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Chevaux et managers : une alchimie gagnante

Chevaux et managers : une alchimie gagnante

Je vous invite à vous détourner un instant de la sphère des éditions consacrées aux ouvrages de management pour vous diriger vers un tout autre territoire tout aussi riche et formateur, un espace hybride que l’on pourrait qualifier à la fois de laboratoire expérimental et de bibliothèque vivante : le manège.


Relevons au passage comme nous y invite Guillaume Antoine le père fondateur du « Horse-Coaching », école de formation basée sur l’interaction entre des chevaux et des hommes, que Manager signifie étymologiquement à la fois « emmener par la main » et « emmener son cheval au manège » ce qui lui donne un tout autre relief. Nous comprenons alors, comme par enchantement, que le cheval ait été présent depuis la nuit des temps dans tous les processus de formation des grands de ce monde quelles que soient leur culture et leur civilisation. Reste à comprendre pourquoi cet animal ancestral vieux de plus de 50 millions d’années, à la fois pacifique et craintif se révèle être pour nous un formateur aussi talentueux et efficace. Si l’on se réfère à la pensée du stratège chinois Sun Tzu auteur de l’Art de la guerre, pour qui « gagner la guerre c’est tout faire pour l’éviter » on comprend mieux la stratégie relationnelle et d’autorité développée et transmise par les chevaux afin de réussir à survivre dans un milieu hostile depuis si longtemps. En effet, contrairement aux espèces de prédateurs comme celle des loups dont le leader dominant impose à sa meute une autorité dictatoriale basée sur la crainte et la contrainte dont les résultats sont indéniables mais peu durables, la jument, qui détient l’autorité dans sa communauté de 5 à 6 chevaux, est désignée pour son expérience et ses talents. De par son mode de désignation, elle exerce spontanément son autorité de manière très respectueuse de la personnalité de chacun en  alliant à la fois, intelligence émotionnelle, écoute et patience exceptionnelles. Son mode d’exercice de l’autorité la conduit, naturellement, à créer de la confiance et à permettre à chacun des membres de disposer d’une réelle autonomie au sein du groupe. Elle est donc davantage dans le rôle de chef de projet que dans celui de chef autoritaire et dictatorial.

Retournons au cœur de notre manège pour observer comment se passe cette confrontation du manager et du cheval. Passés les premiers moments de crispations, de peur et de défiance entre l’homme et l’animal qui s’observent très attentivement et patiemment, hors de toute contrainte de temps et de langage verbal, la confiance s’installe progressivement et l’animal se détend. Il se met en mouvement, accepte la distance que lui impose le manager, se plie à ses directives concernant la direction à suivre, change d’allure selon ses injonctions et puis soudain ; stupéfaction ! Le cheval s’immobilise face au maître qu’il s’est choisi et dont il accepte maintenant l’autorité dans une attitude de totale soumission. La confiance vient de s’établir de façon magistrale et définitive mettant le manager dans une position qui exige de lui, dés à présent, une responsabilité illimitée vis-à-vis du cheval, conformément au message d’Antoine de Saint-Exupéry qui nous exhorte dans son merveilleux ouvrage « Le Petit Prince » à « être responsable de ceux que l’on a apprivoisés ».

Comment un tel miracle a t-il pu se produire au grand dam de toutes les théories que l’on a pu apprendre et expérimenter sur le management. C’est du coté de ce qui est commun au cheval et au manager qu’il nous faut chercher. Le cheval a appris au travers du temps à développer des stratégies de survie extrêmement efficaces. Il ne peut compter ni sur son discours, ni sur sa carapace et ses griffes pour s’en sortir. Il doit donc s’en remettre à son intelligence non verbale, à sa sensibilité et à son instinct pour détecter et éviter en permanence, dans l’instant présent, toutes menaces et agressions imprévisibles et dévastatrices. Le manager, pour sa part, est à la fois un prédateur du fait de son intelligence corticale unique et une proie démunie et fragile de par sa constitution physique. Il lui reste à choisir, dans l’exercice de son autorité, entre la stratégie prédatrice et dominatrice du loup et celle caractéristique de la gouvernance ancestrale adoptée par le cheval qui est souple, collaborative, patiente, déterminée et respectueuse de la personnalité de chacun.

Gageons qu’il saura choisir la voie de la sagesse et exercer son autorité avec discernement en mobilisant son intelligence émotionnelle, sa patience et son respect de l’autre pour créer davantage de confiance, d’autonomie et de bien-être au travail et favoriser ainsi durablement les conditions de l’innovation et de la création de richesses individuelles et collectives.

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