Dossier

Bureaux à partager

Bureaux à partager

Le bureau n’est plus le lieu de l’exercice du job. Désormais, les portes capitonnées et les tables de travail en acajou ont laissé la place aux espaces communs, aux bureaux sans effet personnel, loués à l’heure ou à la semaine. Les grandes surfaces aménagées sont mutualisées par plusieurs entrepreneurs ou utilisateurs d’une même entreprise. Les bureaux traditionnels s’invitent dans les véhicules des salariés, tout autant que dans les trains ou les avions. Par le digital, donc le tout connecté, notre bureau tient dans notre smartphone. Dans la salle d’attente d’un aéroport ou la chambre d’hôtel d’un séjour professionnel, notre bureau nous suit. Que ce soient les open space ou les espaces de coworking, ces nouvelles organisations fonctionnelles de l’espace de travail ont totalement révolutionné le rapport à la relation d’équipe et à notre propre capacité de concentration.


La digitalisation tous azimuts

Smartphones, smart home, voitures intelligentes… En quelques années, le “connecté” a investi chaque pan de notre vie. Mesure de la qualité du sommeil, suivi des performances sportives, analyse de la qualité de l’air de la maison et même vêtements connectés, rien n’échappe à la digitalisation des usages. Même nos espaces de travail se modélisent totalement selon le digital.

Avec une moyenne de 38 heures passées au bureau chaque semaine en France, l’impact du lieu de travail dans le quotidien n’est plus à démontrer. Pourtant, il semblerait que certains espaces soient encore ancrés dans une réalité datée, celle de la sédentarité, de l’individualité et du contrôle. Nombreux sont les salariés évoluant dans des open spaces purs produits du milieu des années 90.

L’open space pour s’ouvrir aux autres

Les bureaux ouverts ou open space, sans cloisons, ont pour origine le concept des « bureaux paysagers » mis au point par deux consultants allemands, les frères Eberhard et Wolfgang Schnelle, dans les années 1950.

Quand on évoque les modèles d’organisation de l’espace au bureau, l’open space fait souvent l’objet de toutes les attentions. Et dès que l’on aborde la question des conditions de travail, l’open space se retrouve sur la sellette, au point qu’on l’a même accusé d’être mortifère.

L’une des raisons probables de cette focalisation est que l’irruption de l’ouvert dans un univers, jusque-là dominé par la logique du cloisonnement, a constitué la grande évolution (pour ne pas dire révolution) de ces dernières années.

D’autre part, l’open space s’inscrit bien dans l’approche contemporaine, à la fois plus globale et plus fine, de la problématique de l’aménagement des locaux professionnels. Au point de devenir l’une des composantes et non des moindres, de la volonté commune d’aujourd’hui, qui entend remettre l’espace et le temps de travail individuel et collectif en perspective, bien au-delà du seul « bureau ».

Selon une enquête du groupe Actinéo, la Grande-Bretagne est un des pays européens ayant le plus recours à la pratique de l’open space : 73 % des salariés travaillent dans un bureau collectif et 19 % seulement dans un bureau individuel, 67 % des salariés français travaillant en open space se déclarent satisfaits de leur espace de travail, contre 88 % des personnes travaillant dans un bureau individuel. Le résultat semble logique puisque le bureau est non seulement un lieu de travail mais aussi un lieu de vie, une sorte de théâtre d’interactions complexes et mouvantes entre des formes d’organisation du travail et des modes de vie. Le bureau demeure un centre majeur de socialisation où l’on « vit ensemble », où se déclinent et se conjuguent plus ou moins harmonieusement le « moi » et le « nous », sans oublier le rapport aux autres.

Le coworking pour se confronter aux autres

Le cotravail qui se nomme plus fréquemment « coworking », ou parfois « bureaux partagés » est un type d’organisation du travail  qui a le vent en poupe. Que ce soient des entreprises organisées ou des personnes privées sous le statut d’auto entrepreneur, le concept de coworking plaît.

Il regroupe deux notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs encourageant l’échange et l’ouverture. Il est un des domaines de l’économie collaborative souvent présenté comme un contexte favorisant l’innovation.

Cette nouvelle manière de travailler offre des avantages et des inconvénients. Parmi les avantages, il y a indéniablement celui du coût de l’espace de travail ou local, qui est sérieusement réduit. Pour la personne qui se lance dans une activité professionnelle appartenant au domaine tertiaire, ou une start-up qui débute, ne pas avoir de charges trop lourdes sur le poste du local est une chance. Les bureaux sont loués à l’heure, à la demi-journée, ou pour une durée très courte et à des tarifs défiants toute concurrence.

A cela s’ajoute les bienfaits d’une mise en relation. Les entrepreneurs le savent, dans le démarrage d’une activité professionnelle, il est important de se poser mais aussi de pouvoir rompre l’isolement. Les espaces de coworking offrent cette situation. Autour de la machine à café ou dans les salles d’attente communes ou les couloirs menant aux différents bureaux en location, les rencontres peuvent s’opérer tout autant que les affaires.

Mais le revers de la médaille du coworking est bien là. Les mêmes qui utilisent ces espaces, se retrouvent souvent concurrents dans leurs domaines d’activité. Il peut même s’avérer que certains clients, venus rencontrer tel entrepreneur, se voient appâtés par un autre utilisateur de l’espace, uniquement en le croisant dans les espaces communs.

Certains utilisateurs disent se plaindre du temps perdu à discuter avec chacun au lieu de se concentrer sur sa propre activité. Le coworking nécessiterait donc une grande maitrise de soi et de son business. A cause de lui, ou grâce à lui, nous sommes dans l’obligation d’être efficaces, rapidement, dans toutes les situations.

Mais la concurrence a aussi ses bons côtés ! Ceux de s’associer pour innover, ceux de trouver ensemble une solution à des problèmes communs, ceux de développer à plusieurs un projet.

A Clermont-Ferrand, il existe de tels lieux. On peut citer Epicentre, près de la place de Jaude, ou le Bivouac qui s’est installé dans les locaux du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes afin d’offrir à ses utilisateurs un espace particulièrement convivial et élégant, ce qui ne gâche rien aux conditions de travail.

Par Marc-Alexis Roquejoffre



Un article de Marc-Alexis Roquejoffre

Si vous avez aimé cet article,
partagez le !