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Vichy : Vincent Escano, le choix d’un métier conjugué au masculin

Vichy : Vincent Escano, le choix d’un métier conjugué au masculin

En 2016, encore, les hommes gagnent en moyenne 23,5 % de plus que les femmes, soit 455€ par mois et donc environ 235 000€ à la fin d’une carrière de quarante-trois ans. Les raisons ? Des femmes assumant plus généralement des responsabilités familiales (30% de femmes actives en temps partiel contre 7% des hommes) et leur présence massive dans des métiers peu qualifiés. S’il est important de travailler dans le sens d’une parité salariale, des évolutions doivent aussi se mettre en place sur le regard porté sur les métiers : telle est la vision de Vincent Escano, sage-femme au Pôle Santé des Célestins à Vichy.


Qui a dit en effet que les femmes ne pouvaient pas être maçon, ou que les hommes n’étaient pas fait pour être secrétaire ? L’orientation scolaire, la bienveillance familiale et la mise en lumière de profils sortant des cadres préétablis, doivent jouer un rôle important pour guider filles et garçons dans des voies de passion et non d’obligation sexiste.

Faisant fi des regards obliques et remarques pas toujours encourageantes, des hommes et femmes exercent des métiers qu’on ne dit réservés qu’à certains. Vincent Escano, sage-femme au Pôle Santé des Célestins, est de ceux-là. Sans revendication ni poing levé, il accompagne les futurs parents, dans un métier qu’il a choisi comme une évidence. Si les correcteurs d’orthographe insistent encore pour modifier le ‘’un’’ sage-femme en ‘’une’’, lui assume avec fierté ce métier qui le rend forcément un peu unique.

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‘’Je ne me suis jamais dit, je vais faire sage-femme parce que c’est insolite ! Je fais ce métier parce que dans 90% des cas mes patients sont heureux de venir me voir. Contrairement à un médecin, mon travail est de ne rien leur trouver’’, confie Vincent Escano, dans son bureau du Pôle Santé dirigé par le Docteur Thierry Haag. Ce jeune sage-femme de 26 ans s’est installé en libéral au premier janvier 2015, après avoir prouvé sa … motivation. ‘’J’ai d’abord téléphoné à la secrétaire du docteur Haag pour savoir s’ils avaient de la place pour un sage-femme dans leur équipe. Puis 5 minutes après je suis venu en personne me présenter. Sans nouvelle au bout de quelques semaines, je n’ai pas hésité à rappeler et j’ai intégré cette équipe. Comme l’a dit Thierry Haag, si on me ferme la porte je passe par la fenêtre’’ s’amuse Vincent Escano. A 25 ans, il s’installe donc en libéral au cœur du cadre privilégié du Pôle Santé des Célestins et prend en charge la partie obstétrique pour soulager l’équipe de gynécologues en place.

Sage-Femme, un métier complet et complémentaire

Vincent Escano a grandi à Fouras, une petite ville proche de La Rochelle, bien connue des fans d’énigmes et de fort aux boyards bien gardés. S’il rêve comme beaucoup de gamins d’être vétérinaire pour sauver les animaux, c’est bien vers les humains qu’il tracera son chemin de médecine : ‘’Ma famille n’a pas de spécialité, chacun fait ce qui lui plait comme métier alors personne ne s’est étonné de mon choix’’. En fac de médecine à Poitiers, il se spécialise et intègre l’école de sage-femme : ‘’Poitiers  a été la première école à accueillir des hommes et aujourd’hui encore on en compte près de 10%, ce qui est très rare. Sur 22.000 sages-femmes en France il y a moins de 1.000 hommes dont 90% en milieu hospitalier,’’ précise-t-il. Son passage obligé par l’univers hospitalier le conforte un peu plus dans son envie profonde de travailler en libéral. Auprès de l’équipe de Thierry Haag, Vincent Escano a de suite trouvé une place de choix sans hiérarchie ou esprit de compétition. ‘’Les gynécologues ont parfois peur de l’ouverture des compétences des sages-femmes mais chacun son domaine. Le gynécologue s’occupe des pathologies, nous, du suivi pré et post-natal en cabinet et à domicile, nous sommes donc complémentaires’’.

