Énergie & Environnement

Olivier Bouttes, fondateur de Chadasaygas : « Fédérer les énergies d’un territoire »

Olivier Bouttes, fondateur de Chadasaygas : « Fédérer les énergies d’un territoire »

Lors des Trophées de l’éco 2016, Olivier Bouttes a remporté le trophée Entreprise & Innovation. Et pour cause. Le groupe Chadasaygas, qu’il a fondé en 2011, met en place des systèmes énergétiques innovants, centrés sur les territoires et leurs matières premières. En 2020, l’entrepreneur ambitionne de développer une dizaine de projets de méthanisation par an, via sa filiale Méthajoule.


Développer des systèmes énergétiques territoriaux

Olivier Bouttes a goûté à l’entrepreneuriat dans les années 2000. « J’étais responsable de l’agence Capgemini à Clermont-Ferrand, avec un projet à mener. Même en tant que salarié, j’avais des responsabilités et me sentais déjà entrepreneur dans l’âme, au sein de cette agence de 300 collaborateurs. J’ai ensuite intégré le laboratoire Cyclopharma, en tant que responsable des opérations. » Puis en 2009, l’accident. Après une chute violente qui aurait pu lui coûter la vie, Olivier Bouttes reste immobilisé pendant 6 mois, avant d’être opéré une nouvelle fois à la jambe. « Cet accident m’a fait réfléchir, confie-t-il. Je me suis demandé ce qui était vraiment important pour les générations futures et trois secteurs se sont naturellement détachés : la nutrition, l’eau et l’énergie. » Le projet de Chadasaygas commence donc à mûrir dans son esprit, jusqu’à sa concrétisation en 2011. Il choisit l’énergie.

« Chadasaygas » signifie « Chaudes-Aigues ». Au départ, Olivier Bouttes ambitionne de monter un projet de géothermie grâce à la source naturelle d’eau chaude de la commune. L’objectif : développer des systèmes énergétiques territoriaux à partir de la matière première existante sur ces territoires. Il se heurte pourtant à la difficulté de la géothermie : « C’est un secteur compliqué, risqué et aux coûts importants. » Mais l’équipe de Chadasaygas n’abandonne pas pour autant et réoriente le projet de Chaudes-Aigues pour « élaborer une micro-centrale, via des températures beaucoup plus raisonnables. » Ses projets géothermiques sont toujours en phase d’étude.

Un premier méthaniseur à Saint-Bonnet-de-Salers

C’est en 2013 que Méthajoule, filiale de Chadasaygas, est née avec un premier projet : Salers Biogaz. « Lors d’un déjeuner avec Bruno Faure, président de la communauté de communes de Salers, nous avons beaucoup échangé. Il souhaitait développer les énergies renouvelables sur le territoire. Nous avons donc eu l’idée de valoriser les effluents d’élevage pour produire de l’énergie. » Méthajoule est un bureau d’étude qui développe des projets. Il agit également comme « un constructeur, un exploitant et un mainteneur. » Son équipe est composée de spécialistes de la méthanisation, qui ont déjà travaillé sur des projets en Allemagne. « C’est un pays très en avance dans le secteur. On compte 8 000 méthaniseurs en Allemagne, contre 400 en France. »

Le site de méthanisation de Saint-Bonnet-de-Salers représente pas moins de 3,5 millions d’euros d’investissement et trois années de travail. Ce premier méthaniseur sera mis en route dès le mois de mars 2017. « Il s’agit en fait d’une combinaison entre l’électricité et l’énergie thermique. Nous valorisons les effluents d’élevage, qui vont repartir à la terre. Sur le plan environnemental, c’est un véritable atout. » Toujours dans l’optique d’un projet territorial, l’énergie produite par la méthanisation permettra d’alimenter l’ensemble du système froid pour la coopérative laitière de Saint-Bonnet. « Notre credo :  fédérer les énergies sur un territoire. »

Dix constructions par an d’ici 2020

Un second projet est en cours pour la zone d’activité des Quatre Routes de Salers. « L’énergie thermique sera valorisée avec les entreprises qui viendront s’installer localement. Nous entamons une grosse levée de fonds pour ce nouveau méthaniseur. » Chadasaygas poursuit son développement, avec de nouveaux projets en cours sur le territoire national et la signature d’un contrat avec l’entreprise cantalienne Matière, via sa filiale Méthajoule. « Cette entreprise est très présente à l’export, ce qui nous permet d’avoir un pied à l’international. Nous créons ainsi une filière industrielle régionale, capable de s’exporter sur le plan national, voire au-delà. »

Outre le Cantal, une quinzaine de projets de méthanisation sont en cours, « avec des degrés de maturité différents. Il y a un vrai potentiel de développement. » Olivier Bouttes souhaite construire un minimum de deux sites supplémentaires en 2017, quatre en 2018, pour finalement atteindre 10 constructions par an d’ici l’horizon 2020. « Nous avons la chance d’être soutenus par le territoire de Salers et par certaines banques qui nous font confiance. » En l’espace de cinq ans, Chadasaygas a réussi à lever 2 millions d’euros pour le développement de ses projets.

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Un article de Marie Besse

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