Décideur

Olivier Bianchi : un maire épicurien

Olivier Bianchi : un maire épicurien

Rien ne prédestinait Olivier Bianchi à faire de la politique. Aujourd’hui, maire de Clermont-Fd et président de Clermont Auvergne Métropole, il revient sur son parcours et se révèle comme un élu guidé par des valeurs humanistes, un épicurien assumé, passionné d’histoire et de littérature. Portrait de l’homme qui ambitionne de porter Clermont-Fd au rang de Capitale européenne de la Culture en 2028.


De ville en ville

Tout commence dans le 11e arrondissement de Paris, un 10 juin 1970. Olivier Bianchi né d’un père niçois agent SNCF et d’une mère bretonne puéricultrice. Tous les 3 ans, la famille change de ville pour répondre aux mutations professionnelles du père. Après une longue escale à Sens dans l’Yonne, ses parents s’installent à Aurillac où il y passera ses dernières années de collège. Olivier Bianchi obtient son Bac au Puy avant de poser ses valises à Clermont-Ferrand en 1988 pour y étudier le droit et décrocher une maîtrise de droit public puis un DEA de sciences politiques.

« Au moment de choisir mon orientation, j’ai hésité entre l’histoire et le droit. Je me suis dit que l’histoire, je pouvais l’acquérir au fil de mes lectures. Le droit, il fallait qu’on me l’apprenne. »

Premières expériences électorales

Ses parents n’étaient pas militants. Rien ne prédestinait Olivier Bianchi à faire de la politique et pourtant, c’est au collège que le futur maire clermontois alors adolescent vit ses premières expériences électorales : « Depuis la 6e, j’ai toujours été élu délégué de classe. », se souvient-il avant de poursuivre : « Si je m’implique c’est parce que je ne supporte pas d’être sous contrainte. Je veux soit comprendre, soit agir. »

A peine arrivé à Clermont-Fd, Olivier Bianchi rejoint le syndicat étudiant UNEF-ID dont il assurera la présidence de 1993 à 1994. Son diplôme en poche, il enseigne pendant 10 ans à l’Université d’Auvergne auprès des 1ères et des 2e années de droit.

Premiers pas à la mairie de Clermont-Fd

En 1995, Roger Quillot, alors maire de Clermont-Ferrand, le repère à l’UNEF-ID et lui propose de devenir délégué jeunesse et création culturelle. Avec son équipe, Olivier Bianchi lance alors l’opération « Clermont fête ses étudiants » ainsi que la Carte Cité Jeune. Il participe également à la mise en place du fonds de solidarité pour les étudiants. Une première en France.

En 2001, le poste d’adjoint à la Culture se libère. Roger Quillot revient alors vers Olivier Bianchi avec une nouvelle opportunité qu’il saisit. Il y restera finalement jusqu’à son élection en 2014.

« Quand on est un homme de gauche, il y a 2 grands terrains sur lesquels on peut agir. Des gens qui interviennent sur le terrain économique pour lutter contre les désagréments sociaux d’un libéralisme trop échevelé. Et d’autres, qui travaillent plus sur un changement culturel, intellectuel de la société. Moi, j’étais plutôt intéressé pour enrichir culturellement, éducativement les concitoyens et essayer de proposer un modèle prônant des valeurs d’ouverture aux autres, de solidarité… La culture est vecteur de ces valeurs. »

D’adjoint à la Culture à maire

Lorsque Serge Godard, maire de Clermont-Fd depuis 1997, décide ne pas se représenter à l’élection de 2014, Olivier Bianchi tente sa chance avec un objectif : « sauvegarder 15 ans de politique culturelle » qu’il a construit de ses propres mains. Les militants du parti socialiste le désignent candidat pour conduire la liste aux municipales. Le deuxième tour annonce finalement sa victoire le 4 avril.

Fraîchement nommé maire de la Ville à 43 ans, Olivier Bianchi est élu président de Clermont Auvergne Métropole (ex-Clermont Communauté) le 22 avril 2014. « Clermont est à la croisée de son histoire. On doit devenir une ville créative. On ne doit pas avoir peur de cette métropolisation. »

Ses fonctions et responsabilités évoluent mais Olivier Bianchi continue de s’investir dans les politiques culturelles en acceptant, peu après son élection, d’être co-président, avec le maire de Cannes, de la Commission culture et attractivité du territoire au sein de France Urbaine, une association qui fédère les élus des métropoles, agglomérations et grandes villes.

« C’est aux pouvoirs publics de faciliter l’accès aux œuvres culturelles. »

Vis ma vie

Sa vie est une éternelle course contre la montre. Sollicité de toutes parts, « les journées terminent tard le lendemain. », confiait Olivier Bianchi lors d’un déjeuner au Club de la presse. « J’invite quiconque à passer une semaine avec moi ! » proposait-il aux journalistes. Alors, dès que son agenda lui permet, il s’adonne à la lecture, une passion vissée au corps qui l’anime depuis tout petit : « Je lis en permanence. Je dévore les livres car j’aime l’émotion que peut me procurer la lecture. »

Père d’un petit garçon, Olivier Bianchi est aussi un épicurien assumé qui – comme il le confie sans aucune retenue – profite de la vie : « Je préfère mourir jeune et avoir une vie stimulante qu’avoir une longue vie tranquille. »

Un pari mesuré

En 2001 alors qu’il est adjoint à la Culture et qu’il anime le premier rendez-vous avec son équipe, Olivier Bianchi annonce qu’il va engager de profonds chantiers avec l’ambition de porter Clermont-Ferrand au rang de Capitale européenne de la culture. Une utopie pour certains, un pari fou qu’il entend vraiment réaliser.

Parce qu’elle est « un accélérateur de développement », cette candidature promet d’engager Clermont dans «  une mutation impressionnante. » comme l’explique Olivier Bianchi : « Ce n’est pas un grand raout avec des spectacles dans toutes les rues pendant un an. C’est bien plus que ça. Ce sont des projets urbains, des budgets qui sont débloqués, des investissements, des outils pour le développement territorial. C’est de l’économie et ses entreprises qui agglomèrent. C’est de l’image renforcée en termes d’attractivité avec la possibilité, demain, pour les entreprises de recruter les talents qu’ils ont besoin. »

Pour relever ce challenge, une équipe dédiée planche sur le dossier. L’opération Effervescences et sa programmation culturelle permettent d’impliquer, de fédérer les Clermontois autour du projet et de « montrer qu’on est capable d’organiser de grands événements ». Le rendez-vous est donné en 2023. La date paraît lointaine mais ce temps est précieux pour préparer le grand oral devant la Commission européenne. Le verdict sera prononcé en 2028 en espérant que Clermont en sortira vainqueur.

 

Catty Boirie



Un article de Catty Boirie

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