Auvergne

Personne, individu et communauté.

Personne, individu et communauté.

Il est temps de penser le post-nationalisme.


Un fois bien ancrée la différence cruciale entre l’individu (l’atome social vu dans son extériorité) et la personne (l’être humain pris dans son intériorité), il est possible d’affirmer que l’individu, par soi et en soi, n’a ni valeur, ni intérêt. L’individu ne prend consistance que par ses appartenances (ses interdépendances, donc) aux communautés de vie qui le transcendent et, donc, lui donnent sens et valeur.

Mais de quelles communautés s’agit-il ?

Depuis 1792, l’idéologie française place la communauté nationale – la Patrie – au centre de son dispositif ; mais une telle communauté est une abstraction, artificielle et démagogue, qui ne correspond à rien d’autre qu’à un Etat central jacobin, assorti de tous les césarismes possibles.
De son côté, Hegel encensait l’Etat (au sens transcendantal) qui implique les notions de culture, d’histoire, de mémoire, de langue communes et dont la pérennité devait être garantie par l’Etat (au sens institutionnel) ; on retrouve là la théorisation de l’idée prussienne et bismarckienne d’identité (pan)germanique.

Dans ces deux cas, il s’agit de nationalisme (lié à l’action napoléonienne) ; cette notion est obsolète et doit être éliminée de la pensée et de la philosophie politiques. Les nationalismes, tous issus de 1792 (« La Patrie en danger » – « Aux armes, ô citoyens »), ont été le cancer du monde durant deux siècles et la source unique de toutes les nombreuses guerres mondiales, qu’elles soient militaires, idéologiques, commerciales, technologiques ou monétaires ; il est temps de les éradiquer.
L’idée de contrat social, inventée par Hugo Grotius, reprise par Thomas Hobbes et John Locke, et plagiée par Jean-Jacques Rousseau, est une autre approche, mais elle n’est que pure théorie : personne n’a jamais ni rédigé, ni lu, ni signé ce fameux « contrat » qui est un pur artifice.

La seule « chose » collective qui puisse transcender des individus et leur donner, à la fois, sens et valeur, est une « cause » commune, un projet commun : projet de construire un futur (projet entrepreneurial) ou projet de gérer un passé (projet patrimonial) ou les deux. C’est l’adhésion, directe et réelle, active et contributive, à un tel projet, qui fonde la notion égrégorique de « communauté de vie ». Tout le reste n’est que transaction apolitique.

L’individu ne prend sens et valeur qu’au service d’une cause qui le dépasse et qu’il doit pouvoir choisir librement. Et toute personne est totalement libre de se consacrer exclusivement à son accomplissement intérieur, de refuser toute contribution extérieure, toute adhésion à quelque cause commune ou communauté de vie que ce soit, et de se dépouiller de toute individualité.
Personnalisme et communautarisme constituent les deux piliers de toute pensée politique post-nationaliste.

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Marc Halévy

Marc Halévy, conférencier, expert et auteur a fait ses études à l’école polytechnique de Bruxelles avec une spécialisation en physique nucléaire. En 1973, il devient élève d’Ilya Prigogine, prix Nobel 1977, grâce auquel il commence sa contribution au développement théorique de la physique des systèmes et processus complexes, discipline qu’il applique plus spécifiquement aux univers de la prospective, de l’économie et du management. En parallèle, il mena des études de MBA et en philosophie et histoire des religions. Après 1982, il a, par ailleurs, exercé la profession de manager de crise lors de nombreuses missions s’étalant sur plus de dix ans. Jusqu’en 1993, il a passé la majeure partie de sa vie aux USA. Il est l’auteur de plus de cinquante ouvrages de prospective, spiritualité et philosophie.

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