Formation, éducation

Pour le journal de l’éco, Jérôme Bruet directeur général d’E-doceo, décrypte et analyse le marché du digital learning dont il est le leader français

Pour le journal de l’éco, Jérôme Bruet directeur général d’E-doceo, décrypte et analyse le marché du digital learning dont il est le leader français

Il y a encore 13 ans, Jérôme Bruet directeur général et fondateur d’E-doceo, évoluait dans le monde de la pédagogie. Aujourd’hui l’entreprise, un des acteurs mondiaux de la formation digitale à distance avec 6 millions d’utilisateurs de ses solutions dans 15 pays, ambitionne de devenir le premier fournisseur d’e-learning du continent asiatique d’ici 10 ans.


La philosophie d’E-doceo est « Réussir, c’est se poser les bonnes questions ». C’est sur cette base que vous avez créé votre entreprise en 2002 ?
La première chose est de se poser des questions. C’est seulement après qu’on sait si elles sont les bonnes ! C’est en effet la génétique de notre société de se poser des questions sur ce que sera la formation de demain.

 

Les besoins en formation ont-ils évolué ?
Les besoins des entreprises ont changé, mais les mécanismes de formation, non. Aujourd’hui, une formation n’est plus une consommation uniquement centrée sur le collaborateur et ses compétences. Elle tend à devenir une formation qui arrive comme un soutien à l’activité qui, quant à elle, exige de plus en plus de réactivité et un positionnement fort par rapport à la concurrence. La formation a muté vers un mode de plus en plus prégnant d’accompagnement du changement de l’entreprise.

 

Votre parcours est impressionnant. Vous imaginiez, il y a 13 ans, toucher un jour 6 millions d’utilisateurs ?
Je suis un autodidacte venu de la pédagogie, j’ai construit cette entreprise avec ma femme. On a découvert les problèmes, on s’est posé les questions, on a trouvé des solutions. Finalement, regarder derrière soi donnerait le vertige et freinerait notre capacité à avancer. Je n’imaginais pas 6 millions d’utilisateurs, non. Mais je garde une vision très pragmatique des choses, je regarde devant. On écoute le besoin afin de trouver les services adaptés pour y répondre, on recrute les compétences pour constituer les équipes… Ce sont les petits pas qui, mis bout à bout, donnent quelque chose.

 

Existe – il une French-touch dans le numérique ?
Dans le numérique, elle est en train de naître. Pour être honnête, le pays de l’innovation reste les États-Unis. Sur le e-learning, en revanche, nous avons en France de très bons acteurs, que l’on doit à la bonne maitrise technologique et à un savoir-faire pédagogique « à la française ». E-doceo en fait partie.

 

Quel est l’état du marché du e-learning, restent-ils des secteurs d’activité à convaincre ?
Le marché n’est pas mature, y compris le marché américain que l’on étudie beaucoup en ce moment. C’est un marché qui a les mêmes caractéristiques que le marché français, c’est-à-dire saturé sur les grandes sociétés, non visible dans les TPE et peu présent dans le middle-market où le « présentiel » reste un moteur très fort de formation. Le curseur n’est donc pas positionné sur le point d’équilibre entre le « présentiel » et le e-learning.
Le marché encore très naissant dans sa couverture. Lorsqu’on intègre le e-learning, des gens sont encore réfractaires le classant en cost killing (côut réduit ndlr), mais on les rassure assez vite. Notre vision est d’en faire un atout pédagogique supplémentaire.

 

Avez-vous une offre de formation accessible à tous les profils ?
Aujourd’hui on forme tout type de public, autant un cadre de l’industrie qu’un employé d’aide à domicile, il n’y a aucun frein. La capacité à former n’est pas dépendante du public, c’est la stratégie qui va être différente. Le personnel qui n’est par forcément qualifié ou qui ne maitrise pas l’informatique à qui nous allons fournir une tablette, va se sentir valorisé dans la confiance qu’on lui offre en le formant avec de nouvelles technologies.

 

Après Singapour vous poursuivez votre implantation en Asie avec Hong Kong, une entreprise du numérique qui compte doit être présente sur ce continent ?
L’Asie est un paradoxe, car il est à la fois un continent extrêmement en avance sur le plan de l’innovation dans la technologie du hardware et en même temps les bandes passantes et les réseaux internet ne sont pas très bons. La consommation de e-learning est donc plutôt faible. Nous nous positionnons dans un secteur où le marché est en train de se créer et qui n’est pas mature.

 

Vous avez créé une application accessible gratuitement aux particuliers, SkillCatch. De quoi s’agit-il ?
SkillCatch est né d’un des usages du social learning. Plutôt que la formation ne vienne uniquement de « sachants », formateurs et experts, on s’est dit que l’on pourrait donner l’opportunité aux gens qui ont des ressources dans l’entreprise, de pouvoir les mettre à la disposition de leurs collaborateurs. C’était l’idée de départ. Puis, on s’est dit que cet outil est tellement bien que pourquoi ne pas aussi en faire profiter aussi le coach sportif qui veut montrer un geste technique à ses stagiaires, par exemple. On a créé une partie gratuite totalement ouverte, tournée cette fois-ci vers le grand public, sur laquelle on commence à avoir des retours très intéressants.



Un article de Sarah Patier Kangni

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