes. Regardez bien les quatre sélections de solutions ci-dessus énoncées, et supprimez le nom des auteurs, pourriez-vous les qualifier de droite ou de gauche ? Et d’ailleurs, c’est bien cette indistinction qui a encouragé M. Macron à être candidat : il est ni de droite, ni de gauche, il se présente comme un super-technicien de la santé économique. Un bref passage comme salarié chez un symbole de la richesse internationale triomphante – Rothschild – a suffi comme référence pour être nommé ministre de l’économie. C’est dire à quel point, comme je vous l’ai déjà dit dans cette chronique, « le Politique a perdu le contrôle de l’Economique ».

Alors un mot sur Marine Le Pen. Quand vous lisez dans son programme : remettre la France en ordre, lui rendre sa souveraineté nationale, créer le referendum d’initiative populaire, faire de la France un pays de liberté et instaurer une sécurité globale forte, n’avez-vous pas là un discours de Président et non pas de Premier Ministre ? Quelle performance ! Et en plus c’est une femme ! Et même une femme extrémiste, vous vous rendez compte ? Ses électeurs, nous les connaissons déjà, c’est le bon peuple, c’est les braves gens, c’est les bons français de souche, c’est les héritiers de Jeanne d’Arc,  et même, mais oui, les immigrés qui sont venus chez nous par admiration de notre entité nationale, pour tout dire c’est la vraie France !

Et pour finir, un bref rappel et commentaire sur la Présidence de François Hollande. Souvenez-vous, lorsqu’il annonça sa candidature, il fit la célèbre anaphore « Moi Président » et, reconnaissez-le, il s’est comporté en Président. Nous l’avons tous admiré quand il a pris position sur le plan international, grâce à lui la France donne l’image à laquelle elle tient depuis toujours. Sur le plan économique hélas, après avoir indiqué l’ennemi à combattre – le Capital – il a laissé ses ministres concevoir la stratégie et la mobilisation des forces. Il a donc cru que sous son commandement suprême les généraux sauraient assurer la victoire sur le terrain. Ce fut un échec. Il le reconnut et se rendit de son plein gré à l’échafaud. Alors tous les petits généraux de brigade sont entrés en concurrence, proclamant que si on leur avait laissé diriger les troupes, eux ils auraient assuré la victoire de nos armées.

Faire mon devoir citoyen en mai sera pour moi un crève-cœur.

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