Formation, éducation

Réforme de la formation professionnelle, risques et opportunités pour les organismes de formation

Réforme de la formation professionnelle, risques et opportunités pour les organismes de formation
Participants de la Conférence Opcalia

La mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle, dont les décrets d’application viennent de paraître, est une petite révolution culturelle dans le monde de l’entreprise. «Quelle(s) stratégie(s) de développement dans un monde en mouvement ?» est le thème de la conférence organisée par Opcalia Auvergne et la FFP Auvergne (Fédération de la Formation Professionnelle)1 sur les impacts de cette réforme pour les organismes de formation.


Qu’est ce que ça change ?

Pour Pierre Courbebaisse, Président de la FFP Auvergne-Limousin, « l’évolution de la formation professionnelle est un chantier ouvert ». Les organismes de formations vont devoir s’adapter à un monde qui change et passer d’une logique de l’offre, avec son catalogue bien structuré dans lequel les entreprises viennent acheter un produit standard, à une logique de la demande. Ils devront se mettre à l’écoute des besoins et s’adapter.

Point fort de la réforme, le Compte Personnel Formation (CPF) qui remplace le DIF (Droit Individuel à la Formation). Il vise l’élévation du niveau de qualification des salariés. Selon Marc Hoogendijk, juriste au sein d’ OPCALIA, la loi du 5 mars 2014 (1) est une réelle opportunité pour les organismes de formation : « la place des Organismes de formation en a été confortée. L’idée reste de former plus malgré une baisse des cotisations » avec, pour l’entreprise « une montée en puissance de la qualité » . L’OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé) aura alors pour tache d’«orienter ses financements au regard de critères qualité et de mettre en place des procédures d’audit des formations financées. » afin de vérifier la qualité des organismes de formation sur des critères qui doivent être définis en Conseil d’Etat. La liste de ces formations éligibles au CPF devrait être arrêtée et publiée dans les prochains jours.

Pas de panique ; la plupart des organismes de formation proposent déjà des formations et certifications inscrites au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) et des Certificats de Qualification Professionnelle de branche (CQP).

C’est le cas de Metaforme langues, certifié OPQF (Office Professionnel de Qualification des Organismes de Formation), qui dispense des qualifications TOEIC (Test of English for International Communication). Son Président, Arnaud BEYRAND, est serein : « Pour nous, le DIF représentait 35 à 40 % de notre chiffre d’affaire. Cette nouvelle loi va nous obliger à nous professionnaliser et à faire encore mieux. Ca fait réfléchir sur la façon de créer des modules».

OPCALIA

En tant qu’Organisme paritaire collecteur agréé (OPCA), OPCALIA finance la formation des salariés et contribue au référencement des organismes de formation. Acteur national de premier plan dans la collecte et la gestion des contributions des entreprises au titre de la formation professionnelle continue, Opcalia représente 29 branches professionnelles et 10 secteurs d’activité partenaires soit 73 000 entreprises adhérentes et 2,5 millions de salariés. A ce titre, les entreprises de tous secteurs d’activité peuvent choisir de faire appel à ses services. L’OPCA a élaboré un référentiel qualité des formations avec des critères allant de l’accueil et de l’information du stagiaire à la présentation d’un programme (objectifs et moyens mis en œuvre) jusqu’au suivi post formation. Pour Marc Hoogendijk, les organismes de formation devront « présenter des garanties, être adaptés au public, disposer de moyens suffisants, de formateurs qualifiés et formés, d’un processus de maintien à jour de leurs connaissances. » Sera aussi pris en compte un critère de satisfaction des stagiaires. Par ailleurs « l’offre de formation sera de plus en plus analysée par rapport à se pertinence au regard des besoins de l’entreprise et l’évolution professionnelle du salarié. »

Autre impact de la loi, les organismes de formation devront s’orienter vers la mise en place de nouvelles modalités pédagogiques comme la FOAD, Formation Ouverte et A Distance ou l’enseignement via des plateformes de mise à disposition du public de cours en ligne sur internet. L’avenir de la formation est à la souplesse, à l’individualisation, au « sur mesure » d’autant plus que, au delà des entreprises, les salariés vont devenir « acheteurs » de formation : « les salariés ont avec cette loi un droit opposable ; le seul accord à demander à l’employeur concerne le calendrier, pas le contenu ». De même, les demandeurs d’emploi, les personnes en arrêt de travail, les travailleurs indépendants, artisans, professions libérales, auto-entrepreneurs, vont pouvoir bénéficier d’un financement de leur formation.

