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L’alchimie dionysiaque : réseaux et coopération – Comment réconcilier l’altruisme, l’efficacité et le plaisir

L’alchimie dionysiaque : réseaux et coopération – Comment réconcilier l’altruisme, l’efficacité et le plaisir

De longue date nous avons été régulièrement bercés, de façon insidieuse et lancinante, par un refrain amer et austère nous enjoignant à dissocier au cœur de nos activités tout ce qui relevait de l’altruisme, de la générosité et de la compassion, de tout ce qui se rattachait au plaisir que l’on pouvait en retirer en retour. Déconnectés les uns des autres  et privés de la satisfaction du partage au cœur de l’acte de donner, le plaisir né de la réciprocité des échanges s’estompe au profit d’un appauvrissement de la relation à l’autre.


L’altruisme….cet instinct commun aux hommes et aux singes… en tant que parent

Pour nous conforter dans cette vision plus interactive et dionysiaque de l’altruisme, le chercheur et professeur d’immunologie Jean Claude Ameisen nous invite, à la lecture de récents travaux de recherche, à lever le voile sur ce stéréotype et sur cette contre-vérité si communément répandus et aux effets si dévastateurs. S’appuyant sur une observation menée pendant 27 ans dans une réserve de chimpanzés et autres grands singes en Côte d’Ivoire, il nous fait prendre conscience de ce contre-sens et nous amène à percer à jour cet instinct commun aux hommes et aux singes qui les poussent, en tant que parent, à prendre soin de leur enfants et à adopter spontanément les enfants des autres devenus orphelins jusqu’à leur autonomie. De surcroît et contre toute attente, l’émergence de cette marée de joie, de tendresse et d’attention qui les envahissent dès qu’ils s’occupent de nouveaux nés et de petits enfants s’accompagne d’un accroissement de leur attention au détail et de leur efficacité.

Le comportement inné et altruiste des parents envers leur progéniture nous invite à porter un nouveau regard sur cette fragilité rendue possible et favorisée par cette attitude parentale de bienveillance spontanée. Il a permis, de facto, aux individus fragiles que nous sommes de se détacher des exigences implacables des lois de la sélection naturelle pour se tourner vers des activités moins agressives, vitales et urgentes que sont le jeu, l’imagination et l’expérimentation. Affranchies des impératifs liés aux conditions de la survie immédiate, ces activités plus ludiques et créatives sont à l’origine de l’invention du langage qui a permis le formidable déploiement de l’intelligence humaine et la réussite économique et sociale de nos économies dont, vous l’avez bien compris, la gentillesse n’est pas exempte.

Nous tenons là les clefs de deux leviers précieux, validés scientifiquement, qu’il est possible d’expérimenter et d’appliquer dans l’entreprise afin de l’aider à progresser. L’un nous pousse à développer des coopérations internes et externes en nous investissant, avec générosité et sans attente de retour immédiat, au sein de groupes de projets et d’associations et de clubs ; l’autre nous invite à rétablir la motivation des salariés en associant délibérément, au sein de nos entreprises, l’efficacité, l’altruisme et le bien-être au travail.

Développer…notre humanisme, notre gentillesse et notre générosité au cœur de nos activités

La voie qui s’ouvre à nouveau contraste fortement avec la brutalité de la situation économique qui pourrait nous plonger dans un état de sidération et nous amener à nous déconnecter de nos émotions  et de nos sentiments d’altruisme ; au contraire, nous sommes invités à développer, sans attendre, notre humanisme, notre gentillesse et notre générosité au cœur de nos activités sociales et économiques.

C’est en s’engageant, toutes affaires cessantes, dans cette direction que nous pourrons renouer avec la confiance, l’imagination et l’innovation et que nous retrouverons la trace des « Champs-Élysées » qui guideront nos pas vers le succès et qui nous permettront de renouer avec la compétitivité et la croissance de nos entreprises tout en développant le bien-être et la solidarité des salariés.



Une chroniquede Go Between

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