Auvergne

Ruralitic, la ruralité connectée

Ruralitic, la ruralité connectée
Photo archives Ruralitic 2015.

L’esprit de RURALITIC, carrefour d’échange sur les pratiques du numérique dans les territoires ruraux est de partager les bonnes pratiques. La 10ème édition de Ruralitic a célébré la formidable aventure collective de l’arrivée du numérique dans chaque commune et fait du monde rural une terre d’innovation.


L’Auvergne à l’heure de la French Tech

Puisque le TGV ne vient pas à elle, la région auvergne ira plus vite encore. En faisant du numérique le levier principal de son développement, elle s’affirme comme la première région d’Europe connectée. Depuis 2009, année où elle a reçu le premier prix européen pour l’accès au numérique, elle n’a de cesse de progresser et conserver cette longueur d’avance.

La signature en 2013 d’un accord de partenariat Public/Privé avec Orange, pour le déploiement du Très Haut Débit, a fixé l’objectif très haut : il est de 46 000 prises optiques d’ici 2017 et de 65% de la population couverte entre 2017 et 2021.

C’est ainsi que le calendrier du déploiement de la fibre en Auvergne va permettre pour 2 foyers sur 3 de bénéficier pleinement des usages du numérique d’ici 2017 sachant que les autres y auront progressivement accès via d’autres technologies (satellite notamment).

Tout ceci ne va pas sans un fort engagement financier, à hauteur de 50 M€ pour les années 2015/2017 et 57 M€ inscrits au Contrat de Plan Etat Région pour la suite. « Nous sommes à fond sur les services et sur les usages, qui ouvrent un champ considérable » se plaît à le rappeler le Président de région, René Souchon, « J’entends des élus pleurer qu’ils se sentent abandonnés. Je leur réponds : on change d’époque, il faut prendre à bras le corps l’évolution technologique. » C’est pourquoi dans les Contrats de Territoires (1) les projets présentés par les élus doivent inclure les usages du numérique, pour être retenus.

La ruralité « augmentée »

Verrons-nous fleurir des fablabs (2) au pied des monts du Cantal ? Rien d’impossible si l’on en croit le Président de région. « Le numérique est le levier majeur des territoires ruraux. Il faut l’intégrer. La région propose son ingénierie territoriale sur le volet numérique pour aider les élus ruraux de faire évoluer leurs projets. » A contrario d’autres régions où ce sont les communautés de communes qui le plus souvent prennent en charge non seulement l’ingénierie des projets mais surtout la construction des infrastructures, la région Auvergne leur apporte l’un et l’autre. S’en priver c’est passer à coté de la 3ème révolution technologique ; celle qui donnera leur chance aux territoires ruraux en les sortant de l’enclavement et de la contrainte de déplacements longs et coûteux. Ils auraient tort de ne pas prendre cet autoroute de la modernité.

L’exemple du pays du Perche

Le développement des nouvelles technologies est une chance unique pour les territoires ruraux qui ont vu fleurir des start-up là où depuis longtemps on n’avait pas vu de création d’entreprise et où les départs à la retraite n’étaient pas remplacés. Aujourd’hui, l’essentiel des acteurs du numérique consiste en ce réseau d’une multitude de petites start-up que les élus locaux vont devoir épauler. La stratégie du Perche 2.8  a été d’accompagner ce développement en soutenant plus de 100 projets éligibles aux financements européens (LEADER) dans les domaines de la e-santé, de la e-formation, du télé travail, … Pour Jean-Pierre Jallet, Président du Pays du Perche, «  les pays sont des territoires de projet qui peuvent porter cette mutation technologique. Pour que tous ensemble, nous réalisions un réussite globale de nos territoires . L’avenir il est là devant».

L’Etat engagé aux côté des élus

Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au numérique, a fait des usages du numérique en milieu rural l’un des axes forts de son Ministère. Son déplacement à Polminhac pour assister aux travaux de Ruralitic en témoigne, tout comme son propos : «  Désormais tout le monde comprend que, dans la newtech, il y a l’agritech aussi.  La thématique de la médiation et de l’inter-médiation dans des tiers lieux fait son chemin pour rendre l’avenir possible. »

La priorité qui se dégage dans la politique gouvernementale est, avec la transition écologique, la transition numérique qui devra l’accompagner pour un développement durable.

Or aujourd’hui, comme l’a souligné le Président du pays du Perche et le constate tout autant René Souchon en Auvergne, l’expérimentation vient en grande partie des territoires ruraux. Comment renouveler le milieu rural par le numérique tel est l’enjeu, à la fois économique, environnemental et sociétal si l’on considère que l’accès de tous au réseau est aussi une question d’égalité des citoyens. Or, constate la secrétaire d’Etat, « 20% des lignes ne permettent pas un accès minimum, essentiellement en zone rurale, alors que 2/3 des emplois industriels se trouvent dans les territoires ruraux. Assurer cette égalité est l’ambition du plan France Très Haut Débit ». Gratifiant au passage l’Auvergne de « très bonne élève » elle rappelle que « le rôle de l’Etat est de donner de la sécurité à l’ensemble des acteurs et donc de la prévisibilité ». Concrètement, cela concerne la sécurisation des crédits, l’adoption de dispositions sur les tarifs d’accès au réseau, l’obligation de fibrage des logements et l’adoption d’un nouveau statut pour les zones fibrées.

Le projet de loi numérique comprendra un volet sur la question de la couverture mobile, en introduisant une obligation légale pour les opérateurs de couverture du territoire.

Les territoires ruraux sauront-ils prendre le virage de cette révolution technologique pour leur développement ? Il semblerait qu’en Auvergne ce soit déjà une réalité.

Pour le savoir, le rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition de Ruralitic les 14 et 15 septembre 1016 à Polminhac

(1) – La politique de développement et d’aménagement régionale est déployée sur l’ensemble du territoire sous la forme de contrats passés entre la Région, les Pays et leurs EPCI.
(2) – les Fablabs sont des lieux ouverts au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, notamment des imprimantes 3D et machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets.



Un article de Chantal Moulin

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