Un constat que Pierre Courbebaisse résume : « Désormais il y a deux marchés : le marché de l’entreprise qui est relativement libre et va au delà du champ des Ressources Humaines et le marché des personnes, salariés ou demandeurs d’emploi : on aura en face de nous un consommateur. La formation en ligne va probablement exploser bien qu’il faille fournir la preuve de la qualification acquise. »

Le conseil en évolution professionnelle

Le CEF est un nouveau dispositif permettant d’être accompagné dans son projet professionnel et d’évolution de carrière. Gratuit, réalisé en dehors de l’entreprise, il est ouvert à tout salarié et demandeur d’emploi, mais aussi aux travailleurs indépendants. Ce que dit la loi est que toute personne peut bénéficier, à titre gratuit, d’un Conseil en Evolution Professionnelle (CEP) dès son entrée sur le marché du travail quel que soit son âge, son secteur d’activité, son statut et sa qualification et la taille de son entreprise.

Le conseil en évolution professionnelle permet d’analyser son parcours professionnel et d’être suivi par un référent en vue d’élaborer une stratégie d’évolution ou de reconversion. Les grandes étapes sont l’accès à une information sur les métiers, les qualifications et les formations, l’élaboration d’un projet professionnel : faisabilité, compétences à acquérir ou à développer et la construction de son plan d’action.

Les organismes habilités à dispenser le CEP sont Le Fongecif pour les salariés, Pôle Emploi pour les demandeurs d’emploi, Cap Emploi pour les personnes en situation de handicap, La Mission Locale pour les moins de 26 ans, l’APEC pour les cadres.

la formation professionnelle : un investissement stratégique pour les entreprises

La réforme engage les employeurs. Ils sont désormais responsables de l’efficacité des formations qu’ils mettent en place en partenariat avec les instances représentatives du personnel et ses salariés. En favorisant l’accès à des formations qualifiantes, les employeurs s’appuient sur la ressource humaine de l’entreprise pour se déployer sur de nouveaux marchés, gagner en productivité, devenir plus performants et à même d’affronter les enjeux économiques futurs.

C’est tout l’enjeu de la réforme : « La formation devient investissement. La dépense formation des entreprises va diminuer mais il faut partir du principe qu’il s’agit d’un investissement qui ira bien au delà de son obligation car c’est un atout dans sa compétitivité » rassure Marc Hoogendijk. Un propos que ne dément pas Isabelle Allard, DRH de la société SOFAMA dans l’Allier et des Ateliers du Meygal à Yssingeaux, deux entreprises du secteur de la maroquinerie : «  Même si la baisse de la cotisation à 0,9% est là, la formation reste un axe fort, on va continuer à faire ce que l’on a mis en place avec des formations en interne sur les nouvelles techniques de maroquinerie. ».

Pour les entreprises cette question du retour sur investissement que l’entreprise peut attendre de la formation devrait devenir le principal critère de choix. Les employeurs ont cette obligation de maintenir l’employabilité de leurs salariés. Pour cela la loi met en place une obligation de consulter les salariés pour l’élaboration de leur parcours de formation : l’entretien professionnel permet de définir le socle de compétences à développer et le plan d’action en découlant.

Nombre d’entreprises n’ont pas attendu la loi pour mettre en place cette pratique, cependant Opcalia propose à ses adhérents un certain nombre d’outils pour la construction de leurs supports d’entretiens

En savoir plus :

La fédération de la Formation Professionnelle,  regroupe 400 adhérents représentant 2 000 organismes de formation du secteur privé. En Auvergne Limousin, les 14 organismes de formation de la FFP conseillent en évolution de carrière, sur la formation en alternance et dispensent 2 000 000 heures de formation par an.

Opcalia : son rôle est d’informer les entreprises, de les accompagner dans la définition et la mise en œuvre de leurs projets de recrutement, de formation, simplifier leurs démarches administratives, de mobiliser des cofinancements externes (Europe, Etat, Région, FPSPP…), faciliter l’adaptation aux mutations socio-économiques en assurant une veille permanente sur l’évolution des métiers et sur l’évolution des certifications professionnelles



Un article de Chantal Moulin

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