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Marie-Christine Dubroca-Cortesi, directeur régional Pôle emploi Auvergne : « Un demandeur d’emploi n’est pas, par nature, un fraudeur »

Marie-Christine Dubroca-Cortesi, directeur régional Pôle emploi Auvergne : « Un demandeur d’emploi n’est pas, par nature, un fraudeur »
Marie-Christine Dubroca-Cortesi, directeur régional Pôle emploi Auvergne

Nouvellement nommée au poste de directeur régional Pôle emploi Auvergne, Marie-Christine Dubroca-Cortesi gère le pilotage d’un réseau de 20 agences avec 1 000 salariés. Elle livre au Journal de l’éco les projets de Pôle emploi mais aussi sa (positive !) vision de l’avenir.


Originaire des Pyrénées-Atlantiques et diplômée universitaire en 3e cycle sciences de l’éducation et neuropsychologie, Marie-Christine Dubroca-Cortesi a commencé sa carrière dans l’enseignement et la recherche avant de devenir psychologue dans un service hospitalier. En 1984, elle décide de rejoindre les équipes de l’ANPE en tant que conseiller d’orientation professionnelle en Aquitaine. S’ensuit une grande carrière au sein de Pôle Emploi : elle occupe ensuite successivement des postes d’animateur d’équipe professionnelle, de directeur adjoint, de directeur d’agence et de directeur départemental dans les Alpes de Haute-Provence. A partir de 2008, elle pilote le projet de fusion ANPE / Pôle emploi en Corse en tant que directeur régional. Elle accède ensuite au poste de directeur régional en mission au Cabinet du directeur général et travaille sur l’analyse comparative de l’offre de services demandeurs d’emploi et entreprises dans trois pays européens (Grande-Bretagne, Espagne et Pays-Bas). De retour en Rhône-Alpes en 2011, elle poursuit son évolution professionnelle en devenant directeur régional adjoint avec le pilotage de sept directions territoriales représentant 4 700 salariés. Depuis le 1er septembre 2014, Marie-Christine Dubroca-Cortesi, 57 ans, succède à Frédéric Danel au poste de Directeur régional de Pôle emploi Auvergne.

Journal de l’éco : En 1984, vous avez décidé de donner un tournant à votre carrière… Pourquoi avoir choisi d’intégrer l’ANPE ?

Marie-Christine Dubroca-Cortesi : « Le métier de conseiller d’orientation professionnelle était au carrefour de mes centres d’intérêts qui étaient d’abord la relation humaine ainsi que les études réalisées en sciences de l’éducation et neuropsychologie, notamment les mécanismes cognitifs et d’apprentissage. Ce poste était aussi à l’intersection de l’accompagnement des personnes et du monde économique. »

JDE : En tant que directeur régional Pôle emploi Auvergne, quelle est votre vision, vos objectifs ?

MC DC : « Mon objectif premier consiste à maintenir la qualité des services, de poursuivre le déploiement des politiques gouvernementales et des plans stratégiques internes à Pôle emploi. Notre vocation est d’en faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les travailleurs discriminés pour leur âge, leur niveau de formation ou leurs diplômes mais encore les personnes disposant d’atouts manifestes mais qui n’ont pas su ou pu les valoriser.»

Notre objectif est d’éviter que les demandeurs d’emploi se perdent dans le chômage

JDE : Le Gouvernement a annoncé qu’il souhaitait renforcer le contrôle des chômeurs pour limiter les fraudes… Qu’en pensez-vous ?

MC DC : « C’est un très vieux débat. Il faut peut-être revenir à l’origine du contrôle… Il est écrit dans la loi et le Code du travail que les demandeurs d’emploi doivent accomplir des actes positifs de recherche d’emploi. Pour nous, les contrôles font partie intégrante de Pôle emploi et se font au quotidien dans le respect des règles. Nous contrôlons l’efficacité d’une recherche d’emploi c’est-à-dire, qu’à travers un entretien, nous allons vérifier les méthodes de recherche d’emploi utilisées par le demandeur d’emploi ainsi que leur efficience. Nous allons apporter notre regard d’expert. Si ses méthodes de recherche d’emploi ne fonctionnent pas à l’évidence, nous allons lui donner une autre façon de fonctionner. Pour moi, un demandeur d’emploi n’est pas, par nature, un fraudeur. Ce sont plus des personnes qui, parfois, face à certaines difficultés à vivre, peuvent être amenées à faire des mauvais choix. Notre travail est d’abord de les accompagner dans cette compréhension du mauvais choix et de leur donner d’autres moyens de rebondir. C’est dans cet esprit-là que l’ensemble des collaborateurs de Pôle emploi travaillent. »

JDE : Quelle est la situation du chômage en Auvergne ?

MC DC : « L’Auvergne est en meilleure position que la plupart des régions françaises avec un taux de chômage à 8,6 %, soit 1,1 point de moins qu’au niveau national. C’est une région dynamique, qui parvient à assurer un accompagnement régulier aux demandeurs d’emploi par des contacts présentiels physiques, téléphoniques ou par mail. Cependant, certains indicateurs faiblissent et nous devons rester vigilants : les demandeurs d’emploi peuvent rester au chômage plus longtemps. L’aéronautique recrute alors que le secteur du bâtiment fléchit un peu. Les travaux saisonniers ainsi que les secteurs traditionnels comme l’hôtellerie-restauration recrutent également. Pour le secteur des services, nous éprouvons encore quelques difficultés pour trouver des personnes qui acceptent de travailler dans ces métiers, souvent par méconnaissance du secteur. Nous travaillons beaucoup sur la transparence du marché notamment la mise à disposition de données fiables auprès des demandeurs d’emplois, les opportunités d’emploi. »

JDE : Les jeunes diplômés et les séniors éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver un travail, avez-vous mis en place un dispositif particulier pour les accompagner ?

MC DC : « Au plan national, nous allons démarrer « l’accompagnement intensif pour les jeunes » à partir du mois d’octobre-novembre 2014. Ils vont pouvoir bénéficier de conseillers qui leur seront dédiés à 100 %. Ils pourront également disposer de méthodes d’accompagnement adaptées à la population jeune avec des éléments de meilleure connaissance du marché, des éléments de formation ou de développement de compétences, des techniques de recherche d’emploi ainsi qu’un accompagnement vers les entreprises pour leur permettre de trouver un emploi. En plus de la valorisation des stages, nous pouvons programmer des essais en milieu du travail pour permettre à un employeur de reconnaître les savoir-être et compétences d’un candidat. Au travers d’un plan de formation ambitieux, nous permettons à des demandeurs d’emploi de réussir leur insertion en les adaptant aux besoins des entreprises.»

JDE : Dans un contexte où le chômage progresse, restez-vous optimiste pour l’avenir ?

MC DC : « Je suis confiante pour l’avenir. Une mobilisation collective va permettre au plus grand nombre de retrouver le chemin de l’emploi. Je pense que notre responsabilité est aussi de renvoyer des messages qui sont des réalités positives. Tous les jours, des personnes retrouvent le chemin du travail (plus de 98 000 sorties de demandeurs d’emploi pour 2013 en Auvergne). Donc, la machine n’est pas grippée !»

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Publi-rédactionnel

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