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Vivre l’échec, et surtout rebondir

Vivre l’échec, et surtout rebondir

« Touché mais pas coulé ». Le titre de la plénière du Printemps des entrepreneurs 2018 donne le ton. Même si l’échec est un moment (très) difficile à traverser, il faut savoir apprendre de ses erreurs pour aller de l’avant et rebondir. Une étape dont on sort plus fort. Regards croisés entre Bernard Reybier, PDG Fermob, Nicolas Duval, fondateur de Takeaway, Marie-Josée Bernard, professeure de management à emlyon et Guillaume Mulliez, président de l’association 60 000 rebonds Auvergne-Rhône-Alpes


Une étape douloureuse qui rend plus fort

« L’échec n’est pas une maladie. C’est juste une étape. Il n’y a pas de loosers d’un côté et de vainqueurs de l’autre. » lance Marie-Josée Bernard, professeure de management à emlyon.

Si ce n’est pas une maladie, l’échec est toutefois un moment bien douloureux à passer. Une souffrance augmentée par le regard que posent les autres sur soi. « Il y a beaucoup d’impact quand nous n’avons pas pu faire face à nos responsabilités. Il est dur et long de reprendre confiance, d’autant plus que cela dépend de la manière dont est parti de cet échec et de comment on a été entouré. » poursuit Marie-Josée Bernard.

Autour de la table, c’est bel et bien Nicolas Duval, fondateur de Takeaway, qui pouvait le mieux en parler. Il a lui-même connu un récent échec : la liquidation judiciaire de sa société en août 2017. Aujourd’hui, il s’annonce « guéri » mais c’est à demi-mot qu’il lance : « L’échec est une vraie expérience. »

Les signaux d’alerte

Avant d’être confronté à l’échec, des signaux avertissent du danger qui s’annonce. « Nous recevons des signaux faibles mais que nous n’avons pas écoutés. », explique Bernard Reybier, PDG Fermob. Et de reprendre : « Le sur-optimisme ne permet pas de rebondir car il flirte avec l’absence de lucidité. » Un avis partagé par l’ancienne basketteuse professionnelle aujourd’hui DG de Lyon Asvel Féminin, Marie-Sophie Obama : « On est la tête dans le guidon alors que le doute peut être garant d’éthique. »

D’après Guillaume Mulliez, 60% des rebonds interviennent suite à la création d’entreprise. C’est dire s’il faut de l’audace pour oser se lancer dans l’entrepreneuriat. « Entreprendre est un sport de haut niveau car les dirigeants ne sont pas seulement des héros. Ils doivent être dotés de multiples compétences mais aussi de qualités humaines. Il faut accepter de baisser les armes pour affronter sa fragilité. », concède Marie-Josée Bernard.

Sur la voie de la résilience

La résilience, c’est quoi ? Marie-Josée Bernard répond : « Se libérer d’une contrainte. Il y a un double mouvement : un mouvement de retrait puis de départ en avant. La résilience n’est possible que s’il y a une main tendue, un tuteur de résilience. »

Savoir s’entourer, la meilleure option pour sortir la tête de l’eau comme l’explique Guillaume Mulliez : « Notre association 60 000 Rebonds accompagne les dirigeants en situation d’échec comme des boxeurs « out ». Le premier conseil c’est de ne pas s’enfermer chez soi. Le deuxième : de retrouver de la confiance en soi, de l’énergie. Pour cela, l’association confronte la personne avec d’autres dirigeants ayant eux aussi vécu un échec. Le fait de parler à des gens qui ont traversé des moments difficiles aident à libérer la parole car ils ne sentent pas jugés. »

Catty Boirie

 

 



Un article de Catty Boirie

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