Vincent Escano, comme tous ses confrères et consœurs, peut également réaliser du dépistage (frottis), de la prescription de contraceptifs ou même la pose d’un stérilet. Des missions pouvant soulager les médecins aux salles d’attentes engorgées. Au sein du Pôle Santé, les spécialistes n’ont eux qu’à traverser un couloir ou passer une porte pour demander conseil à un collègue étiopathe, gynécologue, sophrologue ou dermatologue. Un gain de temps et d’efficacité couplé à une chaleureuse vie en collectivité.

Dépasser les préjugés

Si les mentalités évoluent, Vincent doit encore au quotidien faire progresser la vision qu’ont les patientes et leurs conjoints sur le métier de sage-femme. Avec humour et respect des pudeurs, il combat les préjugés : ‘’Un homme est forcément plus doux car on ne sait jamais ce que c’est que d’être une femme. Pas d’utérus, pas d’avis, je prends donc en compte la parole de mes patientes. Je ne suis qu’un guide qui conseille et qui n’a pas à imposer une idée ou vision’’. Avec professionnalisme il répond donc aux inquiétudes dans des entretiens personnalisés et sans tabou, en insistant sur le fait que le cadre élégant des Célestins n’a aucune incidence sur ses tarifs, identiques aux autres indépendants. Vincent Escano tient aussi à remettre certaines choses au clair : ‘’Je ne pratique pas d’accouchement à domicile.  La délivrance est un moment délicat où les hémorragies peuvent être très importantes. Nous n’avons que 5 litres de sang dans notre corps, c’est ce que je rappelle à mes patientes pour leur faire comprendre l’importance d’un accouchement médicalisé’’.

Aujourd’hui le bouche à oreille fonctionne bien et les patients de Vincent Escano sont ses meilleurs ambassadeurs. Dans son cabinet où les artistes street art s’affichent avec dynamisme, le jeune homme construit avec conviction le style forcément unique qui est le sien en libérant les paroles. Une constante amusante semble lui prouver que son métier devient naturellement banal : ‘’Dès que je parle de mon travail, les femmes font ce qu’elles font avec toute femme enceinte, elles me racontent leur accouchement. Mais moi, elles ne me touchent pas le ventre’’ conclut Vincent Escano, heureux de vivre aujourd’hui le métier qui le fait vibrer.

Focus : Le 29 mars 2016 a eu lieu en France la journée de l’égalité salariale. Une journée très significative qui met en avant les inégalités existant encore entre les hommes et les femmes. En moyenne, ces dernières devront attendre la fin du mois de mars pour toucher le salaire qu’un homme a touché au 31 décembre précédent. Ou bien dit autrement, si une femme avait un salaire équivalent à un homme, chaque année elle cesserait d’être payée à partir de la fin du mois d’octobre. Pour favoriser l’embauche de femmes dans des secteurs où elles sont peu présentes, la Délégation aux Droits des Femmes et à l’Egalité (DDFE) peut verser aux entreprises volontaires une aide financière destinée à financer des formations, des aménagements matériels (ex : construction de vestiaires) ou des achats de matériel pour réduire la pénibilité (ex : limiter le port de charges lourdes).

L’un des leviers pour favoriser la création, la reprise ou le développement d’entreprises par les femmes consiste à faciliter l’accession au crédit bancaire. A cette fin, le Fonds de Garantie à l’Initiative des Femmes (FIGF) permet de garantir une partie des prêts sollicités.

Sources : 

Les chiffres clés de l’égalité entre les femmes et les hommes (éditions 2015 et 2016)

L’Observatoire des inégalités

Rédaction : Bénédicte Rollet, NOTA Bene, pour les carnets économiques de Vichy Val d’Allier Développement

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Un article de la rédaction du Journal de l’éco

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