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Cycles Victoire, success story clermontoise : « Notre succès tient au fait que nous faisons de la personnalisation à l’extrême ! »

Cycles Victoire, success story clermontoise : « Notre succès tient au fait que nous faisons de la personnalisation à l’extrême ! »

En plus d’un savoir-faire technologique riche, l’Auvergne offre un formidable terrain de jeu pour la pratique du cyclisme. C’est donc tout naturellement ici que Julien Leyreloup a décidé de créer les Cycles Victoire. Cette jeune entreprise, qui exporte jusqu’en Asie, conçoit et fabrique des pièces de vélo haut-de-gamme. Un modèle tout spécialement créé pour la marque de luxe Berluti vient même de voir le jour.


Julien Leyreloup est un passionné de la petite reine depuis toujours. Pratiquant assidu, il a travaillé dans l’industrie du cycle durant 3 ans avant de se lancer dans la création d’entreprise. Originaire de la région Auvergne, ce trentenaire est diplômé de l’université Blaise Pascal et possède un master de recherche en physique des matériaux. En avril 2010, il décide de se consacrer entièrement à son projet de création et entre dans une résidence d’entrepreneur. Le projet mûrit peu à peu et les Cycles Victoire voient le jour officiellement en janvier 2011. Pourquoi avoir choisi ce créneau ? « Je travaillais déjà dans le monde du vélo et je me suis aperçu qu’il s’agissait d’un marché en pleine forme ! J’ai toujours cru à la place du vélo, notamment en environnement urbain. Ma réflexion a été de me dire que la fabrication en Asie était peut-être pratique mais que ce n’était pas là l’avenir. J’ai souhaité faire revenir la production en France. »

Pour le démarrage, les Cycles Victoire ont bénéficié d’un prêt d’honneur et d’un prêt à taux zéro. L’entreprise est une SARL au capital de 5 300 euros qui emploie aujourd’hui 3 salariés et réalise un chiffre d’affaires en constante progression. Celui-ci est passé de 50 000 euros en 2011 à 200 000 euros en 2013. Une belle progression pour un secteur de niche. Et c’est justement ce positionnement qui fait la force de l’entreprise. Car les Cycles Victoire ont fait du sur-mesure et de la personnalisation à l’extrême leur marque de fabrique. « Nous pouvons distinguer le sur-mesure morphologique du sur-mesure esthétique. Dans certains cas, nous avons besoin de faire un vélo à la taille précise d’une personne. Ceci s’adresse aux sportifs et aux pratiquants assidus. Dans d’autres cas, nous allons davantage prendre en compte l’aspect visuel du cycle avec des peintures ou des soudures particulières. »

L’entreprise, implantée à Clermont-Ferrand, conçoit et produit des pièces de vélo haut-de-gamme de fabrication française. La production est divisée en deux catégories. « Nous avons d’un côté les pièces de série qui sont conçues chez les Cycles Victoire mais qui sont fabriquées dans des entreprises situées dans le Puy-de-Dôme. Cela concerne les pièces en aluminium : pignons, moyeux, etc. D’un autre côté sont fabriqués des cadres, des fourches et des potences en acier ou en inox soudo-brasés. Ces dernières pièces sont uniques et réalisées entièrement en interne au sein des ateliers des Cycles Victoire. Suivant les besoins du client, les Cycles Victoire vont fabriquer juste le cadre, ou le cadre et la fourche ou bien encore un vélo complet. Dans ce dernier cas, l’entreprise fait en sorte d’inclure le maximum de composants fabriqués en interne. »

 La tendance est là. Nous ne manquons pas de clients !

Les Cycles Victoire sont les seuls fabricants dans le Puy-de-Dôme. En France, il existe seulement deux ou trois autres fabricants à même de produire des moyeux, des cadres et des fourches. Le savoir-faire s’est énormément perdu. Dans les années 80, plusieurs millions de vélos étaient produits en France, alors qu’aujourd’hui le chiffre est ridiculement bas. Les Cycles Victoire produisent deux vélos par semaine. En revanche, nous assistons à une relocalisation de la production. Beaucoup de pays d’Europe, et notamment l’Angleterre, sont déjà revenus à une fabrication locale de plus en plus significative. « La tendance est là. Nous ne manquons pas de clients ! », dit Julien Leyreloup.

Comment expliquer un tel engouement pour des vélos fabriqués en France ? « Tout d’abord par le côté éthique, soutient Julien Leyreloup, avec, de la part du consommateur, un réel désir de soutenir l’économie locale. Ensuite, l’entreprise est tournée vers le client et répond à ses besoins de A à Z. Il existe une relation très forte entre le client et le constructeur. » Retournement de situation, les clients viennent même d’Asie pour s’offrir un vélo estampillé « Made in France ». Les Cycles Victoire ont su tirer leur épingle du jeu en misant sur le luxe à la française. Dernière preuve en date : un vélo « Made in Auvergne » créé pour la marque de luxe Berluti. Le célébre bottier parisien du groupe LVMH à choisi le thème du cyclisme pour promouvoir sa dernière collection et a choisi de s’associer aux Cycles Victoire pour créer un modèle de vélo unique, sobrement appelé « Victoire pour Berluti ».

Une belle promotion pour cette jeune entreprise qui ne s’est fait connaître que par le bouche-à-oreille, son site Internet et les réseaux sociaux. « Sans que cela nous coute beaucoup d’argent, nous arrivons très bien à communiquer et à nous faire connaître. » Outre la commercialisation en directe et par Internet, Julien Leyreloup aimerait constituer un réseau de détaillants plus conséquent avec cinq ou six magasins en France et un à deux magasins par pays européen. Prochainement, les Cycles Victoire devraient déménager dans un local plus grand à Clermont-Ferrand, ce qui leur permettra d’agrandir l’atelier et de disposer d’un show-room pour mieux faire connaître aux Auvergnats leur production.



Un article de Thomas Fauveau

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