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Jean-Marc Grangier : « La Scène nationale est une entreprise… comme les autres »

Jean-Marc Grangier : «  La Scène nationale est une entreprise… comme les autres  »

Une salle de spectacle, est-elle aussi une entreprise ? Son directeur, endosse-t-il le rôle de gestionnaire ? Quel bilan et avenir pour la Comédie de Clermont ? A sa tête depuis 2002 Jean-Marc Grangier en parle sans tabous.


–    Le directeur d’une Scène nationale est-il un chef d’entreprise… pas comme les autres  ?
–    Oui, il est un chef d’entreprise… comme les autres (rires).  Les gens ont du mal à voir un établissement culturel comme une entreprise. Alors qu’il a les même enjeux et contraintes. Qu’est ce qui définit une société  ? L’existence d’un projet, de moyens financiers et humains et d’un objectif. Notre projet, celui que j’incarne depuis mon arrivée en 2002, était de créer et de développer la Scène nationale. Nous en avons mis les moyens et nous poursuivons nos objectifs. J’ai mis des années avant de me dire que je pouvais faire tout, car je voulais tout faire bien (rire). Aujourd’hui j’ai la conscience que mon travail consiste non seulement à faire de la programmation artistique, mais aussi à diriger une équipe, à chercher et garantir des financements, à structurer et développer un projet, à faire face à la concurrence des autres Scènes nationales, à communiquer.

–    Comment votre projet a-t-il évolué durant ces années  ?
–    Nous avons fait le choix de soutenir la création contemporaine, de produire et coproduire des œuvres et de les diffuser. Tout en mettant en place des actions pour permettre au plus grand nombre de gens de découvrir cette programmation.  Il existe en France 70 Scènes nationales, mais dans le Massif central, il n’y en a que deux  : celle d’Aubusson et la nôtre.  Notre mission a été de faciliter l’accès à la culture à travers les spectacles, mais aussi des conférences, des débats, des projections de films. Nous nous sommes appuyés sur le travail militant effectué depuis des années par les associations clermontoises pour favoriser une offre de spectacles de qualité. Ce travail a été poursuivi par la Scène nationale et l’intérêt du public était au rendez-vous. Chaque année au mois de juillet, lors des soirées de présentation de la prochaine saison, organisée gratuitement et  à l’attention de tous, la salle de la Maison de la Culture était comble.

–    La Scène nationale joue-t-elle un rôle dans l’attractivité de Clermont  ?
–    Complètement. Un lieu de spectacle labélisé, avec une grande exigence dans sa programmation est un argument pour attirer des cadres et des nouveaux actifs, à encourager les gens à s’installer dans l’agglomération. Ce n’est pas un hasard que Michelin est notre plus grand mécène.  Notre présence est un argument pour les entreprises à embaucher. Nous avons, par ailleurs, un poids quantifiable dans la vie économique de l’agglomération. En 2012 nous avons réalisé 360  000 euros d’achats auprès des fournisseurs locaux. Et 55,11% du budget de la Comédie (soit 1,3 million d’euros) représentent des retombées  directes sur des emplois dans la région.

–    Difficilement quantifiables, les bénéfices en termes d’image pour l’agglomération sont donc réels …
–    Oui, l’image est très importante. Avant les artistes ne savaient pas ce qui se passait à Clermont. Aujourd’hui la capitale auvergnate est reconnue comme l’un des lieux les plus vivants en France en termes  de spectacle. Cette image s’appuie sur trois piliers. Le Festival de Court métrage, le deuxième en France après Cannes de part de  sa fréquentation et toujours en développement.  La Coopérative de Mai, un lieu incontournable dans le domaine des musiques actuelles. Et la Scène nationale, reconnue pour la qualité de sa programmation de théâtre, danse et musique.

–    Vos projets  ?
–    L’ouverture d’un lieu dédié à la Scène nationale. Le compte à rebours   a commencé, nous sommes entrés dans un nouveau dynamisme. Il s’agit d’un beau projet qui sera finalisé d’ici 3 – 4 ans.  L’ensemble sera composé d’une grande salle de 900 places, d’une deuxième salle de 300 places, d’une salle de répétition, d’une salle destinée à l’accueil, à des conférences et  des rencontres, d’un bar/restaurant. Nous souhaitons que ce lieu soit accueillant, vivant, accessible.  Que les gens viennent ici autant pour voir un spectacle que pour une manifestation ou pour un simple rendez-vous.  C’est un projet architectural énorme qui sera entièrement mis au service des habitants de la ville, au public dans toute sa diversité, à la création des échanges et des liens sociaux.

Propos recueillis par Théodora Yonkova
Les chiffres  :La Scène nationale de Clermont-Ferrand est une association reconnue d’intérêt général et avec une mission de service public.  Voici les chiffres clé de son fonctionnement  :
– Financement  : 75% subventions des collectivités territoriales, 25 % recettes propres
– Personnel  : 8 salariés en 2002, 18 salariés en CDI en 2013, 4  099 heures en CDD, 7  263 heures techniciens intermittents
– Budget  : 2002  – 1  ,8 million d’euros, 2014 (prévisionnel) – 3,2 million d’euros, soit une croissance de + 73,38%
–  Abonnés  : saison 2002/2003 – 3  269, saison 2012/2013 – 4  213
–  Spectateurs  : saison 2002/2003 – 31  739, saison 2012/2013 – 47  886


Publi-rédactionnel

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