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Troubles « dys » | Un défi pour les TPE-PME

Troubles « dys » | Un défi pour les TPE-PME
Illustration fournie par CPME AURA

Souvent associés à des difficultés d’apprentissage, ils ne se limitent pas au cadre éducatif et représentent également des défis significatifs pour les petites et moyennes entreprises pour lesquelles la détection, la compréhension et la gestion de ces troubles deviennent d’autant plus cruciales pour leur bon fonctionnement.


Partenaire historique de l’AGEFIPH (association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (organisation patronale) favorise l’emploi handicap en menant des actions d’information, de sensibilisation et de conseil au contact des entreprises, en particulier celles de 20 salariés et plus, soumises à l’obligation d’emploi travailleur handicapé (6% de travailleurs handicapés dans leur effectif).

Alors que les grandes entreprises ont intégré des politiques de diversité et d’inclusion, les TPE-PME méconnaissent souvent les besoins spécifiques des employés touchés par des troubles dys. Leur prévalence est estimée à 8% de la population française, soit environ 5 millions de personnes. Ces chiffres nécessitent une attention accrue, d’autant plus qu’ils sont invisibles, difficilement détectables, ne se guérissent pas et se marient même bien ensemble.

Prudent comme un jeune conducteur
Regroupés sous le terme « dys » (contraction de dysfonctionnement), les troubles neurodéveloppementaux englobent la dyslexie, la dysorthographie, la dysphasie, la dyspraxie, la dyscalculie et le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Les tâches nécessitant une lecture (dyslexie) ou une écriture intensive (dysorthographie) peuvent devenir chronophages et générer du stress. La dyspraxie peut affecter les compétences motrices fines, compliquant certaines tâches manuelles. Les employés atteints de dyscalculie peuvent rencontrer des difficultés avec les aspects numériques de leur travail. Quant au trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), il se manifeste par un faible niveau d’attention et des comportements impulsifs.

L’impact de ces troubles peut être significatif
Patrice Cavagna anime le pôle insertion des adultes de l’association puydômoise « F-acteur Dys ». « Dyslexique et dysorthographique sévère, je suis comme un jeune conducteur avec un A, qui doit redoubler de prudence, compensant à l’aide des professionnels médicaux. » Aujourd’hui, il travaille dans la logistique d’une entreprise de pièces détachées automobiles. Dévalorisé à l’école, il a su reprendre confiance en lui et même exceller dans son emploi. « Mon employeur me considère toujours comme un bon élément. Aujourd’hui, mes compensations me font même aller plus vite que mes collègues ! »

Dire ses difficultés à son employeur
Des ajustements raisonnables tels que des outils technologiques (correcteurs orthographiques, logiciels de reconnaissance vocale, transcription, résolveur mathématique…) peuvent considérablement faciliter la vie professionnelle. De plus, l’établissement d’un dialogue ouvert entre employés et employeurs peut permettre d’identifier des solutions sur mesure. « Au cas par cas. Par exemple, une note de service synthétique, qui va à l’essentiel, écrit en Arial 14. Comprise par tous, elle fera gagner du temps à tous. Pour un dysphasique, il faudra reformuler oralement, s’assurer qu’il a bien compris. Pour un dyspraxique, il faudra simplifier la manipulation. Il est préférable de dire ses difficultés à son futur employeur. Ne pas oser dire conduit à des situations de stress, voire de burn-out et d’incompréhensions du fait d’un travail plus important pour réaliser le même travail que le collègue. »

La formation des dirigeants, des responsables et des équipes RH sur ces troubles peut aider à créer un environnement de travail plus compréhensif et bienveillant. Des ateliers de sensibilisation peuvent encourager une culture d’empathie et de soutien mutuel au sein de l’entreprise. « Sensibiliser et mettre en situation sont importants pour la bonne compréhension du manager et des collègues. On leur fait vivre la complexité des dys : lire un texte comme un dyslexique ou un dysphasique, enfiler des gants de chantier pour boutonner une chemise (dyspraxie). »

En reconnaissant et en valorisant la diversité cognitive, les entreprises peuvent stimuler la créativité et renforcer leur culture d’entreprise. « Persévérants, imaginatifs au-delà des chemins académiques, empathiques, les dys ont plein de qualités appréciées par les PME. »

La NASA recrute même spécifiquement des dyslexiques pour leur mode de pensée systémique.
En adoptant une approche proactive axée sur la sensibilisation, la formation et la mise en place d’ajustements raisonnables, les PME peuvent créer un environnement de travail inclusif où tous les employés ont la possibilité de prospérer, quelles que soient leurs différences cognitives. En somme, un atout puissance « dys ».

Article écrit par Yann KAPPES, Chargé de mission CPME AURA

Ressources :
Contact : association F-acteur DYS : 06 69 02 03 51 – f.acteur.dys@gmail.com –
https://www.facebook.com/F.acteur.DYS
Documentation : Fédération française des DYS : https://www.ffdys.com/documentation
Fiche pratique : https://www.agefiph.fr/sites/default/files/medias/fichiers/2020-06/RRH-



Communiqué de presse

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